Les Hommes de là-bas1 ont d’abord perdu la foi. Une simple inattention. Ils ne savaient déjà plus en quoi ils ne croyaient plus, mais ils n’y croyaient plus, voilà tout. La charité fut la deuxième qu’ils perdirent sans même s’en rendre compte. Il leur avait suffi de ne plus rien donner. Ça leur était facile: ils disaient ne rien avoir… de trop. Ils abandonnèrent soudain toute espérance, à l’instant où ils surent qu’il était désormais trop tard : ils marchaient au pas cadencé des milices tortueuses qui avaient pris possession de leur âme perdue. Il faisait blond; elles avaient encore une fois les yeux bleus mais elles ne sentaient plus le sable chaud.

Notule : la foi, la charité et l’espérance sont, pour les catholiques, les trois vertus théologales, bien commodes pour maintenir dans la sujétion et l’ignorance. Pourtant, leur abandon ne débouche  pas sur plus de tolérance, d’empathie, de solidarité…
Allez savoir pourquoi, ce vers du Grand Jacques me revient à l’oreille :

« Nazis durant les guerres et catholiques entre elles »2.


1 Pour d'éventuels lecteurs-trices non résidents en Belgique, je suis wallon et ce « là-bas » désigne la Flandre, après le « non » d'un politicien flamand et le "jamais sans lui" d'un autre à la xième proposition de programme de formation du gouvernement fédéral belge. Texte écrit samedi 9 juillet 2011.
2 Jacques Brel, Oeuvre intégrale, R Laffont, 1982, p342 in Les F… , 1977


Invitation à lire : sur un thème voisin, non politique, Karel Logist a mis en ligne sur le site bon à tirer une nouvelle fort efficace portant le titre Les lacets blancs. Elle montre bien, entre autres, comment une certaine dérive totalitaire peut prendre forme dans un esprit sans guide. L'auteur le fait de l'intérieur, avec une sensibilité extrême. Je ne connaissais pas ce texte:
merci à Monique Tomson de m'avoir mis sur la voie des bons à tirer...