Le titre de ces bribes mensuelles (mars 2021) a pour origine le titre d'un documentaire réalisé par Alain de Halleux pour la RTBf & ARTE: Le grain de sable dans la machine.
LE virus s'adresse à nous...
Ce grain de sable dans la machine est marquant.
La bande de lancement se visionne sur Vimeo en cliquant sur le titre & sur l'image.

Pas à pas, dévider la bobine marsienne.
Grain par grain, égrener les grippages.


1 3 21

Être à l'accueil du premier rayon solaire quand il se pose sur le jardin.
Cela semble important pour le corps.
Cela participerait même bien de/à son bien-être matinal.
Y être semblait aller de soi pour lui.
Voilà ce que délivre une attention portée aux gestes naturels posés par le corps.
Cette spontanéité-là enchante l'instant.


2 3 21

Douceur soudaine de l'air.
Un vent nettement plus clément
rend la ville amène.


3 3 21

S'évite désormais un trop-plein de pourquois.
Se pencher sur le comment, narquois.
Comment mieux faire coïncider les cohérences.
S'y tenir. S'y tenir.
Enlacé à l'inlassable, toiser l'indicible.
Chaque jour, préférer la solution la moins pire.
Maximiser l'extrême possible.
Se laisser imprégner par les bifurcations.
Apprendre chaque jour à rentrer dans ses traces.
Se prendre en mains. Petitement, en assumant
les erreurs passées, collectives. Collectivement si possible.
Braver l'indicible de nos errements indécidables.
Sans relâche, en essayant de ne plus commettre
d'autres lâchetés. C'est du respect tout ça.
Ça n'a rien de suspect, le respect. C'est juste respectueux.
Admiratif aussi face à la vie: elle est la plus forte.
Il s'agit d'optimiser l'état de cohérence atteint.
Ne pas se laisser éteindre. Surtout pas.
Tout un art, ça: la subtilité
des interrupteurs
interrompus.
Rompus.
Pus.


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Ensemencer la vie qui coule en soi
de tremblés imperceptibles
que le reveil parsème,

Au modelage lumineux,
chaque instant y procède
au gré de leurs glissements.

Ils se recomposent une transparence.
Une fenêtre dénuagée
colore, structure un ciel d'est.

Il en profite pour laisser l'aube accourir,
presqu'artiste de l'instantané.


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Matin circulant, portes-tambour activées
d'huile in-corps-peau-rez...
lumière traversante

d'est en ouest à l'étage,
l'autre traversière en bas.
Tout frôle.

« Spinoza n'est pas un héritier. Il n'hérite de personne. Il conçoit puis construit bloc par bloc, proposition par proposition, un monument dans les fondations reposent sur des « sructures démonstratives ». Ce dont il hérite, il le retravaille, le remanie, le réécrit. D'après Asterion, n° 23, Introduction, P.-F. Moreau.

Épouser sa joie visuelle
sans les désagréments
d'un vent en biseau.

Lumière solaire directe
que notre rotation axiale quotidienne
rendant chaque instant précieux.

Le regard s'y pose,
brièveté détachée
de l'ouvrage Aux sources du bouddhisme.


6 3 21

Ce miroitement de feuilles pérennes
dans la lumière généreuse,
traces de passages,

imperceptibles à l'oeil,
courants modestes, vibrants.
Ils ne savent pas

gorger leur vacuité
du vide intégral
qui nous entoure pourtant.

Le monde n'est que tendances latentes. Aux sources du bouddhisme, 237.


7 3 21

Pelouse renfrognée sous son fin voile de gel.
Le premier trait lumineux,
tel un pinceau,

s'attarde déjà à rassurer.
Merle en rases mottes.
Le rouge-gorge passait par les pavés-mangeoire,

comme une évidence;
territoire conquis,
intérieur presque.

Le plateau à pain
s'encourt; la porte couine.
Même le gel s'y immisce.

Frisson.
Couinement.
Dépose.


9 3 21

Chaque chemin de vie est le sien propre. Qu'il s'emploie déjà à se rendre appropriable, connaissable, il en devient accessible. Accéder à son chemin propre est déjà un tel bienfait pour le soi: il s'épanouit dès lors avec une plus grande constance qu'auparavant. Cette simple constance accrue, cette désormais certitude raisonnable qu'il constitue le chemin adéquat, déjà présent de manière latente; désormais reconnu comme le sien, en jouir dans la discrétion de retrait relatif, en ayant fait un pas de côté hors déboussolement du monde, suffit amplement. Rester au coeur de son chemin propre est une forme d'engagement ferme. Ce soi incarné se met pas après pas en meilleure capacité de rejoindre un jour le flux énergétique universel sans faire de difficultés ! Ce flux correspond à l'universalité des astronomes, auprès de qui cela représente quelque chose de pertinent, alors que pour la majorité d'entre nous, cela demeure une construction mentale...

Ce désattrait du monde résulte du fait que l'illusion est devenue visible/audible/palpable. Il comporte des résidus d'attraits dont le corps incline dès lors à mettre à son profit dans les intervalles temporels de moindres fréquentations, dans des interstices concrets. Il s'agit de mieux désancrer la vie qui coule ensoi de ces désattraits. Mieux connaitre, mieux cerner les résidus attractifs dont la discrétion concentre l'attention que le corps y consacre. Comme les dits de Lalla, en relecture, le conseillent: De dehors, entre au-dedans. (verset 18) En partant à la recherche de l'intériorité profonde & subtile, tellement plus qu'une simple introspection attend d'être perçu. L'outil principal à utiliser pour en découvrir la profondeur & la subtilité intérieures & conscientes tire probablement beaucoup de l'intuition si essentielle à l'Éthique spinozienne. Peut-être même qu'il conviendrait d'inverser le conseil ci-dessus en: Du dedans, sors au-dehors.Un jour...


12/13/14 3 21

L'équinoxe des souffles se situe dans les deux intervalles entre

  • le soufflé
  • & l'insufflé.

Ces deux intervalles sont un vide qui constitue dans la vie de tous les jours un vide médian disponible en soi parmi les quatre temps de la respiration.

Cette disponibilité offerte après chaque soufflé & chaque insufflé peuvent constituer des instants de pause mis à profit pour y insérer une prise de conscience propice au soi à cet instant-là. Quelle que soit la nature de cette prise de conscience.

Dans une respiration consciente d'elle-même, il semblerait adéquat de distinguer quatre temps dans une respiration méditative en

  • commençant par le soufflé: il expulse l'air présent dans le corps avant que l'attention du corps ne se porte sur une prise de conscience prête à éclore; comme une bulle prête à éclater en surface lors de la portée à ébullition d'une eau de cuisson;
  • observant ensuite un temps de repos bas; ce temps conforte une pause médiatrice entre le premier & le troisième temps de la respiration; ce temps de pause est instant de paix intérieure pendant lequel une forme de transfert conscient peut mais ne doit pas éclore pour ensuite imprégner la conscience de soi;
  • l'insufflé prend alors toute sa place & alimente la conscience de soi en soi; elle formalise & réorgansie le temps de l'imprégnation;
  • second temps de repos haut retenant l'air dans le corps sans effort ni exagération.

La suggestion qui affleure ainsi à la conscience peut alors s'épanouir dans le corps selon son rythme propre.

Deux conditions sont nécessaires pour que le souffle parcoure ce que L. Silburn nomme la voie médiane:

  1. prendre conscience de la possibilité d'insérer ces deux temps de repos,
  2. suspendre la respiration « en maintenant les deux souffles à leur point d'origine, càd le vide où ce deux souffles se reposent. » La kundalinî, 57-58

En reposant les deux souffles, en les mettant sur pause, l'accès du souffle de vie à la voie médiane se voit facilité & peut éventuellement devenir visualisable/palpable, nous confie Mme Silburn. Oh, pas chaque fois, pas toutes les semaines. Avoir appris à s'éprendre d'un parfois peut aussi constituer une force.


17 03 21

Fin d'hiver, offrandes
à même le sol
disposent à leur pied

sous leur envergure couronnée
les rêves enfouis
de branches dont ils s'allègent.

Au premier soleil,
l'objectif en saisira
de possibles convergences

contingentes.
Qui sait ? Qui sait si ?
Peut-être. Ou pas.


Vacuité majeure,
plénitude de l'union
corps-énergie universelle.

En faveur d'un ardent souhait
d'ardeur immédiate,
percée des centres,

pourrait se célébrer,
ce qui confère aussitôt
le fruit auquel le corps aspire.

D'après Tantraloka 236, cité par Lilian Silburn dans La kundalinî, p. 112: « En faveur d'un disciple qui souhaite ardemment l'expérience immédiate, un guru très efficient en yoga peut célébrer l'émulation de la percée qui lui confère aussitôt le fruit auquel il aspire. »


18 3 21
C'est en démaillotant les raideurs de convenances ancrées, en relisant une des oeuvres majeures de L. Silburn, La kundalinî, que ceci s'effleure:

Abhinavagupta (auteur d'un tantra, écrit avant notre ère, traduit par elle) décèle une effervescence se répandant "en un nectar d'éternelle félicité". « En effet, tout ce qui entre par un organe intérieur ou extérieur réside sous une forme

  • de conscience
  • ou de souffle dans le domaine de la voie médiane;

celui-ci, relevant essentiellement du souffle universel, anime toutes les parties du corps. C'est là ce qu'on appelle ojas, vitalité, qui vivifie le corps entier. » Mme Silburn commente: « Ojas est la virilité qui ne se répand pas hors du corps... Virya, l'efficience, est ojas manifesté à travers les multiples aspects de la puissance,

  • que ce soit celle de la grande formule, le mantra JE,
  • ou celle de la virilité proprement dite. » 187-188

La vitalité du corps s'épand dans toutes ses parties, dans tous ses organes, mais ne se répand hors de lui, ne se manifeste pas nécessairement sous forme d'efficience virile chez le ... mâle. Cette distinction entre deux formes de souffle nous reliant à l'énergie universelle convient. Cette distinction vitalité/efficience est d'un ordre voisin de celle qui existe entre qualitatif & quantitatif. Dans la vie de tous les jours, c'est en manifestant cette vitalité corporelle dans tous les organes que la longue route de l'âge se dessine, effervescente. Elle vivifie le corps entier, le rendant apte à cheminer tranquillement sur sa route propre.

Une intuition matinale (22 3 21): & si la dernière colonne constituait l'équivalent physiologique de la tradition shivaïste ? C'est juste une hypothèse bien sûr; elle parait pourtant bien porteuse...

 Terme sanskrit  Tradition shivaïste  Physiologie
 ojas  vitalité non répandue pas hors du corps  cowperine = lubrifiant émis dans le canal déférent
 virya  efficience = vitalité manifestée hors du corps  sperme = éjaculat


Sur la glande de cowper, le texte le plus complet que j'ai trouvé figure sur wikipedia en langue anglaise; ses illustrations sont également davantage précises. Les implications énergétiques de ce rapprochement semblent être infiniment porteuses.


19 3 21
L'enciellement parfois
sent le béton froid
à travers la vitre.
Cette froideur même
terrasse toute velléité
du voile de nuit
à se disperser.


S'enlarment les flux
de leurs insuffisances:
ils en étaient arrivés

à accuser leurs propres enfants
de diffuser le virus
qu'ils leur avaient eux-mêmes inoculé.

Leurs enfants, ils les ont pris
pour leurs sacs à merde,
des éponges qui diffuseraient

leurs sales manquements.
Iphigénie & Antigone
ont beau se démener

dans leurs tombeaux,
il n'y aura plus rien à faire.
Ils se sont damnés.

Une fois les limites de l'ignoble franchies,
ils ne revinrent plus en arrière.

Quand les grandes soeurs-climat,
& quelques grands frères,
s'en sont rendu compte,

d'abord atterrées par les abysses
dans lesquels leurs parents
s'étaient précipités,

elles se resaisirent.
Elle prirent leurs petites soeurs
& leurs petits frères par la main

les éloignèrent des bords de l'infâme
& sortirent en rue de bon matin.
...
On peut rêver.

(Contexte: le 19 3 21, à 19h17, reçu ceci: BE-Alert - Le Comité de concertation suspend le plan plein air et demande que des mesures soient prises dans l’enseignement
Communiqué du Premier Ministre, Alexander De Croo
Le Comité de concertation a pris une série de décisions.

  1. Report du plan plein air

La mise en œuvre du plan plein air est provisoirement suspendue, à l’exception des activités pour les jeunes (jeunes jusqu’à 18 ans inclus) pour maximum dix personnes, en plein air et sans nuitée. Pour les enfants de moins de 12 ans, les activités se déroulent de préférence à l’extérieur. 

2.    Mesures dans l’enseignement 

Le Comité de concertation demande aux ministres de l’Enseignement d’élaborer pour le lundi 22 mars un plan détaillé et complet permettant de limiter au plus vite le nombre de contaminations et de clusters dans les écoles.

Le Comité de concertation a par ailleurs décidé ce qui suit : 

  • La possibilité pour les élèves du 2e degré de l’enseignement secondaire d’à nouveau suivre les cours en présentiel à temps plein, retour initialement prévu le 29 mars, est reportée à la rentrée suivant les vacances de Pâques. 
  • Le port du masque devient obligatoire pour tous les élèves de 5e et 6e année primaire, au plus tard à partir du mercredi 24 mars. 
  • L’enseignement en présentiel à temps plein dans l’enseignement secondaire sera uniquement possible après les vacances de Pâques, le 19 avril.  
  • L’enseignement en présentiel à 100 % doit s’accompagner de tests réguliers des enseignants et, dans une seconde phase, des élèves. )

20 3 21
La ville, puis la nature jardinière
s'illuminent d'une intériorité,
d'un éclat que contredit

sur le plateau le net biseau
des vents qui y règnent.
La ville, en milieu de matinée,

vit, court, déambule, circule
(trop de voitures se rangent,
tout bon sens absent).

Chacun, chacune son objectif.
La rumeur circule,
finalement pas plus gênante

le week-end que l'acouphène
acclimaté au soi.
Juste réapprendre à marcher... il leur faut.

Les dortoirs/mouroirs
sur les collines avoisinantes
se sont figés, sans vitalité.

Là où le corps, & lui seul,
est à la manoeuvre, la main
sélectionne, les pas le portent,

les actes s'enchainent les uns
aux autres dans une fluidité
contenue par la sage engeance

de cette tenue-ci.
Ce calage-ci résulte.
Peu importent les voies.

La présence est ferme,
l'appui confiant, sans excès.
Nulle érosion ne l'érode.

Pas encore.

Tant résulte du sommeil
qui répare, bien conduit
aux confiants confins en soi.

Il l'a confié
à la lumière
en son dernier triangle

de clarté, trace éblouie
d'un feu si lointain.
Il vaque à sa neuve lecture,

fasciné par la flamme
au déploiement intransigeant
au sein du foyer de fonte.

Le triangle s'efface
au profit d'un bleu frauduleux
dont la nuit nimbe les progrès

inexorables
&
confiants.

La lampe de lecture s'active.
La main se tend vers l'anse:
la tasse de soupe dispense.

Minuit seize

Rituels sans réseaux
jetés aux oubliettes
de l'histoire sans fonds

d'hommes intègres mais riches
de tant d'errements sans émois
ressentis aux tréfonds de leurs corps
privés de (un mot manque)
Tout fait repentir.
Privilège d'un parcours
qui se roue un passage
à travers les maquis épais.


24 3 21

(4h12) Se sentir ainsi
au coeur d'un creuset
de sérénité

que rien d'extérieur
n'émeut ni ne désharmonise.
L'instant où la conscience se forme

de la perte d'un objet cher,
telle une aiguille dans une botte de foin,
ne perturbe rien.

La vie va son cours.
Cet arrangement consenti
d'une vie d'écriture

formalise en le polissant
un parcours que tout
élaborait en ce sens.

D'être parvenu,
grâce aux Mains, à en surgir
renouvelé, comme affermi,

constitue une promesse
infinie de tracés
transversaux badins

dans les ouvrages majeurs
d'une bibliothèque,
La Léonardienne.

Tout cela à l'ombre
que sécrète
une vitrine
pourtant fort regardée.


(12h12) Le vent du midi n'est jamais bon.
Repli.
Le corps bat en retraite intérieure.


26 3 21

Les charnières du temps grincent.
Il en bégaie, du coup.

Leurs gonds manquent d'entregent.

De clairvoyance aussi.
Elles ont le dévergondage trop aisé.
Un coup, l'huis se ferme. Puis rouvre

pour presque aussitôt
devenir oscillobattante.
Ce cycle infernal

les décharne: des bronchioles
affaiblies s'y encombrent.
La déception suit l'espoir

bientôt déçu &,
quand il renaît, plein d'allant,
c'est pour s'évanouir aussitôt.

Le manque de perspective
étreint nos enclos.
Se tenir hors de portée

de ce serpent qui se mord la queue
nous inspire un louvoiement,
tel celui de ce serpent,

tapi sur le bord du chemin,
qu'un plus habile charmeur
fait se dresser au son de son fifre.

Les spectateurs sont conquis:
la tête du serpent se laisse entrainer
vers le haut par son charmeur

à la coiffe de Shiva.
Les suivre sur une voie sûre
à l'écart des multitudes...


Le fil de ces bribes d'écriture quotidienne