Voisinages. Cousinages. Convergences.
Le hors-monde de R. Misrahi semble presque en tous points similaire à l'acosmie dont la mésologie fait savant usage.

La conscience « est antérieure à tous les actions de l'être humain puisque c'est elle qui décide de leur surgissement. » 32
« Les choses n'agissent pas, elles produisent de l'énergie et du mouvement, et non pas des actes. » 30
« Tout se passe donc comme si le sujet était à la fois le sujet concret de la réflexivité quotidienne et l'aspect hors champ de ce même sujet. C'est l'aspect HORS CHAMP qui est l'activité constituante du sujet concret lui-même. Cet aspect nous l'appellerons le hors-monde. » 39
« Tout se passe comme si l'individu concret (qui est réflexivité et désir et qui peut toujours redoubler sa conscience de soi et devenir réflexion) ... était porté ou inspiré par une puissance en lui qui est hors monde. Il faudrait alors reconnaître que la véritable source du monde est dans le sujet lui-même, ce qui est antérieur au monde et donc hors monde. Pourquoi est-il difficile d'en reconnaître l'existence ?  Il me semble que ce refus provient d'abord d'une sorte de modestie existentielle. » 39
« Une fois écartée la modestie existentielle (parfois appelée "humilité"), l'individu devrait pouvoir saisir en lui cette part qui est créatrice. ... 42
[...] notre question concerne, dans le sujet, un domaine antérieur à toute création empirique de valeur: il s'agit du hors-monde, ou du sujet hors-monde. Il fonde toutes les significations, et c'est cette toute puissance spirituelle que l'opinion répugne à reconnaitre. » 42
C'est non seulement par modestie mais aussi par prudence existentielle que l'opinion récuse tout pouvoir réellement constituant. ... « Le sujet, à la fois dans le monde et hors mondre, deviendrait source de toute action et critère de tout jugement; il deviendrait pratiquement l'origine du monde ... » 43
C'est la conscience humaine individuelle qui constitue, fonde, rend possible et donc crée toute signification. » 45

 


Augustin Berque: l'acosmie

L'ACOSMIE évoque l'anomie durkheimienne, c'est-à-dire l'effacement des valeurs et les désordres qui s'ensuivent, L'anomie est sociale, L'acosmie concerne le social et le naturel, Il s'agit de l'embrayage des valeurs humaines aux faits de la nature… Sans monde. Voir aussi cosmicité.


LA COSMICITÉ est l'opposé d'acosmie; « les milieux humains, donc l’écoumène, sont chargés de ces valeurs, tout en restant fondés dans la nature. C’est en cela même qu’ils sont empreints de cosmicité, c’est-à-dire d’un sens cosmique…» « C’est en ce sens qu’il s’agit bien de cosmicité; c’est-à-dire, contrairement à l’acosmie métabasiste, de relier notre existence et nos valeurs à l’univers, en commençant par la Terre; et cela non pas du point de vue réductionniste qui renverse le cours de la nature, soumettant l’humain aux écosystèmes, mais au contraire dans le fil de la nature, laquelle, du physique au vivant, et du vivant à l’humain, est allée vers toujours plus de complexité, toujours plus de contingence, toujours plus de liberté. Toutefois, contrairement encore à l’acosmie métabasiste, la liberté en ce sens ne signifie pas l’arbitraire; elle implique à l’inverse, en raison directe, notre responsabilité dans les termes fondamentaux de l’axiologique humaine:
le Bien, le Beau, le Vrai. »


La SIGNIFICATION élabore l'information. Elle ne se substitue pas à l'information.
La signification métabolise l'information. La signification se nourrit de l'information elle-même créativement.
La signification a besoin de l'information comme matière première.


Les sources des citations figurent dans la terminologie mésologique.


Hors-monde / décosmisé: les deux raisonnements aboutissent pratiquement au même propos par des voies simplifiées, à portée de tout lecteur intéressé et attentif, dans un cas; par des voies plus complexes, qui se méritent dans l'autre. Toutes deux également créatrices de chemins.