Le feu, Yves Namur voit dans la poésie de Liliane Wouters une poétique du feu. Images bibliques chez l'auteure. L'équivalent du feu woutersien dans l'univers de Nulle Part est le souffle né de l'énergie universelle, tel qu'il se réactive périodiquement,

jamais achevé,
jamais achevable,
le temps que vie bat en un corps
« toujours en marche vers le centre des perfections ». Y. Namur, p. 202, dans la postface. Un long entretien en 2016 entre les deux poètes, amis, constitue l'essentiel de la postace des Trois visages de l'écrit. Il est d'autant plus précieux qu'elle décèdera peu après.

Comme François Jacqmin en 1992, Liliane Wouters avait été invitée par la chaire de poétique de l'Université Catholique de Louvain: quatre conférences très autobiographiques balisent les étapes d'une vie-poésie, mais aussi théâtre; avril & mai 2010, publiées en 2011 par les éditions Lansman.

Larges étendues de convergences, même si son écriture puise, à la source, dans les trois religions monothéistes du Livre, tandis que celle-ci se ressource à trois philosophies extrême-orientales: trantrisme, taoïsme & zen.

Une plume ne se conduit pas, ne s'emmène ni ne s'emporte. Une plume, on l'écoute, on se met à l'écouter: elle susurre, toujours plus bas que l'acouphène. Et pourtant ni l'oreille ni la main ne se tendent pour en capter le flux.

L. Wouters pratique l'écriture au plus près de la source du soi.

Mallarmé, dont la définition a sa préférence, dit de la poésie qu'elle « est l'expression, par le langage humain, ramené à son rythme essentiel, [l'expression] du sens mystérieux des aspects de l'existence. Elle doue ainsi d'authenticité notre séjour& constitue la seule tâche spirituelle. » 25

Spirituelle, cet adjectif dérivé d'esprit, fait dériver l'auteure vers le sacré. Cela n'est pas nécessaire, voire même quelque peu tordre le sens de la prose mallarméenne, dont la forte densité est bien connue.

L Wouters nomme le souffle comme source de la poésie, en l'associant au rythme & à la façon dont le corps respire, chacun sa période &, au final, éprouve quand même le besoin d'y mêler le divin. Sans parfaire sa définition du divin par une équivalence, toute spinozienne, avec la nature.

 Le vers donné cristallise une pensée... qui occupe l'esprit, tantôt consicemment, tantôt de façon moins nette, suscitant le désir d'écrire. Sa description de la montée du poème ou du vers en elle correspond assez bien à la description de la prise de conscience chez Spinoza.

Ils porteront nos déserts jusqu'à l'incandescence.