En ce Samedi-là (2 décembre 2017), Les fugueurs du livre. Un salon liégeois de la petite édition.

Second tour des stands bien au chaud dans l'auditorium (à la différence de ceux en face de l'entrée...)

L'Âne qui butine, Deux ouvrages reliés s'exposent, là. Un boîtier bée son vide.

Seuls le nom des auteurs en couverture: Jacques Abeille & Léo Barthe.

Le tout sous le sceau de la confidence de la « petite » édition car les Fugueurs sont portés à Liège par la librairie Le Comptoir.

Approche. Plus qu'une papote, une consécration fascinée pour une plume souveraine. Anne Letoré y butine...

Reprenons:

TOMBEAU POUR UN AMOUR
DANS LA LUMIÈRE DE SA PERTE

 S'enlivre là, en ce Tombeau, un hymne au corps de soi/corps de l'autre. Jacques Abeille, d'une plume au vent plus vivante que jamais, cisèle en ce coffret les mots, les ressentis que sa phrase dépose en nos escarcelles admiratives. He is alive and well, ladies & gentlemen. J'ignore combien nous sommes à suivre cette plume habitée par l'excellence de sa phrase, ce Collège invisible d'inconditionel·le·s des Contrées. Le tirage, pour n'être pas confidentiel, se limite à cinq cents. Il n'y en aura peut-être pas pour tous les membres. Encore faudrait-il qu'ils aient appris l'existence de ces deux confidences... Si Nulle Part peut y contribuer, tant mieux.

Loué soit donc cet équidé butineur d'avoir accueilli sur ses presses tant de perles textuelles neuves.

Le Tombeau métaphorique & littéraire configure bellement un hommage anthume à l'amour sans fin qui s'y incarne, même si, et même surtout s'il s'est perdu, plus lumineux que jamais. Le peintre qu'est aussi J. Abeille s'exprime ici en JE sans falbalas.


 Ce titre contient à lui seul et l'élan de la joie et l'abîme suggéré par le gouffre des Contrées où elle s'est évanouie, à jamais statufiée dans la pose de ce Noeud de paille. (Allusion faite à l'oeuvre de J. Abeille reproduite en couleurs sur la page suivant celle du titre)

Celle qui s'est exclue prend tout son poids métaphorique dans le couple très stable, lui, que forme, tel Janus, J. Abeille avec L. Barthe.

Je l'aimais depuis la profondeur de son enfance. 57

J'ai su d'elles bien des choses étonnantes. 59

J. Abeille/L. Barthe arrime sa phrase au plus proche du vécu de deux âges, celui d'Anne et le sien. Chaque protagoniste vit la Rencontre du haut de la sagesse acquise à la lumière de sa perte. Quand une perte émane de sa propre lumière, elle se sublime sur le chemin qu'elle éclaire pourtant.

Le Tombeau, Arnaud Laimé, in Libres masques à la fin du volume L. Barthe, nous en dessine les contours littéraires, autre forme d'élégance sublimée, côté éditorial cette fois. Le même auteur a aussi conduit un ouvrage entièrement consacré à l'oeuvre de cette plume majuscule: Le dépossédé.

L'emballage linguistique est si bellement emmené, d'une plume à la fois si sûre de ses perceptions - fussent-elles passées - et de la maîtrise de son flux habité.

Ce qui n'aurait pu n'être qu'une faute de goût devient, avec cette grâce même qui rassemble ce Collège d'Invisibles, la sublimation d'une rencontre. Ces proses et ces petites pages indiquent une sortie par le haut d'une histoire d'amour. Toute fin survit à son terme.


PETITES PAGES
POUR UN PAGE

Quant au Léo Barthe « hyponymique » de ces Petites pages, il décline en presque 80 proses brèves & poétiques (moins d'une page, sauf deux textes), sur la gamme érotico-métaphorico-pornographique qui qualifie conventionnellement le versant celé de ce Janus autoral-là, un hommage révérentiel aux corps sans délits, comme déliés de leurs gammes désencrées de ces marques indélébiles.


L'actualité Abeillienne n'est pas que butineuse puisque Le Tripode vient de rendre à nouveau disponible un roman devenu rare du même Léo Barthe: Histoire d'une bergère. Rejoice ! Rejoice !