Un cheminement de lectures et l'écriture qui s'ensuit.

Je parcours l'iconographie de The way of the Buddha, The illustrated Dhammapada, The Rubin Museum of art, 2008.

Je tique sur l'emploi du mot church dans l'Aphorisme 190: « He who takes refuge with Buddha, the Law, and the Church: he who, with clear understanding, sees the four holy truths/ »... Je m'arrête, parcours la bibliothèque (récemment rangée!) et redécouvre une traduction française qui, elle, paraît plus proche de la réalité orientale: « Celui qui se réfugie en Bouddha, dans le Dhamma et le Sangha*, en la sagesse accomplie, perçoit les quatre vérités qui sont: »

Ah, je suis bien avancé avec cette non-traduction; mais, au moins, elle me livre une porte d'entrée sur un autre sens possiblement plus proche du texte original, de l'intention de l'auteur ! Je suis l'étoile dans les notes en fin de volume: Le Dhamma est la loi de l'enseignement, le Sangha la Communauté. Wikipedia livrera (peut-être) le fin mot: it « most commonly refers in Buddhism to the monastic community of ordained Buddhist monks or nuns. This community is traditionally referred to as the bhikkhu-sangha or bhikkhuni-sangha. As a separate category, those who have attained any of the four stages of enlightenment, whether or not they are members of the bhikkhu-sangha or bhikkhuni-sangha, are referred to as the ariya-sangha or "noble Sangha". »


 Les quatre vérités de ce qui reste une religion:
1. La vie / l'existence est indissolublement liée à la souffrance du corps et du mental.
2. La cause de la souffrance est le désir causé par l'ignorance de la nature de la vie séparée.
3. La cessation de la douleur. Il y a un moyen d'échapper à la souffrance.
4. Cette libération est obtenue en suivant la discipline de l'octuple sentier qui purifie peu à peu le mental de l'ignorance. Cette quatrième vérité est la méthode contenue dans l'octuple sentier:

 

Vues

justes
Intentions / Désirs justes
Paroles justes
Conduite juste
Moyens justes
Efforts justes
Vigilance juste
Contemplation juste

 - l'octuple sentier

Peu importe le terme de « vérités », même si la deuxième hypothèse est essentielle pour comprendre les ressorts de la vie. Le référentiel philosophique demeure trop absolu pour qu'elles soient les seules à être « nobles ». Je leur préfère la connotation hypothétique pour accompagner l'expression de quatre hypothèse de vie importantes, selon la philosophie bouddhiste.

C'est ici que petit à petit l'oiseau fait son nid... linguistique, en reformulant l'accquis, tout en s'éloignant peu à peu du canon religieux, en se servant du lexique suggéré dans le texte bouddhiste et de leurs synonymes émanant d'un Dictionnaire des mots de sens voisins, de M. Berthaud du Chazaud. « En avançant par petites étapes, avec de la patience et de la persévérance, on atteint son but. » comment le wikitionnaire à ce proverbe.

- La souffrance tient au désir allumé par l'ignorance de la nature de la vie séparée. Le fait de ne pas savoir que le non-dualisme est premier allume un désir qui fait souffrir.

Tour l'occident souffre du désir allumé par les trois religions monothéistes qui séparent vie et au-delà, souffrance et paradis. Le bouddhisme leur est en cela supérieur qu'il offre aux humains huit manières de réconcilier la vie avec elle-même par une approche juste (mais qui juge ?). Cela reste une religion.

- Séparer la vie de son accomplissement n'est tout simplement pas juste. C'est incongru, irraisonnable, non sincière de séparer la vie de sonaccomplissement pendant sa durée. En un mot, ce dualisme n'est pas sincère. Il ne reflète pas le réel. Il s'agit de « déchirer une fois pour toutes les voiles de l'illusion ».

- Opposer la vie à son accomplissement pendant sa durée est incongru, inéquitable irraisonnable. En un mot, ce dualisme n'est pas pertinent. Et je suis sincère ! Tout dualisme, religieux ou non, n'est pas pertinent.

- La souffrance provient du désir qui émane d'une vie séparée entre le corporel et le mental. Les assembler est une libération obtenue en suivant l'octuple sentier. Monsieur A. Comte-Sponville dirait peut-être que ce désir place un espoir qui ne peut être que déçu.

- La souffrance provient de désirs suscités par une vie qui sépare le corps du mental. Les rassembler accueil un cheminement plus serein de soi, plus juste dirait le Bouddhisme, plus adéquat, davantage harmonieux, mieux accordé, accordant mieux vues & intentions, paroles & conduites, moyens et efforts dans une vigilance débouchant sur une contemplation libérée du monde.

Le chemin mène à une vie peu à peu davantage contemplative.


Je perçois ici le déploiement d'une sagesse portée par le philosophe A. Berque: il s'agit de « dépasser les impasses de la modernité[. Cela] ne se fera pas sans l'appoint, logique et philosophique à la fois, des grandes civilisations de l'Asie. »