« Il est capital de bien comprendre qu'on ne dévoile pas la conscience à coups d'exercices énergétiques, d'agitation, de gesticulations, de danses pseudo-chamaniques et autres friandises du faire courantes dans ce que l'on vend en Occident sous le nom de Tantra, mais par » la lente et douce émergence de l'amour sans objet qui attend paisiblement que nous cessions de poursuivre l'inatteignable. (le passage en gras en de mon fait, 166-7)
« Les chercheurs, à un niveau profond, n'aspirent pas à l'union sexuelle avec ce qu'ils suivent mais au dévoilement du Soi. Le désir sexuel du Maître, que j'ai connu de manière intense, » dit encore Daniel Odier, « n'est qu'une belle étape de l'abandon des fixations, il doit être traversé avec acuité sans qu'il y ait d'arrêt, et le passage à l'acte avec un disciple sur la voie de la complétude est le plus grave des arrêts. Lorsqu'il n'y a ni tabous, ni puritanisme, ni soif de pouvoir, ni prétention à être un maître, ni limite, il n'y a pas de passage à l'acte, tout n'est qu'harmonie, grâce à la spontanéité. » (167)
« Lorsque la pure présence à la réalité [est atteinte], le travail préparatif à l'initiation sexuelle peut avoir lieu... Cet entraînement, assez long, est fondé sur l'attention aux processus physiques jusqu'alors inconscients. Il s'agit de pénétrer ce domaine inconnu de la jouissance en une suite d'approches subtiles. » (168)

Je me trouvais en harmonie avec ces passage, comme avec beaucoup de textes écrits par Daniel Odier, jusqu'à ce que des lectures postérieures à 2013 m'aient fait relativiser très fort leur assise théorique: Mmes Silburn & Despeux ainsi David Dubois & Louis-Alain Colas, & désormais F. Bonardel qui a rejoint ce quatuor pour former un quintet, ont une fiabilité autrement plus solide concernant les traductions du sanskrit & du chinois. La valeur des ouvrages de D. Odier tient en grande part aux récits d'expériences vécues par lui sur lesquels il assied une pratique de stages fort rémunérateurs par ailleurs...


Note d'accompagnement

Françoise Bonardel, d'une lecture plus récente, commente cette oeuvre de la façon suivante dans son Bouddhisme tantrique & alchimie, 2012:

« L'engouement des dilettantes occidentaux & autres pratiquants tantriques autoproclamés pour ce néotantrisme non moins imaginaire pourrait bien être le dernier vestige de la fascination qu'exerça d'abord l'Inde sur les Européens...

Ainsi le Tantra, hindou plus que bouddhiques d'ailleurs, est-il fréquemment présenté comme une alchimie de l'amour doublement performante puisque capable de satisfaire à la fois l'appétiti sexuel des Occidentaux & leur attirance pour un ésotérisme facile d'accès. »

En note, « Cf., par exemple, D. Odier, Désir, passion & spiritualité, Paris, éd. J.-C. Lattès, 1999 »

De tous temps, le sentiment que les approximations de l'auteur celait "quelque chose". Voilà cette chose impeccablement nommée désormais !