Brave nuage volcanique, va !

Il sert de révélateur: l’Homme se met dans un piège (pieds et mains liés à une compagnie aérienne, un ‘organisateur’ de voyages) et il est tout démuni; il ne sait que faire de sa liberté retrouvée, en fait. Mais qu’il en profite, que diable ! Je ne vois pas un patron en mettre à la porte pour raisons de non reprise du travail à cause d’un volcan qui s’est réveillé depuis le 20 mars mais fume vraiment depuis le 14 avril.

Il est pédagogique en diable, ce brave nuage.
Il nous rappelle quelques vérités (ah bon?) que la routine des jours nous avait fait oublier :

- Fuir loin la grisaille des jours du Nord n’est subitement plus du tout une bonne idée !
- Le volcan renvoie l’Homme à sa fixité originelle. Les déplacements exagérés, fictivement raccourcis par la vitesse, deviennent subitement un handicap. Le temps qu’il faut maintenant pour rentrer dans son monde se paie cher et prend de nombreuses heures, voire des jours entiers;
- à force de vivre de façon volcanique, il fallait bien un jour qu’un volcan rappelle l’Homme à l’ordre;
-l’Homme vit dans un flux ; dès qu’un élément se grippe (à vos souhaits !), tout s’arrête ! En se retrouvant prisonnier d’un flux à l’arrêt, ben Il se sent un peu perdu ! L'Homme est-il devenu un flux pour l'économie?
- il ne faut pas nécessairement mettre tous ses oeufs dans le même panier;
- chaque minute de calme dans la périphérie des aéroports est à prendre pour ce qu’elle est, un sursis pris sur le provisoire ; les riverains assument leur bonheur, sauf les membres d’associations de défense de riverains, qui ont acquis tous les réflexes du politiquement correct…
- il y a d’autres moyens de transport collectifs (quand ils ne sont pas en grève … mais le patronat français montre ainsi son vrai visage !);
- les compagnies de location de voitures profitent de l’individualisme forcené de la race humaine : jusqu’à 1 000 € si la voiture sort du pays d’origine ! il n’y a pas de petits profits;
- les taxis, payables d’avance, c’est pire encore ; les micro-trottoirs des journalistes ( ?) sont révélateurs de l’impuissance de l’Homme face à la cupidité humaine, voire sa stupidité, comme cette dame qui se plaignait d'encore devoir prendre un taxi une fois de l’autre côté du Channel… Un train, elle a déjà entendu parler ?
- rendez une chose rare (le déplacement) et zou les prix montent : l’économie n’est décidément pas au service de l’Homme. Mais ça, on savait déjà…
- mais pourquoi les gens en vacances veulent-ils rentrer ? ils sont drogués au boulot, ou quoi ? À moins que tout ne soit image: conscients de la caméras, ils se la jouent, sans honnêteté; ils utiliseraient bien leur minute de célébrité comme preuve de leur bon-vouloir;
- Que d’excitations pour rien, face à la nature belle, belle. Qui dira la beauté de ce nuage qui s’élève en majesté dans le ciel ?
- Ils n’ont pas leur voiture, OK, mais qu’est-ce qui empêche la solidarité ?
o Tous les gens présents sur le continent européen connaissent bien quelqu’un à domicile qui a une voiture et qui pourrait venir les chercher, non ?
o Heureusement, d’autres micro-trottoirs nous révèlent aussi des touristes qui louent une voiture à plusieurs ; premier instrument de la lutte contre le capitalisme débridé, la solidarité ?
- la nature a tous les droits;
- nos petites combines deviennent dérisoires : entendue à la radio, une voix féminine : « J’ai réservé depuis un an pour aller au mariage de mon meilleur ami en Irlande » : Ben oui, mais je crois quand même que le volcan va s’en foutre un tout petit peu !
- qui fera l’écobilan de cette modification subite et subie des modes de transports ? Suppression de l’aérien, augmentation du taux d’occupation des trains, des autocars, des bus, des voitures de location, des voitures privées…
- on ne nous fait que des bilans financiers (ils perdent tant d’euros… par jour, eux qui misent exagérément sur les flux pour surnager. Mais ils ne se plaignaient pas quand ils engrangeaient des millions d'euros de bénéfices sur notre dos! Et les journalistes qui leur servent si bien la soupe...).

17 04 10 -20 04 10
source de l'image : AFP


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Aphorisme, comme ça...

« La retraite est une chose merveilleuse,
qui libère de terribles puissances.
& elle donne au silence de grandes douceurs. »
Gilles Deleuze, dans une lettre adressée à Arnaud Villani,
publiée dans L'abeille & l'orchidée, p. 149.

 

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