Lever à 6h17. D'abord, les pêcheurs. Les ouvriers municipaux, les chiens suivent. Puis les bébés. Enfin les nageuses et les nageurs. Les pêcheurs étaient déjà là, dans la calme lumière d'un soleil rouge sur Collioure. Impressionnant, en débouchant sur Boramar. Deux points de vue: la chapelle, la fin du chemin menant au Pharet. Puis, l'avant port. La lumière éclaire bientôt l'ensemble du paysage.

Le soleil naît dans la mer. Les ouvriers municipaux attaquent d'abord la plage-nord, les contours de la chapelle, la place au pied du clocher, puis Boramar. Intense activité silencieuse. La pince dans une main, le sac noir dans l'autre. Ils chassent les reliefs de l’indécence. La blonde au chien blanc n'est pas encore vraiment sortie de sa dernière colère. Une jeune femme s'avance, poussette arrêtée au ras des vagues. Le bébé a dû apprécier ce spectacle. C'est comme ça que la mer s'apprend. Comme ça que la mer se prend. Car la mer, ça prend. Elle m'a prise petit et je m'y trouve bien. Elle enveloppe et soutient un corps qu'elle rafraîchit. L'heure est aux passages efficaces: les ménagères chargées de cabas vides.

Le premier nageur, plage d'Avall. Un rapide, un habitué sûrement. Deux plageuses fines, mais mal assorties, transportent chacune un sac rempli d'utilitaires de plage sur lesquels la natte surnage. La queue de cheval crêpue gonfle naturellement et bat la nuque d'une seule masse quand le vent s'y prend. L'Asiatique et la la blonde ont le pas décadencé des amants de plage. Le bord de la robe grise à carreaux virevolte en rythme avec les cheveux échappés de la pince. Leur arrivée met fin à l'intimité de l'aube.

La vieille dame prudente a même mis sa gabardine. Rien de tel, comme coupe-vent, Madame. Une main remonte le dos sous le pull, à la recherche de la zone de grattage. Il ne peut rien arriver à vos cheveux, Madame: ils sont si courts. La blonde, lunettée à la matuvu, a enfilé un pull rouge contre le vent; le short super court en dépasse à peine, dévoilant de longues jambes brunes. L'autre a le dos entièrement dénudé par la grâce de deux brides qui se nouent dans le cou. 2009

Photo, 2001.


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Aphorisme, comme ça...

« La retraite est une chose merveilleuse,
qui libère de terribles puissances.
& elle donne au silence de grandes douceurs. »
Gilles Deleuze, dans une lettre adressée à Arnaud Villani,
publiée dans L'abeille & l'orchidée, p. 149.

 

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