Il ne s'était fait un havre propre qu'en tâtonnant d'abord, puis en négociant, silencieux & à l'écoute, par un dialogue s'installant progressivement entre son être propre, dans sa profondeur vibratoire reconnue & les plantes qui l'invitaient, muettes

  • à les observer,
  • à effleurer leurs mondes,
  • à cotoyer leurs flux,
  • à deviner leurs étagements en projet,
  • bref à se comprendre par-delà l'indicible, dans l'impalpable même.

L'ancrage au havre se peaufina davantage à mesure que, en de fugaces instantanés de plénitude, il se reconnût être pleinement devenu adéquat au lieu.

C'est en cette tranquille assurance parvenue que le corps propre trouva une assise ferme, gouleyante & créative à souhait.

C'est par l'appropriation progressive de gestes de plus en plus adéquats que se conduit en soi une vie tout entière consacrée au bien-être de soi.

D'après un passage de la page 347 du roman Le veilleur du jour, de Jacques Abeille: « Il ne s'était fait une place propre dans l'édifice que par de lents tâtonnements. Et même, lui semblait-il rétrospectivement, par une sorte de négociation obscure et laborieuse, un dialogue inoui entre les profondeurs de son être et le monstrueux silence des pierres. »


(15 04 20) Gantés de noir, les quatre membres vont par les duites de nos cages, souverains accordés en essence au corps qui les joint. Peau ointe du peu d'eau qu'il faut pour effacer la nuit de ses replis & cavités. Bientôt l'huile assouplira encoignures & surfaces, comme s'il s'agissait de donner à l'ensemble une portance digne du jour serein qui vient. Trouver ainsi d'infinis contentements dans ces gestes pourtant quotidiens aboube d'aisance les organes conjoints.