Elle laisse son gamin  seul sur le trottoir d’une ville inconnue,  puis s’absente brièvement pour une course ou un rendez-vous. À son retour, l’enfant n’est plus là. Elle passe le reste de la nuit à le chercher, l’estomac noué de culpabilité et d’angoisse.
Elle est au volant d’une voiture sur une route étroite plongée dans une obscurité dense, pas de phares, pas de repères, impossible de contrôler la vitesse et la direction du véhicule. Parfois la situation se complique, elle est en outre prise d’une somnolence  irrépressible, ses yeux se ferment, elle sursaute, essaie de se concentrer pour garder un cap improbable dans la nuit noire.
Elle plonge dans une piscine, l’eau est épaisse et peu profonde. Elle reste plantée tête en bas, le corps dans le liquide jusqu’à la taille, les jambes pédalant dans l’air. Impossible de s’immerger complètement et ressortir la tête pour respirer.
Elle voit une pièce nue,  baignée de lumière blanche,  au centre un corps inanimé repose sur une table étroite. Un personnage, vu de dos,  saisit une scie circulaire et découpe la poitrine du gisant en suivant la ligne du sternum. Pas de son, pas de sang.
Elle perd ses dents,  sa chevelure pousse jusqu’au sol, elle tente désespérément de composer un n° sur le cadran d’un téléphone antédiluvien, elle court contre le vent pour échapper à des mains ennemies, elle se planque sous les voitures pour éviter des tirs de mitraillettes, …
Au réveil, immanquablement, elle est en vie, en sueur, la gorge nouée, mais les dents bien alignées, les cheveux courts en bataille.
Un jour pourtant, son père  sera allongé sur une table d’opération, la poitrine ouverte d’un coup net de scie chirurgicale.