PLUS TENDRE QUE LA LANGUE d'une maman chien toilettant ses petits, la lavette affairée prodigue son quota quotidien de câlins Sunlight citronnés aux chevreuils clairons gibecières faisans fusils marcassins plastifiés, témoins muets des petits-déjeuners expédiés avec Banania renversé et Bénédicité abrégé, longs silences partagés avec rêves scratchés et peaux de saucisson recrachées, rires escamotés sous nappe cacaotée, œufs au beurre noir, décapités, brouillés, à tout jamais avec la bouilloire astiquée, sidolée, gestes domestiqués, couennes remastiquées, coups de canif un peu lestes, mauvais restes, et d'autres micromassacres ménagers.
Que d'étoiles bousillées sur fond de toile cirée !

LE CUL INCANDESCENT d'une cocotte a auréolé de noir le brâme d'un cervidé groggy sous l'oeil charbonné de sa biche ô ma biche, marqué du stigmate d'un cigare mal éteint.
Un sanglier planqué derrière le cendrier se coltine les mégots à tire-larigot.
Tous ébats et tendres cavalcades ad vitam eternam reléguées, un faon gâcié, ne se sentant pas l'âme d'un ramasseur de peaux de lapin, s'est éclipsé vite fait.
Hors champ de bataille, tout n'est que luxe  délice calme et volupté : je lui file mes croûtes, il me lèche les pieds.

LA SOLITUDE VÉGÉTALE a perdu tous ses droits: la guirlande automnale couronnant le massacre s'est à force de coups de coudes et de coutelas, languissamment étiolée, puis quasi effacée.
Bye bye fraises des bois, sauvages mûres, feuilles de chêne, glands innocents, amanites qui n'auront jamais tué une mouche, soustraites for ever à la laideur du péché !

PLANTÉ À L'ÉPICENTRE du rectangle de carnage forestier, miraculé, un petit vase aux bords dorés. Six immortelles mordorées y séjournèrent tout un été. C'est un vase déserté, un vase ouvert, un vase vide, un vase en paix.