L’air conduit le passage,
apparaît à l’orée des narines,
descend, contraint par la force du vent,

au-dedans de soi,
frôle les cordes où peut
s’y faire une vocalise au retour.

La nuit ne peut rien d’autre
qu’éclairer un chemin de traverse.
L’énergie s’immisce dans l’univers clos

que le cocon tisse à même le soi,
enceint de sa propre chaleur.
L’éveil densifie l’habileté de soi

à y faire circuler le flux universel
sans agent ni volonté autre
que celle d’y affleurer dans la moiteur close

« où l’attendent frileuses et tièdes les peaux de ses songes dont elle redouble sa nudité »
(Léo Barthe, Petites pages pour un page, 23)

Nulle fièvre là,
juste une trace
attentionnée & douce.

« Nul ne sait le secret de sa mission en cette contrée. » (id, 30)

Seul le corps sait la part qu’il prend
au circulement de son essence.
Émané de la puissance imagée de la pose,

le corps s’émancipe
sur les jambes repliées sous soi,
confiant à la flanelle de la couette

un frotté dorsal.
Une huile d’abondance
engloutit la fente

qui assouplit la raideur
puinée de l’attouchement.
Se confirme le lieu,

l’attention éveillée
par un redressement contenu
au coeur même qu’enlace toute la vie

comme un corps que
décale sans préjudice
un éveil ennuité.

La chaleur liquide d’une tisane
s’épanche dans le sillon tranché
& parcourt chaque papille de l’émotion

où plane l’obscur mystère
de ses origines
sans autre référent qu’un glissando

-plénitude en direction des reins
& de la vessie qui en offrira
après que le corps se fût servi

des nutriments adéquats
de quelque plante lointaine
& sans autre identité connue.

C’est à l’intuitif
d’un vagabondage ému
que se doit

l’épanoui engrangé.
Aussi à ce soin attentionné porté
à conserver endéans le soi

la chaleur aînée.
Seule une diffusion intrinsèque,
abritée à même le soi,

lové dans son immobilité apprise,
tout à sa discrète propension
à s’y conserver sans détour.

La fluidité s’émancipe avant la reprise.
La position cadencée de soi,
sur ce fond diffus

porteur d’essence impersonnelle,
si improbable avant la mutation,
devenu épisode conservé

sitôt qu’elle éclôt
par pulsations ingénues
à même la matrice

sans y laisser d’empreinte.