« La guerre, c'est la guerre des hommes; la paix, c'est la guerre des idées. » Victor Hugo (1802 - 1885)


La paix n'est pas seulement l'absence de guerre.
C'est la vertu qui naît de la vigueur de l’âme. Baruch Spinoza.


PAIX
« L’absence, non de conflit, mais de guerre.
Ce n’est pas encore la concorde, mais cela vaut mieux,
presque toujours, que la violence armée ou militaire.
Ce presque ne va pas de soi:
c’est ce qui distingue les pacifiques des pacifistes (voir ces mots).
« S’il faut appeler paix
l’esclavage, la barbarie ou l’isolement,
disait Spinoza,
il n’est rien pour les hommes
de si lamentable que la paix. »
(Traité politique, VI, 4 ; voir aussi V, 4).
Et rien de meilleur
si elle va avec la justice et la liberté. »
A. Comte-Sponville, Dictionnaire philosophique, 2e édition.


PACIFIQUE

Toute guerre est atroce, c’est une banalité qu’on ne répétera jamais assez. Être pacifique, ce n’est pas une opinion: c’est une vertu, et qui voudrait en manquer ? Toutefois cela n’implique pas que toute paix soit bonne, ni même acceptable. C’est ce qui distingue le pacifique du pacifiste. Être pacifique, c’est désirer la paix, c’est chercher à l’obtenir ou à la défendre, mais pas à n’importe quel prix et sans s’interdire absolument la violence ou la guerre. C’est la position de Spinoza: la guerre ne doit être entreprise qu’en vue de la paix, et d’une paix qui soit celle non d’une servitude mais d’une population libre. C’est la position de Simone Weil: toute violence est mauvaise, mais non pour cela toujours condamnable; la non-violence n’est bonne que si elle est efficace, ce qu’elle n’est pas dans toutes les situations (« cela dépend aussi de l’adversaire »). Être pacifique, pour le dire d’un mot, c’est de faire la paix son but. Cela ne prouvepas, hélas, qu’elle suffise toujours comme moyen. (A. C-S, id.)


PACIFISTE
Être pacifiste, ce n’est pas une vertu, encore moins un vice; c’est une opinion, une doctrine ou une idéologie, qui juge que toute guerre est non seulement mauvaise, ce qui est bien clair, mais encore nuisible ou condamnable, qu’elle ne saurait être justifiée par rien, enfin que la paix, en toutes circonstances, vaut mieux. C’est à peu près la position d’Alain (encore acceptait-il, sur le territoire national, des guerres purement défensives), c’est à peu près celle, aujourd’hui, de Marcel Conche, et ces deux noms suffiraient à me la rendre acceptable. Toutefois, cela fit aussi d’Alain un Munichois, certes pour d’estimables raisons (par pacifisme, par antimilitarisme, l’un et l’autre renforcé par le traumatisme de la Première Guerre mondiale), mais sans que je puisse, sur ce terrain-là, tout à fait le suivre. Qu’il n’y ait pas de guerre juste, comme me l’a souvent répété Marcel Conche, j’en suis bien d’accord, si l’on entend par là une guerre qui ne tuerait que des coupables. Mais n’est-ce pas confondre la guerre, précisément, avec la justice ? Il ne s’agit pas de punir, mais d’empêcher ou de vaincre. Que toute guerre soit injuste, dans son atroce déroulement, cela ne prouve pas que toute paix soit supportable, ni même admissible. (A. C-S, id.)


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