L'objet unique de cet essai est de stigmatiser la manière dont nos autorités politiques communiquent avec nous. Il ne s'agit pas ici

  • de remettre en cause l'existence d'une pandémie d'ampleur mondiale
  • ni d'y voir des signes quelconques annonçant de multiples effondrements à venir.

J'essaie d'activer un certain nombre de concepts philosophiques que j'ai retenus de mes lectures, et de les mettre à l'oeuvre dans ce cadre signifiant.

L'analyse s'éclaire d'une hypothèse de départ concernant la déliquescence du système de penser la santé; les autorités politiques ont dès le début de la pandémie souhaité protéger la faiblesse de notre système de santé plutôt que de renforcer ce système en parant à ses très nombreuses faiblesses de manière massive & pérenne. Même si, émotionnellement, superficiellement, la préoccupation répétée en boucle de NOUS protéger n'était pas absente bien sûr. L'implosion, en tout début de pandémie, du système de santé italien d'une part & des systèmes indien & brésilien plus récemment d'autre part semblent révéler l'ampleur des dégats infligés à cet endroit, dont l'essentiel aurait dû être tenu à l'écart de la marchandisation forcée et ne l'a pas été. Presque nulle part.

S'y formule aussi quelques propositions terminologiques en vue de remplacer des expressions vides ou stigmatisantes:

  • gestes solidaires au lieu de gestes-barrière;
  • activités peu à risque/activités où un risque modéré est encouru/activités très à risque, au lieu du stigmatisant & binaire essentiel/non essentiel;
  • distanciation physique, se tenir à distance solidaire d'autrui au lieu de cette distanciation sociale.

Le langage employé serait alors plus respectueux des personnes. Il ferait davantage sens, au lieu de communiquer sur le vide...


PLAN

  • INTRODUCTION
    • L'objet unique de cet essai
    • Une hypothèse de travail
    • Quelques propositions terminologiques plus satisfaisantes
  • PREMIÈRE PARTIE: Plan large
    • Pourquoi est-ce que cela marche mieux en extrême-orient ?
      • Prévention des risques existants
      • Préparation aux risques futurs
    • Zoonoses
  • DEUXIÈME PARTIE: Plan resserré
    • Calculs sur les grands nombres & pas sur les variations quotidiennes
    • Deux sources supplémentaires
      • Après le Combien sommes-nous ?, ceci:
      • Combien meurt-il de personnes en Belgique une année "normale" ? Par normale, j'entends "sans pandémie" ou "avant la pandémie actuelle ?
  • TROISIÈME PARTIE: Prendre du recul pour mieux sauter
    • Philosophiquement
      • Enseignements sur la manière d'agir de nos autorités politiques
    • Paires de contraires
    • L'inauthentique règne en matière de communication politique
    • Quelles conséquences ?
    • Paradigme occidental moderne classique
    • Comment ça ?
    • La confiance perdue
    • Le principe du tiers inclus
  • CONCLUSION
    • Une mise à distance salutaire
    • La notion de limite
    • La transition vers une gestion prédictive
    • regagner la confiance
    • Dans le sillage de Greta Thunberg

Première partie: PLAN LARGE

L'enquête va se dérouler en trois volets: le premier dévoile un plan large & entreprend de répondre à cette question:

Pourquoi est-ce que cela marche mieux en extrême-orient ?

Quelques statistiques pour servir de base à votre réflexion:

Le Japon compte au 5 mars 2021, environ 436 800 cas confirmés de la maladie du coronavirus (Covid-19), dont environ 12 300 hospitalisations pour cas aggravé  ou en attente d’hospitalisation et 3 857 décès. source

En Belgique, 960.169 cas confirmés de la maladie du coronavirus, dont 68.352 personnes hospitalisées & 23.857 décès. Y a comme un stuud, non ? alors que la population totale du Japon est dix fois plus nombreuse que celle de Belgique... en 2020 le Japon comptait 126.476.461 d'habitant·e·s; la Belgique, 11.589.623 source

  Japon  Belgique
Population totale  126.476.461  11.589.623
cas confirmés  436 800  960.169
Hospitalisations    12 300    68.352
Décès      3 857    23.857


Sortir du cadre offre souvent l'occasion de percevoir le réel "avec d'autres yeux, sous-entendu "percevoir mieux". Cet exercice de décentretement, F. Keck s'y est livré & nous fait profiter des enseignements qu'il en a retirés.

Comprendre le pourquoi tient en deux approches différentes: nous utilisons l'approche préventive en protégeant les "groupes à risques", tandis que l'extrême-orient a adopté l'approche de préparation. Il prépare l'ensemble de la population à être confrontée à une pandémie, le plus souvent initiée par une zoonose, la transmission d'une maladie animale à l'humain.

Deux outils permettent d'en savoir beaucoup plus.

Le premier est un ouvrage de Frédéric Keck publié aux éditions Zones Sensibles en 2020, intitulé Les sentinelles des pandémies. C'est la source principale qui a servi de base pour différencier les deux stratégies possibles: prévention des risques déjà existants vs préparation aux risques à venir.

La seconde source est un entretien accordé par ce même auteur à la Revue Dérivations en mars 2021, en son 7e numéro. Voici les deux couvertures & des liens permettant d'en savoir davantage.

C'est en essayant de saisir un phénomène dans ses paramètres larges que sa compréhension devient située et donc plus compréhensible. Je doute peu que notre ministre de la santé soit conscient du plan large. Pourtant, en bon Occidental, il a eu recours à des moyens qui ressortissent davantage des techniques autoritaires d'un État de plus en plus policier (& en Belgique, nous avons de la veine par rapport à nos voisins français) plutôt que de distiller aussi des éléments de compréhension du haut des tribunes qui lui sont dressées. Souhaitons-lui, souhaitons-nous qu'il rebondisse en recourant à d'autres arguments, notamment financièrement significatifs, moins éculés donc que le tout ou rien, trop binaire. Ou le tout sécuritaire qui s'accompagne d'un rigorisme budgétaire nuisible à l'encontre des services publics.

 Lien vers l'éditeur ZS Vous y trouverez entre autres
la table des matières & des extraits de l'ouvrage.

Il avait également accordé un entretien long au site
Lundi matin. Il en ligne ligne en suivant ce lien.

 En cliquant sur la couverture, la table des matières apparait.
Cet entretien est excellemment mené & permet à F. Keck de
préciser son propos en moins de pages que dans son ouvrage,
pourtant absolument séminal.


L'auteur met en lumière deux stratégies de lutte contre une pandémie:

  • la première, la nôtre, & celle de choisie par l'Occident en général, est basée sur la prévention des risques existants. Cela consiste principalement à isoler les personnes courant le plus de risques de mourir au contact avec le virus, une fois que le virus est présent sur un territoire. La notion de territoire donne lieu à une réflexion séminale disponible ce 12/5/21 sur le site La vie des idées, en suivant ce lien: La mondialisation du confinement / Une faille dans la planétarisation de l’urbain ?
  • la seconde stratégie consiste en une préparation aux risques futurs en installant des sentinelles susceptibles de d'alerter des lanceurs/lanceuses d'alerte en cas d'apparition d'une maladie virale neuve. L'exemple typique sont ces poulets non vaccinés qui sont mélangés aux poulets vaccinés dans les trop nombreux élevages industriels qui tapissent nos territoires. il est en effet largement admis parmi les spécialistes que les virus qui perturberont l'humain dans le futur seront des zoonoses.

Zoonoses

Juste pour donner une idée de l'ampleur du nombre d'animaux d'élevage présents sur le territoire belge, le graphique de synthèse ci-après est extrait des "Chiffres-clés de l'agriculture 2020" librement téléchargeable en cliquant sur ce lien. (stabel) Il y a à la grosse louche entre cinq et six fois plus d'animaux élevés pour leur viande sur notre territoire que d'humains ! Donc, la probabilité de voir apparaitre des zoonoses y est élevée: la peste porcine, la grippe aviaire & la maladie de la vache folle (encéphalopathie spongiforme bovine) sont des calamités qui ont frappé une agriculture dont l'industrialisation effrénée dépasse depuis longtemps les bornes du tolérable !

La seule parade possible dans une stratégie visant à prévenir de risques déjà existants est alors l'abattage systématique. C'est bien sûr un autre débat, mais cela démontre à suffisance l'interconnexion de nos choix de société avec les pandémies à venir. Sans remise en cause de notre modèle général, cela s'aggravera. Manger moins de viande fait évidemment partie de la solution.

Heureusement donc que nos autorités politiques n'aient pas choisi l'abattage systématique des populations humaines à risque... dans cette pandémie-ci ! Notez que, dans l'état exsangue dans lequel elles ont mis notre système de santé depuis 30-40 ans, on a frôlé la catastrophe quand même ! Rappelez-vous nos aîné·e·s abandonné·e·s dans leurs mouroirs... lors du premier confinement. Les confinements successifs sont donc un incontestable moindre mal, non, par rapport à l'abattage ?

L'urbanisation galopante et le rapprochement avec tous les animaux (aussi bien les exploités que les sauvages) qui en découlent rendent inéluctables l'apparition d'autres pandémies dans un futur plus ou moins rapproché.

Mr Mondialisation a consacré une chronique très documentée aux zoonoses intitulée: Les pandémies, à cause de nous ? Des chercheurs conseillent de modifier notre stratégie de lutte en augmentant notre préparation aux risques futurs.  The global virome project va dans le même sens que F. Keck dans son ouvrage récent donc.


 

Deuxième partie: Plan resserré

Nos autorités politiques ne nous parlent jamais avec les statistiques figurant dans ce tableau & celles que je présente dans cette deuxième partie. Pour autant, elles sont disponibles au simple citoyen informé que je suis: le tableau consiste en les deux premières colonnes du tableau publié quotidiennement par les autorités politiques & scientifiques belges. La RTBf les relaient chaque jour. Celui-ci établit la situation au 22 4 21 et a été publié le lendemain.

L'absoluïté des chiffres ainsi délivrés

  • est uniquement destinée à faire peur
  • & masque la relativité de leur importance.

Une remise en contexte aurait dû avoir lieu

  • pour nous permettre de passer à autre chose,
  • aussi pour rendre beaucoup plus lisible une situation qui, avec "la communication" telle qu'elle nous est servie, obscurcit le plan large de manière irrémédiable.

Cette remise en contexte ne semble jamais avoir eu lieu auprès de nos autorités politiques. Jusqu'à présent, en tout cas. Pire, quand elle est suggérée, leurs auteurs sont voués aux gémonies, comme le recteur honoraire de l'ULiège, Monsieur B. Rentier en a lui-même fait les frais à ses dépens.


Calculs sur les grands nombres et pas sur les variations quotidiennes
En effectuant de simples divisions sur les grands nombres qui résultent du cumul de cas depuis l'apparition de la pandémie, voici ce que cela donne:

  • 68.352 personnes ont été admises dans un hôpital /sur 960.169 personnes qui ont été détectées comme porteuses du virus actuel = Cela représente 7,12 % de personnes infectées qui ont été admises à l'hôpital.
  • Si on ajoutait au dénominateur les personnes infectées non-détectées, le pourcentage de celles qui ont été hospitalisées serait probablement encore inférieur car il est vraisemblable qu'un grand nombre de personnes infectées de façon bénigne n'ont pas été détectées par les radars-mouchards officiels. Les chiffres officiels sont (très) théoriques donc.

  • Sur les 960.169 personnes qui ont été détectées comme porteuses du virus actuel - retirons les 68.352 personnes hospitalisées = cela donne 891.817 personnes infectées non admises à l’hôpital. Cela représente 92,88% de personnées qui ont été infectées qui n'ont pas dû se rendre dans un hôpital.

Probablement plus donc.


  • 23.867 personnes sont décédées après avoir contracté le virus/ sur 960.169 personnes qui ont été détectées comme porteuses du virus actuel = Cela équivaut à un taux de mortalité de 2,48 % sur le total de personnées infectées depuis le début de la pandémie. 22 4 21 source rtbf

Le nombre absolu de morts est impressionnant dans l'absolu bien sûr. Je me suis donc penché sur deux sources supplémentaires.

  1. Combien sommes-nous ?
    La population belge est estimée au 21 4 21 par WORLDOMETER à 11.630.075 personnes.

  • 960.169 personnes ont été détectées comme porteuses du virus actuel; la population totale s'élève à même date à 11. 630.075 =Le résultat de la division s'élève à 8,25 % de la population a été infectée. C'est considérable. Rien que ce pourcentage devrait suffire à nous voir exercer une prudence à l'égard de soi & à l'égard des autres, non ?

  • Donc 11.630.075-960.169 = 10.669.906 personnes vivant en BE n’ont pas été infectées.
    En %, cela donne: 10.669.906 personnes non infectées depuis l'apparition du virus actuel /11.630.075 = 91,74 % de la population n’a pas été infectée par le virus.

Bref, on est loin des pandémies de peste au Moyen Âge qui a effacé "un tiers de la population de toute l'Europe occidentale" voire même de la pandémie de grippe dite espagnole au sortir de la première guerre mondiale.


Ce que l’on ne nous dit jamais. Il suffit d’une calculette, pourtant.


  1.  Après le Combien sommes-nous ?, ceci:
  2. Combien meurt-il de personnes en Belgique une année "normale" ? Par normale, j'entends "sans pandémie" ou "avant la pandémie actuelle ?

La source consultée pour répondre à cette question est statbel.

  • 110.645 personnes sont décédées en 2018 contre 109.629 en 2017, soit une hausse de 0,9%.
    La mortalité générale reste conforme à la moyenne de ces 10 dernières années avec un taux brut de mortalité de 9,7 pour mille (9,7 en 2016).

Dans un communiqué publié le 15 1 21, stabel: "Un peu plus de 127.000 décès ont été provisoirement enregistrés en 2020. Cela représente

  • quelque 18.000 décès (17%) de plus qu’en 2019
  • et 16% de plus que la moyenne de la période 2017-2019."

Donc, sur l'année 2020, la surmortalité s'élève entre 16 & 17% de morts supplémentaires.

À la rubrique "mortalité générale", un intéressant graphique concerne le taux brut de mortalité sur septante années: attention à l'unité: ici ce ne seront pas des % mais des %° - pour mille !

source

On y voit bien l'accroissement annuel sur l'année 2020. Cela dit, ...


Je ne suis pas statisticien; je ne conclurai donc rien à ce niveau. Quelques divisions effectuées sur les grands nombres dégagent des pourcentages qui révèlent probablement une partie des raisons du ras-le-bol généralisé qui semble se manifester.


Troisième partie: prendre du recul pour mieux sauter ?

PHILOSOPHIQUEMENT,

« Il appartient aux philosophes d'offrir leur aide à celles & ceux directement impliquées dans l'actualité en vue d'aboutir à une compréhension personnelle plus dynamique, une interprétation qui prenne en compte la venue d'un futur plus juste♠  Les philosophes peuvent tenter de donner davantage d'ampleur, d'augmenter le contraste & parfois d'élaborer du sens dans ce qui est déjà formulé ou accompli par les acteurs sociaux eux-mêmes♠  Il s'agit en d'autres termes de les aider à formuler de manière plus critique l'interprétation qu'ils en donnent♠  Philosopher peut alors aider "une histoire du futur" à accoucher d'elle-même♠ » Traduction personnelle, d'après Michael Marder, Resist like a plant ! On the vegetable life of political movements, in Peace studies journal, vol. 5, issue 1, January 2012.

Philosophiquement, je suis frappé par la binarité des raisonnements tenus par nos autorités politiques: tout est noir ou tout est blanc; pas d'entre-deux. Or, le réel n'est jamais binaire. Comme si elles nous considéraient comme incapables de saisir des nuances, même simplifiées.

Les chiffres, toujours les mêmes, qu'elles nous serinent à longueur d'année maintenant sont d'une monotonie abyssale & sont la marque d'un manque assez absolu de créativité !

  • Non seulement, c'est monotone,
  • mais en plus cela révèle une propension à regarder la situation par le petit bout de la lorgnette.

source

Bon, je me lance ? Ce qui suit est probablement encore amené à évoluer à mesure que ma réflexion s'affinera.


Quelques enseignements me semblent pouvoir être tirés sur la manière d'agir avec nous de la part de nos autorités politiques. Elle est assez révélatrice, au vu de l'uniformité des réponses occidentales à la crise, là où règnent, fût-ce de manière diffuse, les trois religions monothéistes du Livre. En gros, cela pourrait entre autres tourner autour d'au moins quatre PAIRES DE CONTRAIRES:

  • absolu/relatif,
    • ou encore "regarder par le petit bout de la lorgnette des chiffres absolus non situés les uns par rapport aux autres, non relativisés les uns par rapport aux autres;
  • espoir/déception,
    • ce mouvement perpétuel, ce va-&-vient répétitif (voir Perpetuum mobile); effet yoyo-garanti ! Il suffit de repérer le nombre de fois que l'expression "j'espère" introduit une phrase officielle pour se rendre compte de l'imprégnation profonde de ce cycle nuisible sur notre ... santé ! L'espoir fait ainsi preuve d'un messianisme désuet; l'espoir est en effet la forme moderne, camouflant l’ancienne vertu théologale: l’espérance est une des trois conditions pour accéder au paradis chrétien; les deux autres sont la foi & la charité...
  • confinement/déconfinement,
    • avec ces nuances cycliques infinies d'essentiel/pas essentiel...
  • cohérence/incohérence,
  • ...

L'inauthenique règne en matière de communication politique

Nous ressentons vaguement que nous sommes manipulés lorsque nos autorités politiques & scientifiques sélectionnent quelques chiffres, toujours les mêmes depuis le début. Elles nous rebatent les oreilles jusqu'à plus soif avec pour seul objectif de nous faire suffisamment peur pour que la situation ne révèle pas combien le système de santé a été rudement mis à mal en devenant un système de production de richesses comme un autre, en s'étant commercialisé à l'extrême. Nous sommes devenus des client·e·s; il y a trente ou quarante ans, nous étions davantage pris en compte comme patient·e·s. Pour rappel, c'est en 1981 qu'un numerus clausus a été mis en place pour "réguler" le nombre de médecins.

Cela a marché un temps. Cela ne marche plus. "Les gens" ne sont pas c... non plus: même s'ils ne se sont pas livrés aux calculs que j'ai effectués, ils les perçoivent de façon intuitive.

& bien sûr ils sont "punis" quand ils attrapent le virus (8,25% de la population belge a été infectée) & ils sont condamnés aux galères quand ils doivent être hospitalisés (7,12% des personnes qui ont été infectées par le virus càd 68.352 personnes depuis l'apparition du virus). Pourquoi punir toute une classe quand seuls 8,25% des élèves ont "fauté" ? Comme prof, je n'ai jamais manié ce genre de punition unilatérale injuste. Nos autorités politiques, elles, oui. Cette injustice dissimule mal le mépris profond dans lequel elles nous tiennent.

Une meilleure authenticité dans la communication des autorités politiques & des expertes/experts scientifiques "officiels" serait la bienvenue. Je formule l'hypothèse qu'en nous livrant tous les chiffres, ils/elles réintroduiraient davantage de confiance qui à son tour pourrait voir croître la part de COMPORTEMENTS RESPONSABLES au sein de la population. Les comportements resteraient plus cohérents dans la durée; ils donneraient moins lieu à des fluctuations provoquées par des frustrations ressenties comme insupportables & débouchant sur des comportements propagateurs de ce virus qui est opportuniste: tablées familiales de 20 personnes, mariages anversois clandestins, des gîtes transformés en teufs amicales etc.


Quelles conséquences ?

Des comportements à risque s'installent aussi par un relâchement généralisé: trop de nez dépassent des masques; trop peu de mains profitent du gel hydroalcoolique généreusement mis à disposition un peu partout = "on" n'a pas suffisamment bien expliqué:

  • comment les virus se propagent...),
  • l'utilité des gestes solidaires,
  • & les distances physiques entre nous, peut-être bien aptes à diminuer la propagation virale, sont de moins en moins respectées...(quelle idée aussi d'aller baptiser cela distanciation sociale, et à quoi sert l'Europe ? En France 1m, chez nous 1.5m tandis qu'au au Royaume-Uni elle est presque de 2m...

Ne pas/ne plus y adhérer est peut-être le seul moyen que trouvent "les gens" pour manifester leur opposition égoïste, non solidaire "au système". Cela n'est pas forcément une bonne idée pour leur santé et celle des autres, mais en ont-ils seulement conscience ? &, pire, s'en soucient-ils ? Ce n'est évidemment pas le monde politique l'ennemi, même s'il est largement responsable de la gabegie actuelle, mais le virus. C'est lui qu'il s'agit de maitriser puis d'affaiblir afin de finalement l'éliminer. Ce processus peut prendre du temps.

Ah oui, & gestes solidaires, vous en auriez pensé quoi ?


Donc, pour résumer: communication authentique de la part des autorités politiques = comportements plus cohérents des citoyen·ne·s. Davantage de responsabilité, voire d'attention portée à respecter les gestes solidaires, qui sont faciles à respecter & de simple bon sens. La vigilance générale dans la vie de tous les jours s'en trouverait encore accrue. Pour la simple raison que nous nous sentirions respecté·e·s & non méprisé·e·s par tant de non-dits accumulés.

Une phrase que j'aimerais avoir entendue dans la bouche du ministre de la santé, par exemple:

"Je sais bien que par le passé j'ai contribué, en tant que ministre de la santé déjà, à mettre à mal le système de santé

  • en supprimant trop de lits dans les hôpitaux,
  • en raccourcissant la durée des hospitalisations (je ne voudrais pas être une femme récemment accouchée...),
  • en instaurant des opérations bénignes qui se déroulent sans nuitée,
  • et surtout en ayant introduit des quotas sur le nombre de médecins ayant accès à un numéro INAMI,
  • etc."

Ce serait authentique de reconnaitre des erreurs commises dans le passé & de s'engager à les corriger. Le mouvement La santé en lutte ne dit rien d'autre; pourtant Vox clamans in deserto !  Entendre un ministre belge nous tenir de pareils propos tient du rêve éveillé. Madame Ardern, la première ministre néo-zélandaise, s'y tient pourtant brillamment avec des chiffres pandémiques fort réduits par rapport aux nôtres. Bien sûr deux îles... Mais il n'y a pas que cela: elle jouit de la confiance de sa population. Sa communication est bien plus authentique.


Augustin Berque, un géographe spécialiste du Japon, dans son Glossaire de mésologie (éd. éoliennes, 2018) qualifie de Paradigme Occidental Moderne Classique (il l'abrège en POMC) notre système de pensée. Extraits:

« Appareil caractérisé notamment par

  • le renversement copernicien,
  • le dualisme & le mécanisme cartésiens,
  • l'espace & le temps absolu de Newton,
  • le matérialisme,
  • le capitalisme,
  • l'individualisme méthodologique issu du nominalisme médiéval
  • & l'individualisme ontologique introduit par la subjectité moderne.

[Cet appareil] a été ébranlé dès le XIXe siècle par

  • les géométries non euclidiennes
  • & le marxisme

& au XXe siècle

mais règne encore dans ce que l'on considère ordinairement comme la réalité ... »

Bref, le Paradigme Occidental Moderne Classique, le système dans lequel nous vivons, nous raconte des craques et nous fait commettre des erreurs...


Comment ça ?

Prenons un seul exemple dans les paires de contraires déjà citées: CONFINEMENT/DÉCONFINEMENT.

Nos autorités politiques oscillent constamment entre ces deux termes: un coup on nous confine, un coup on nous déconfine pour certaines activités, qui semblent arbitrairement choisies (& ne le sont pas forcément...). & on reprend: on nous reconfine (on a été méchants, c'est ça ? On nous met au coin... Bref, on nous infantilise à défaut de faire appel à notre côté rationnel.) & puis on rouvre prudemment les vannes... Cela parait être un cycle sans fin, uniquement dicté par les chiffres qu'on veut bien nous seriner à longueur de journaux télévisés. C'est lassant à la fin. Réinvestissez tout de suite dans notre système de santé plutôt que de saupoudrer individuellement des aides économiques... (Ah ces gouvernements de coalition ! Soupir pfffiou...)

Or, je ne "crois" pas à la mauvaise volonté de notre duo premier ministre/ministre de la santé en Belgique. Ils ont l'air sincère. ils voudraient bien faire & font effectivement bien mieux que le gouvernement quasi-monocolore MR précédent & ultra-minoritaire. Mais ils sont à l'étroit dans leur costume paradigmatique occidental moderne classique. Notamment en voulant préserver le système de santé très rudement mis à mal par le capitalisme, avec leur aide active. Pour rappel, le capitalisme fait partie du POMC, si l'on en croit l'oeuvre d'A. Berque. & cela leur fait utiliser des moyens uniformes (qui ont une seule forme).


La confiance perdue

Nous avons perdu confiance dans notre système politique ? Il ne fonctionne plus correctement. Cela ne date pas d'hier. D'où la montée des extrêmes (PVDA-PTB/Vlaams Belang-NVA en Belgique et, pour partie le MR).

Bref on fait quoi ? Réintroduire de la nuance, peut-être ? Sortir du tout ou rien ?

Peut-être qu'en introduisant un moyen terme entre CONFINEMENT & DÉCONFINEMENT on aérerait un peu pour chasser l'air vicié de faux débats comme celui autour de la paire ESSENTIEL/PAS ESSENTIEL. La personne qui est responsable du choix de cette paire de contraires a introduit un système de valeurs stigmatisant. Elle devrait s'en mordre les doigts jusqu'à la fin des temps ! Peu à risque / faisant courir un risque modéré / très à risque pourrait utilement la remplacer.

Un bête exemple: l'ampoule intérieure de mon frigo vient de "me lâcher". Le commerce que je sais détenir l'ampoule neuve est devenu essentiel pour moi. Or j'ai dû attendre qu'une mesure générale soit levée pour pouvoir m'y rendre. Je ne pense jamais en termes essentiel/non essentiel; cela fluctue. Je connais ce magasin spécialisé. Je m'y rends chaque fois que le besoin s'en fait sentir. & bien sûr la commerçante & moi sommes des personnes conscientes des risques: nous étions toutes les deux masquées; en plus une vitre nous séparait & j'étais le seul client à l'intérieur. Nous faire confiance aurait été une bonne idée, non ? Cela aurait évité l'effet yoyo un coup j'te ferme/un coup j' t'ouvre; même chose avec Yves, mon coiffeur. Nous nous connaissons depuis des années.


Bon. Comment on introduit le moyen terme, alors ? C'est avec le principe du tiers inclus qu'on va pouvoir réfléchir.

Tenir des raisonnements moins binaires va nous aider. Introduire de la nuance autrement dit. Un seul exemple.

Quand nous souffrons, les médecins nous demandent de qualifier notre douleur sur une échelle de 1 à 10. Ils nous invitent à nuancer notre propos au moyen de pareilles échelles:

Appliquée à notre paire de contraires, O = pas de confinement (càd pas de pandémie !); & 10 = confinement total comme entre mars & mai 2020. Donc, quand elles le veulent, nos autorités politiques savent faire preuve de nuance. L'ennui c'est qu'elles sont les seules à décider... avec l'aide des expertes/experts dans le cadre d'un système de pensée occidental classique qui est vicié comme le démontre avec pertinence A. Berque.


Le principe du tiers inclus pourrait donc

  • à la fois prendre en compte l'existence du virus – elle est incontestable & malheureusement beaucoup trop de monde met cela en doute –,
  • & nous faire davantage confiance en réinstaurant celle-ci en faisant parler TOUS LES CHIFFRES avec authenticité. Cela nous livrerait l'ensemble du tableau & chacun/chacune pourrait agir en conséquence, en suivant les directives qui s'appliquent à son cas parce qu'il aurait compris le cadre général, la manière dont un virus agit, etc.

Par exemple, j'ai 67 ans. Je fais gaffe donc. (j'ai kça à faire, j'suis retraité, non ?). Cela fait un an que j'ai accepté de m'autoconfiner par défaut, obligation faite ou pas. Inutile que j'encombre les magasins quand les actives & les actifs font leurs courses après le travail ou le week-end. Je choisis d'aller acheter une lampe de frigo en début de semaine & en matinée plutôt qu'en fin d'après-midi à la sortie des cours, & bien sûr, parce que je suis prudent & respectueux des autres, je me lave les mains en entrant dans la boutique, je porte un masque et je me tiens à distance de la commerçante et des autres client·e·s. Évidemment, il ne me viendrait pas à l'idée d'aller écouter un concert de Bernard Lavilliers dans une salle bondée. Je me contente pour l'instant de réécouter ses cds. Mais bon... est-ce pour cela qu'il faut maintenir fermées toutes les salles de spectacles ? Ne peut-on pas ici aussi introduire de la nuance comme les personnes qui travaillent dans la culture nous l'expliquent en vain depuis des semaines ?

Bref, j'ai adopté un comportement COHÉRENT avec ce que j'ai compris de ce que doit être une attitude responsable en temps de pandémie. J'veux pas être cruel mais le nombre de nos concitoyens qui ne se tiennent plus à ces quelques mesures de bon sens augmente chaque semaine. Sont-ce les mêmes qui brûlent les feux rouges & dépassent la vitesse limitée sur route ? Hypothèse...

Toutes les mesures liberticides prises visent à nous déresponsabiliser donc.


Conclusion

La prise en compte des deux stratégies si clairement formulées par Frédéric Keck nous offre une belle mise à distance permettant de mieux appréhender une situation qui s'éclaire,

  • parce que, au départ, elle est probablement mal perçue par les citoyens/citoyennes,
  • & parce qu'elle est bien mal décodée par la majorité de nos autorités politiques qui n'ont comme recours que
    • l'index levé, grondant...,
    • le coin en guise de punition,
    • la matraque,
    • & les pompes à eau jamais loin.

Ce calfeutrement mien hors du monde, à l'écart des bruits humains de fin de journée, contribue, à titre personnel, à asseoir une concentration précieuse.


La notion de limite est souvent mal acceptée dans le système occidental moderne classique, tel que l'a défini Augustin Berque. Pourtant, au-delà de toute limite, il y a une zone qui n'est pas franchissable, quelque soit la direction dans laquelle la force s'exerce. « Au-delà de cette limite, votre ticket n'est plus valable... »


La transition entre

  • une stratégie de lutte contre une pandémie basée sur la prévention de risques déjà existants en isolant les personnes à risque une fois que le risque est présent
  • & la préparation de toute une population aux risques futurs
    • en installant des sentinelles & des lanceurs d'alerte capables d'interpréter, de donner du sens à ce qui arrive aux sentinelles,
    • tout en expliquant à la population, à chaque citoyen·ne
      • comment bien se protéger de virus transmis par zoonoses au genre humain,
      • en pourvoyant chacune/chacun de masques dits chirurgicaux, de gel hydroalcoolique,
      • ainsi qu'en intégrant dans la gestuelle quotidienne, par des campagnes de communication adéquates, tout geste susceptible de ne pas promouvoir la propagation virale, qui par ailleurs est bien comprise dans ses principes généraux

n'est pas facile à mettre en place. Elle est pourtant indispensable si nous voulons sortir de cercles vicieux délétères.

Elle passe par

  1. regagner la confiance d'une population rendue méfiante par des décennies de mépris larvé de la part d'un monde politique décidément beaucoup trop imprégné par le paradigme occidental moderne classique, en ce compris la lutte pour la première place, la plus grosse voiture, avec la plus grosse cylindrée qui accompagnent un capitalisme définitivement dévoyé dans les allées sombres du bonheur par procuration...
  2. montrer davantage de confiance envers la population qui, dans sa grande majorité est raisonnable. Même si une frange non négligeable est probablement perdue face à la déraison du monde actuel.

Il s'agit ni plus ni moins de nous réapproprier les outils de nos émancipations. C'est en cela que les lanceuses d'alerte dans la jeune génération d'adultes qui pointe son nez dans le sillage de Greta Thunberg appartiennent en plein à la solution globalisée (au niveau de notre planète Terre). Nous devons en passer par là, c'est-à-dire la remise en cause de nos passions tristes & délétères. Fatales, en un mot.

 

 

 

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