28 8 21

Charme vénéneux
ce laiteux automnal
plane, imprègne le moindre os.

La fenêtre ouverte
dépend pourtant le glauque
corps saisi au sortir

d'une nuit étonnamment
dormie d'une traite.
Lecture-scalp

Écriture aventine au Scalpel christinal.
Nîn djoyeû djoyeû
mais no volà raprindou èdon.

Comme si le brin déjà
fomentait
un lâcher-prise,
un tourné de page

sur une époque, comme si
les apprentis sages dont je suis
devaient apprendre d'autres tissages

tissés sur d'autres cadres,
les anciens étant révolus.
L'automne atonal

bétonne ses déconvenues
sous une chape laiteuse
compacte, densité abyssale

de nos envers inversés.
Il en faudra des sursauts
pour intervenir à-propos.

S'intervertir sans prendre cul pour chemise,
soubresauts capitaux désincarnés
encore de beaux jours derrière eux.

Le végétal, conscience autre,
sans émois d'égos déplacés,
indique le propos

à tenir en soi, façonne une direction.
L'unique rose, entre banc & bouddha blanc,
—Bouddha moulé blanchi sous le harnais du temps—

temps long mis à perfectionner sa robe
de rose qu'aucune eau n'habille
dans l'aube ordinaire de nos apocalypses sans date.


22 8 21

17h30

Une disposition régulière
rythme d'un pas égal,
sans urgence, asynchrone sur
l'écoulement du temps:
les deux vaquent à leur
cadençage propre.

Elle pénètre & imprègne
de sa régularité même,
sans effraction, toutes douceurs offertes,
où s'estompent nos marges d'erreur
au profit d'un coulé
chaloupé & dense
qui emplit l'espace
corporel
inérieur
d'une énergie sage,
contenue, faufilée, ardente.

Un rythme au port aisé, tête haute
se sachant si frêle
& cependant ferme
au gré de jonctions
occasionnelles.

Dosage adéquat,
le plus souvent.

*

17h11

Vivre au rythme pulsé
par la nature proche.

Détecter les pleurs
intermittents, magnétiques,

aux

effarouchements
feuillés subissant
leurs insistantes caresse.

& aux impacts sur la surface pavée & le plateau attablé.

Apprécier la précision électronique
de l'environ sonore.

Ventiler les bronches
de goulées venteuses
qui circulent par la fenêtre,
ouverte sur la symbiose animale/végétale.

Y saisir sa part au vol.

Observer les souresauts
que la lumière dépose
près du sol, battant
la mesure sur les baillements
de ces nuées ondulantes,
encolures boutonnées,
plafond bien structuré,
occlusion presque parfaite.

Effluves trempées
des senteurs jardinières.

*

Matinal,
Il va nous falloir
collectivement
quitter l'âge des afflux
pour entrer de plain pied
dans celui des flux détendus,
recentrés sur l'essentiel,
mais aussi, la plupart du temps:
capricieux, imprévisibles & déchainés.
La transition ne sera pas un âge
nous laissant une occasion
de corriger nos trajectoires
manuellement,
volontairement,
tout en nous en accommodant.
Nous le gaspillons
en ne nous y préparant pas.
Cela aura quand même lieu.

Par belle ou par laide.

Qu'on le veuille ou non,
il nous faudra abandonner
nos individualismes,
nos égotismes,
nos erreurs,
nos errances.
Nos services publics, collectifs
devront être refinancés
pour faire face ensemble
aux conséquences mortifères
de nos errements, nos inconséquences.
Notre monde est proprement
insupportable par la planète Terre
& le vivant qui s'y étiole.

Aucune personne ne s'en sortira seule.


20 8 21

Vies frêles emportées
fétus revêtus des ocres
boueuses déjections frileuses,
craintives, en replis sur elles-mêmes
les corps emportés par tant de flots furieux
partout sur la planète
se laissent en fin & trop tard
vivre aux rythmes coulés
sans efforts, juste le temps
d'y fracasser chaque fil de vie ténu
que plus rien ne retient.

*
Énergie primale de l'éveil
matinale à la nuit dérobée
tient un ordre supérieur
propice aux rangements
concoctés, réalisés
sous une conduite en maitrise.

Tant s'héberge en soi.

Une vie n'y suffit pas


19 8 21

Acclimater le corps,
en tant qu'espèce humaine,
aux désordres climatiques prévisibles,
est de l'ordre d'un engagement.
Y engager nos frêles fragilités communes
poursuivies par de frileuses ombres.
Elles finiront par nous rattraper
en rompant le fil de vie qui nous alimente,
fut-ce frugalement.


18 8 21

Vaquer à la gratuité des jours,
une sérénité lucide
sur son extrême raison d'être,

vissée à la matière même
des écarts qui nous écartèlent
si nous n'y prenons gardre.

La matière même des écarts
— le vide —
qui nous écartèle si

l'exercice prudent de la vigilance
qui nous quintessence — ciel !
tout de suite les grands mots ! —

à même le Spinoza vécu
tel qu'il se dessine
en filigrane de son Éthique.

Vaquer à la gratuité des jours,
mûe par une sérénité lucide,
se laisser aspirer puis

inspirer par la matière
déposée par quelques autrices,
d'autres auteurs, à coeur d'oeuvrages.

En disséquer à l'écrit
l'essence perçue
— d'où l'intérêt de relectures

parcimonieuses & dédiées —
pour la retrouver sur Nulle Part
& y accueillir d'autres copeaux encore;

d'anciennes fulgurances s'en échappent,
comme autant de fumets contraints
par l'oubli sous les couvercles empoussiérés,

dilués par d'autres échauffourées
aux stratifications plus récentes.
Nulle nostalgie, nulle.

Le soi frotté à ces copeaux neufs
a sans doute affiné sa perception du réel
en cours de cheminement.

& vaquer à la gratuité des jours,
aussi imperturbé qu'il lui est possible.
& sinon, se laisser malaxer

par ce qui le perturbe;
la faire sienne, marche par marche,
& l'intégrer à la  vacuité de vos jours.


16 8 21

Oserons-nous la joie roucoulée
dans un amuïssement intégral,
tel un corps nu offert
à la caresse solaire ?

Nos carcasses rouillées
nidifieront encore longtemps
sur les terres vagues,
parsemant les zones de guerre

que la Terre nous livre
pour qu'enfin nous entendions
que notre négligence
est entière.

Ce n'est pas
fini.
Elle aura
le dernier mot.

E
lle en a
les moyens,
la patience,
la cohérence.

Nous pas.

Les joues fessues
de nos errances consuméristes
s'exposent à chacune de Ses colères.
30% recyclables, le reste incinérable.


14 8 21

Se frayer un passage
tient du faufilé.

Le retour du professeur Destrefonds

dans sa ville détruite
après son long séjour contraint
dans la suite du Prince des Barbares
représente une forme de vécu
dans lequel il est peut-être bon
de se plonger fictivement

pour y accoutumer le corps à ces irrémédiables-là.

Les envahissements aquatiques
récents dont la Wallonie a souffert
ont établi tant de corps dans
cet anéantissement-là.
Une barbarie absolue.


Tourner la page est une puissance

qui s'éduque & se transmet.
S'y préparer pour s'en sentir capable
tient d'un lent travail sur soi
que peu de personnes ont le loisir
d'accomplir, tant elles sont requises
à d'autres tâches vitales.

Au-delà du soutien matériel des premiers temps,

s'engage désormais une longue période
davantage consacrée à
la reconstruction intérieure de soi.


13 8 21

Nul démêloir ne lissera
le réel échevelé
tant enchevêtré.

Quant au soi, c'est à
sa frange consciente
qu'il est attentif,

avec cette vibrance floue
mais précise dans ses ressentis;
un scepticisme positif la spécifie.

Fascination durable pour la joie
en cours de relaxations.
S'y élargit, dans la chaleur douce

d'une mi-août quelque temps
à l'estive, l'absurde

d'une vie une fois née,
sans l'avoir cherché,
s'épanouissant à force

de détachement en
une sereine détente.
à coeur de corps.


La mornitude répétitive des déliquescences sociales se contrecarre-elle en se définissant mieux ?
La somme d'efforts individuels n'en contrarie toutefois pas le cours.
Cela ne la fait pas muter en une réappropriation collective.
Les glissements délétères prennent de la vitesse en direction des gouffres, à moins qu'il n'en ait toujours été ainsi à chaque mutation sociale.
Chaque vie déjà tend vers le vide énergétique qui nous enceint;
chaque génération trouve de nouvelles errances qui lui font perdre la raison.
D'après P. Bergougnioux, Bréviaire de littérature à l'usage des vivants, éd. bréal, 349

[Très masculiniste, cet abrégé: pas une seule femme ne trouve grâce aux yeux de l'anthologiste à la plume pourtant très affûtée. Plus qu'une faute de goût, une erreur de jugement. Un parti pris qui participait déjà à la déraison ambiante en 2004.]

L'ultracontemporain est en guerre contre la Terre;
le conflit est terrible. Est-ce par l'exploration
des causes qu'un bout de réel se resaisit ?

Vouloir comprendre les filatures causales,
probablement infinies,
c'est, à mieux y réfléchir,

d'une vanité extrême.
Tant de corps s'y dissolvent,
dans l'indifférence glacée du plus grand nombre.

Vaquer avec les flux,
y pêcher le peu qui convienne
& moins s'encombrer du reste.

C'est peut-être par ce tamisage
que le corps s'emploie de mieux en mieux
à se frayer un passage discret

entre les écueils, les béances,
les bouillonnements, les épaves & d'ardents pyromanes.
Il ne les évite pas entièrement bien sûr.

Il s'en contente.


4 8 21

Il est tant de familles où
les aiguisoirs ne sont pas
au fond des tiroirs.


2 8 21

Un air blond, plus léger,
place à coeur sur la grisaille.
Un soleil contrit percole par moments.
Instants de grâce saisis au vol.

Passer outre, parce que le réel.
Passer outre parce que.

N'avoir nullement déploré son estompement dans ces brumes épaisses; pour autant, sa présence bouscule d'autres actions au profit d'une thésaurisation corporelle. Cette imprégnation thermique est la bienvenue.

Ce temps solaire
suspendu au réel
est sans double.

Il a pétri la chair
d'une chaleur paisible,
ventilée par des salves nordiques.

S'en accommoder,
un non-choix,
un faire-avec.


1 8 21

Progresser, à l'allure révérencieuse qui convient pour réveiller du sommeil une collection journalière de nonante ans d'âge.

L'humide gronde d'une rumeur dans les basses.

 

Recherche

Statistiques

  • Membres 4
  • Articles 3593
  • Compteur de clics 8924398