Déjà la préface vaut se pesant d'or fin: elle est signée P.-F. Moreau, une autorité auprès de la communauté des lectrices & lecteurs de Spinoza. Elle préfigure sur une synthèse au ton très original sur la conception qu'a Spinoza de la liberté telle qu'elle se déploie dans son oeuvre. Le préfacier nous présente R. Labévière ainsi (l'extrait figure sur le site de l'éditeur:

« Richard Labévière fut doctorant de Desanti [1914-2002] et, par ailleurs, montre sa sympathie pour le matérialiste Diderot [1713-1784]. Il déchiffre ce que fut l’éclair de Spinozaà travers une série de ruptures, dans sa vie, dans son oeuvre et dans sa réception. Son ouvrage vise non pas à présenter les structures de la pensée spinoziste (…) mais plutôt à armer sa propre réflexion sur la liberté en suivant les indications livrées par Spinoza sur les illusions qui empêchent celle-ci de s’exercer. »

Pierre-François Moreau


L'auteur
Une recherche sur la toile livre ceci sur son auteur: il est depuis 2016 rédacteur-en-chef d'un site intitulé Proche- et Moyen-Orient: observatoire stratégique. Il est également l'auteur d'un ouvrage antérieur à celui-ci intitulé: Terrorisme, face cachée de la mondialisation paru aux Editions Pierre Guillaume de Roux. Le moins que l'on puisse dire, c'est que son éditeur, décédé en février 2021 (Le Monde), ne faisait pas l'unanimité pour ses sympathies envers l'extrême-droite. Que cela soit dit, d'un autre ouvrage donc que celui-ci.
L'auteur français est ou a été ancien rédacteur en chef à Radio France Internationale (RFI), le rédacteur-en-chef d'une revue intitulée Défense. Wikipedia a assemblé une série de faits biographiques sur lui qui vous apprendra davantage sur ses préoccupations autres que spinoziennes. 

La table des matières de l'ouvrage va droit au but:
 
 

Le style propre à l'auteur obéit à la même exigence: le sans détour y est probant, convaincant même. Cette façon très synthétique d'assembler les pièces à conviction dans ce dossier à jamais ouvert concernant Spinoza présente chaque argument avancé en l'alimentant de preuves factuelles qui l'éclairent tout autant qu'elle en promeut la rectitude. Je suis impressionné par cette clarté de propos.
Le livre figurait depuis quelque temps dans la pile "à lire" sur le bureau... La lecture a repris (17 2 22) & se poursuivra avec constance jusque la fin de l'ouvrage afin de m'imprégner des apports que ces ruptures ont constitués pour Spinoza d'une part &, par voie de conséquence indirecte, pour les lectrices & lecteurs que nous sommes de son oeuvre. J'aurai soin de vous en présenter de façon synthétique les cinq ruptures qui le structurent.
Les cinq ruptures sont parcourues à un rythme soutenu, sans toujours faire le départ entre ce qui se pensait au temps de Spinoza & ce qu'il avait lu & dont il tenait peut-être ainsi compte. Le lien avec sa bibliothèque personnelle manque en effet. Le préfacier, qui dirige par ailleurs l'institut Desanti, promeut ainsi une oeuvre aux contours inédits dont je suis heureux d'avoir suivi les contreforts renforcés, même si elle pêche par quelques imprécisions qu'il aurait été bienvenu de lever. L'ouvrage fait en effet montre d'une érudition propre à combler la mienne propre... en y laissant des ajours.

L'introduction, en situant le philosophe dans son temps, s'attelle à reconstruire le dossier que la synagogue avait "monté" contre lui pour l'exclure de sa communauté historique, celle dont il avait hérité sans l'avoir librement choisie. Sous couvert de l'écart géographique & social dans lequel se tenir pour survivre à cette exclusion, dès ses 23 ans, l'homme orphelin de mère puis de père entreprend d'écarter de son cheminement philosophique propre d'autres voies incompatibles avec la conception très avancée pour son époque, construite pas à pas par Spinoza & le groupe de collégiants qui l'entouraient.

C'est ce cheminement vers la liberté que R. Labévière a entrepris de tracer sous nos yeux en supputant les cinq objets philosophiques qui ont été écartés en tant qu'illusions au profit de l'oeuvrage spinozien: ils empêchaient en quelque sorte la liberté de s'épanouir en béatitude/contentement intérieur. Spinoza a en effet (dé)livré des indications quant à un chemin possible à parcourir pour y parvenir.
Ceci conclut ce qui s'est trouvé à en dire ici.

La maison d'édition, Delga, se présente ainsi sur son site: « Les Editions Delga, fondées en 2004, sont une maison d’édition spécialisée en sciences humaines engagée dans la défense du service public culturel, la recherche marxiste et l’histoire du mouvement communiste international. » Parmi les septante ouvrages de philosophie publiés, trois concernent Spinoza.
 

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