Notes brutes de carnet pendant la lecture

Plus je lis L'Asturienne,
plus l'impression s'établit
que je n'ai nulle envie
de m'enfoncer dans un travail
de documentation d'une vie
de peu, celle de mon grand-père paternel,
délégué syndical rouche,
dont la vie fut broyée
au fond d'une mine sérésienne...
parce que justement
ce monde-là, Madame, s'offrira
à ne pas mieux comprendre
ce qui lui est vraiment arrivé.
Nous, les petits dont je suis issu,
n'avons pas la manie des archives.
La vie, déjà, est si compliquée...

   

 (Merci aux différentes personnes oeuvrant pour les fonds patrimoniaux de la Ville de Liège de m'avoir si aimablement offert l'accès à ces documents.)


Une fascination pour de longs lignages noue-t-elle davantage une vie, en l'ancrant mieux grâce à eux ? Pas sûr, hein...

À mesure que la lecture progresse, cette plume lamarchienne déploie un potentiel d'histoire locale précieux, notamment dans les occupants de manoirs & châteaux... C. Lamarche ne partait pas de rien. Son père avait bien défriché le terrain. La reliure bleue contenait le fruit de ses recherches. À l'époque, aucun de ses enfants n'en avait lu le contenu ! Cette Asturienne est en quelque sorte l'offre d'une session de rattrapage en hommage tressé au père qui, pas plus que sa fille, n'avait choisi de naitre dans cette généalogie-là & a fait avec comme il a pu, du mieux qu'il a pu.

S'adosser à des lignées n'augure rien de ce qui s'en déploie. Ni l'inverse d'ailleurs. Cette navigation entre histoire familiale et histoire sociale, dont la présence est notamment garantie voire authentifiée grâce à Maurice, réalise une prouesse éditoriale dûment soulignée d'éloges nombreux de la part du sérail littéraire. Dont acte.

Tout Liégeois aura reconnu, sous l'anonyme Maurice de ce récit, ce chercheur universitaire-ci. La bibliographie qui clôt l'ouvrage n'en fait nul mystère taiseux par ailleurs.


Être une fleur sans cause
davantage que sans pourquoi.

Elle n'avait pas crû

dans un terreau structuré.

Être issue d'une génération
désimpliquée, hors mémoire
archivée de tant d'exactions,
dûment généalogisée
selon les règles propres
à la classe dirigeante,

tout cela demande

à se frayer un chemin propre
où entamer son parcours personnel.


Ces notes se complètent, notamment pour affirmer l'adéquat d'une écriture tirée au cordeau: un souci constant du portrait juste invite à plonger tête baissée (mais pas que !) dans cet art fictionnel abouti mis au service d'un certain réel proche.

Le détachement personnel que le déploisement de cet art exige se remarque à mesure que la lecture s'affranchit de chaque génération au profit de la suivante.

La reliure bleue narre une succession: les pionniers, les expansifs, les capitalistes, les rentiers jouissifs & les fermeurs de boutique. Point commun: un commun mépris envers la matière première humaine qui a rendu tout cela possible. Quand bien même une disposition inclinât l'un ou l'autre à la mansuétude humble & humide de conductions religieuses...

 

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