Jacques Izoard s’exprime sur la poésie dans la mise à jour de 2004 de sa lecture de l’œuvre d’Andrée Chédid chez Seghers. 
Il y dévoile en filigrane une autre facette de son art poétique, mais surtout son lire poétique. « Aujourd’hui, comment appréhender le poème ? Les grandes mutations nous font vivre d’étranges moments. Me vient, sous la plume, le mot « Dépossédé ». Mais dépossédé de quoi ? Quelles sont vos possessions ? Relisons donc Mes possessions d’Henri Michaux et tout deviendra clair. »
« La poésie ne serait-elle pas devenue rose des vents et les ronds-points ne pulluleraient-ils pas ? De rond-point en rond-point, nous progressons et tombons dans tant de labyrinthes. »
« [Andrée Chédid] célèbre le réel, l’irréel, mais à l’aveuglette. Le mot "aveuglette" ,ici, n’a pas le sens habituel qu’on pourrait lui donner. Elle célèbre "à l’aveuglette", c’est-à-dire, avec une certaine inconscience poétique. Et je dois dire que préfère l’inconscience poétique à la conscience poétique, parce que l’on est toujours plus las, dès lors, de la bonne conscience poétique qui tue le poème et qu’il faut exécrer. » 113.
Le souffle essentiel
« Souffle essentiel, bien sûr, que celui du poème. Mais s’agit-il d’inspiration (sans jeu de mots) ou d’expiration. Bien entendu, les deux sont intimement liés. Et si, pourtant, le poète était celui qui expirait et le lecteur, celui qui inspirait, ou, plutôt, aspirait voyelles et consonnes ? » 114
Et Jacques Izoard de nous révéler peut-être comme il lit la poésie: « J’aurais plutôt tendance, au lieu de classer, d’archiver, de dénombrer les thèmes, les voies, les tendances, à procéder par coups de sonde multiples, un peu au hasard des livres et des pages. » 114
« Évidemment, lire des poèmes n’est pas lire un règlement d’ordre intérieur ou les chapitres de la Constitution. Procédons finalement comme tout le monde. Le livre est là, posé sur la table, inerte et silencieux, bloc de matière brute, de papier inanimé. Dès lors, feuilletons en premier cet ouvrage. »
« Ce verbe "feuilletons" me paraît très important : première approche, premiers parfums, premières irisations. Il est nécessaire que l’action de "feuilleter" ne soit ni brutale, ni totale. L’action doit parfois être interrompue et le regard de mieux scruter tel ou tel texte, et l’action de reprendre, sans arrêt sur demande. Le livre livre l’eau vive. La lecture ne s’arrête plus. Et le livre devient ivre d’être lui-même dans son effervescence. » 115
Je pense qu’il est également indispensable d’accorder à cette lecture une part de hasard… lecture hasardeuse qui  prend le lecteur à son jeu, qui ne défait le poème que pour  mieux l’appréhender. »
Il s’agit de "tordre" le texte, « peut-être pour lui faire rendre gorge. Il en résultera une présence accrue. » 115.

Jacques Izoard a aussi exprimé son écrire poétique dans Le bleu et la poussière.


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