Très longue méditation sur le ventre sous les arbres. Hors du temps. 80 inspirations/expirations longues, avec une contraction forte du muscle pubo-coccygien tous les 3-4 cycles. Devenir capable de puissance dans la détente c-à-d capable de détente profonde, cette dépose du corps sans questions et sans autre attention que celle accordée pleinement à la méditation, à la libre absorption de l’énergie ambiante, le tout au soleil généreux inondant le dos de ses bienfaits.

Ce temps du soi lui permet de devenir heureux de celui qu'il devient. (J'avais d'abord écrit « Je deviens heureux de celui que je deviens.»; ça sonnait mieux mais un excès de je fige, fis-je.) Cela se produit très rapidement, 5 à 10 cycles suffisent. C’est un long et lent travail qui mène là. Il n’est pas un résultat, un aboutissement car il résulte de ce travail sur soi une progression sur le chemin ourlé, ouvert avec constance, avec certitude.

Il est un sentiment, une sensation de la valeur du soi qui s’habite & c’est parce qu’il se dépasse que la valeur de ce sentiment, de cette sensation de contentement de soi sont précieux.

S’agirait-il du « sentiment océanique » inventé par Romain Rolland dans une lettre à Freud en 1927: « un sentiment d’union indissoluble avec le grand tout, d’appartenance universel, un peu comme la vague ou la goutte d’eau. » Freud le définit mieux comme une « sensation d’éternité…, de sans borne, de sans frontière, un mélange de sérénité et d’unité. »

Il s'agit moins d'un sentiment que d’une sensation en ce qu’une sensation est « une perception élémentaire… Il y a sensation lorsqu’une modification physiologique excite l’un de nos sens. La sensation est du côté du corps, en deçà de l’esprit. » Tandis qu’un sentiment « est ce qu’on ressent, donc la conscience qu’on prend de [ce qui] se passe dans notre corps, qui modifie notre puissance d’exister et d’agir, comme dit Spinoza, et spécialement me rend joyeux ou triste », ou simplement serein. « Le corps sent, l’esprit ressent. »

Voilà qui me rend sympathique cette expression forgée par la synthèse entre R. Rolland et S. Freud: sensation océanique. La sensation modifie le corps. « On évitera de trop forcer l’opposition. Si l’âme et le corps sont [UN] comme dit Spinoza, et comme je le crois [toute l'humilité de la démarche d'ACS est dans ce "comme je le crois"], la différence entre les sentiments et les sensations est plus de point de vue que d’essence: point de vue organique, physiologique dans un cas, affectif ou psychologique dans l’autre… La sensation est un rapport au corps et au monde; le sentiment, un rapport à soi & à autrui. »

Dans une relaxation/méditation, trois des quatre rapports me semblent concernés: le corps, le soi & le monde, alors qu’autrui est entre parenthèses justement. C’est un peu plus sensation que sentiment donc, au plus concret de soi, au plus dense, parfois.

Cela est toujours intéressant de se formuler avec ce Dictionnaire philosophique finement rédigé par André Comte-Sponville. J'y ai rebondi de fierté en sensation, en passant par sentiment.


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