« Il faut y aller, il faut participer au trajet,
le travail n'est pas fini.
D'abord le Musée est splendide,
il a été très bien rénové.
Le travail de réflexion en interne se poursuit. ...
On doit assumer le passé.
On doit le montrer et l'expliquer.
On ne doit pas déboulonner
[les statues de Léopold II],
on doit rajouter une grande plaque
qui retrace l'histoire:
ce n'est pas l'amnésie qu'il faut prôner,
c'est la connaissance [des faits]. »
Colette Braeckman,
au Grand Oral de La1ière,
15 12 18 (min. 41'-)
 
Il y a une légende accolée à cette vitrine,
auparavant le buste trônait
au milieu de la rotonde:
je la photographierai
lors de ma prochaine visite.

Dans la rotonde:
Nouveau Souffle
ou le Congo Bourgeonnant
,
Aimé Mpané


Mardi 10 décembre 2018, la signalisation SNCB/Infrabel entre Liège et Ans met le train en retard mais il arrive... gare centrale. Métro 1 jusqu'à Montgomery. Puis la plus célèbre des lignes de la STIB: le tram 44, après le Tram 81 de F. Schuiten évidemment !

De la gare, quarante minutes de trajet en tout
pour rejoindre le Musée.
Une seule avenue à l'air libre,
mais quelle allée:
manoirs, castelets, sièges affairés de banques
et immeubles collectifs chicos◊
Waterloo, Lasne, Beaufays, Neupré
rétrogradés en deuxième division◊
Droit d'ainesse en tout cas◊
Une forêt aussi,
développant ses blessures
à l'Est de la capitale,
est traversée en trombe;
la carrosserie en tremble encore.

L'arrivée sur le domaine royal de Tervueren
est monumentale, malgré le froid.

Sens certain de la théâtralité.


Le plan de ce musée rénové montre la diversité des thématiques abordées. Il manque, comme C. Braeckman les y invite implicitement, une salle entière sur le sort réservé par l'État indépendant du Congo puis par l'État belge aux humains présents... La volonté semble être là comme le montre la thématique générale « Patrimoine d' l'humanité »: une salle sur les massacres perpétrés par les sbires léopoldiens, non ? À terme en tout cas, cela s'impose.


Réinventions ethnographiques d'un espace anciennement colonial; une belle mise en valeur des collections scientifiques du MRAC. Photos gigantesques, salles aux ambiances variées, encapsulées dans des marbres splendides. Les peintures murales, probablement originales, demanderont aussi une explication, avec notamment mention de l'artiste qui les ont réalisées.

Les écrans interactifs sont une réussite: des cartes, mais aussi des initiations à la taxonomie très pointues, qui intéresseront les enseignant·e·s du secondaire. Le Guide du MRAC est d'un prix très abordable, bien illustré et rédigé par des spécialistes. La mue pour les générations connectées semble réussie.

Il est une très bonne initiation à la démarche muséale mise en oeuvre. C'est d'ailleurs grâce à lui que j'ai déjà résolu d'y retourner car je n'avais jamais visité ce Musée avant qu'il ne vire sa cuti: durant ma vie professionnelle, j'ai eu l'occasion de fréquenter quelques spécialistes de l'Elaeis guineensis, le palmier à huile, qui avaient expliqué par le détail ce qui s'y pratiquait sur place au jeune responsable de l'encodage informatique du fonds documentaire d'une Haute École agronomique. À l'époque, j'avais pressenti qu'accueillir leurs publications suffirait à mon bonheur... Heureusement, les (plus) jeunes collègues en charge de l'agronomie: développement international ont depuis lors totalement viré leur cuti !

Accepter ce passé peu glorieux est un chemin à entreprendre, les Allemands l'ont bien fait face au nazisme et au génocide des juifs. La Belgique devra aussi le faire avec son passé colonial. Notamment en mettant en avant le rôle des grandes entreprises belges et européennes dans la surexploitation des sous-sols et la part qu'a prise la royauté belge (et sa fortune) dans cette exploitation.

J'y retournerai pour approfondir certaines thématiques car je sais aussi la qualité des scientifiques qui y travaillent.

Signalons aussi deux entretiens longs menés par le journal De Morgen deux week-ends à la suite: le premier avec une anthropologue du MRAC, Mme Bambi Ceuppens. Elle n'y a pas sa langue en poche... Et un historien, auteur d'une biographie sur Léopold II, Monsieur Adam Hochschild. Ces deux entretiens ont également nourri ma réflexion.

Je me suis aussi étonné de l'absence d'un ouvrage de David Van Reybrouck, Congo. Mais bon, je ne l'ai pas lu, non plus !


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