Je me pose des tas de questions sur cette émission.
Deux parties, l’une sur la le sentiment d'insécurité de juifs belges. De Belges. L’autre, une carte blanche laissée à Sam Touzani, dont j’ai nettement préféré le regard ferme, citoyen sur la tuerie à Charlie Hebdo.

Je souhaite d’abord m’attarder sur le modèle médiatique mis en place par cette émission.
Quel modèle ?
Il fait du remplissage accrocheur l’essentiel:
1.  Des accroches autopromotionnelles d’intérêt général dans les deux ou trois jours qui précèdent, entre deux tunnels publicitaires sur la chaîne.
2.  Le jour même, une amorce en fin de JT, journaliste en plateau: on voit la substantifique mœlle de ce qu’il y aura à retenir en fait… Bon sens de la synthèse ! Souvent, je m’en contente. Mais qui n’a jamais pensé que sa fonction principale est de dire que ça vaut la peine de regarder les pubs en fait ?
3.  Puis l’émission commence enfin après 25 minutes de tunnel pub et de « messages d’intérêt général » dont la seule fonction est de séparer deux tunnels publicitaires. J’ai eu le temps de vaquer…
4.  Un très long générique, bien en phase avec le reste de l’émission malheureusement.
5.  On a alors droit à un sommaire languissant (long, trop long) qui reprend l’essentiel des entretiens, passages à l’appui. C’est l’executive summary, en quelque sorte; il a pour fonction de nous seriner: regarde un peu comme ça vaut la peine de rester ici…
6.  Ensuite le premier reportage attaque son introduction: elle a la même fonction que l’executive summary du sommaire, geler la zapette du téléspectateur. Elle est aussi fort longue et a souvent sur moi l’effet inverse, tant je suis indisposé de ce repassage des plats avec toujours les mêmes zakouskis !
7.  On en arrive dans la chair plus ferme du contenu au moment où le titre en 3D réapparaît. We are at very long last in the heart of the matter.
8.  Un tunnel de pub
9.  Et rebelote de 1 à 7 pour le second reportage ! C’est usant, non ?
Bref, ce modèle trop sclérosé dans sa forme ne surprend plus, est usé, voire usant. Il a pour effet que plus souvent qu’à son tour je zappe, ayant compris l’essentiel sans « devoir » regarder le reportage !
Ce modèle nous infantilise, non ? Il allonge la sauce de manière exagérée et part d’une probable croyance que nous ne nous sommes pas trop capables, nous les téléspectateurs, de nous concentrer… Ben oui, à force de délayages, ça lasse!


L’émission du 29 4 15
Le reportage sur le sentiment d’insécurité de personnes de confession juive en Belgique pêche par une approche trop intérieure à cette « communauté ».
Le journaliste est pourtant aguerri, mais aucune des questions qui fâchent ne fut posée. La distance critique n’a pas été assez de mise, me semble-t-il.
Un exemple: cette affirmation liminaire que la tuerie au Musée juif de Belgique visait des juifs. Mais non: le tueur a joué sur la symbolique très forte d’un lieu mémoriel mais il ne pouvait pas viser « des Juifs ». Comment un tueur surarmé peut-il savoir s’il tire sur des personnes de confession juive ? La religion que pratique une personne, cela ne se lit pas sur un visage, à ce que je sache. Son « truc » à lui, le tueur, c’était tirer dans le tas, point barre, pour épater ses copains, pouvoir dire « T’as vu, t’as vu, c’est moi là ! ».C’est juste notre laxisme coupable avec les armes à feu qui l’a surarmé.
Un des témoins interrogés balaie d’un revers de la main le comportement agressif du gouvernement israélien vis-à-vis des arabes israéliens, or cela doit pourtant compter pour beaucoup dans le sentiment que ces actes génèrent auprès de la population en général.
L’argument « les Juifs font aux Palestiniens ce que les Nazis leur ont fait » est également minimisé, renvoyant dos à dos l’extrême droite et une certaine gauche radicale qui a le sens de l’histoire. C’est un peu court.
Bref, très insatisfaisant.
La carte blanche laissée à Sam Touzani sur Charlie Hebdo est d’une autre teneur. Comme si la rédaction de la RTBf, probable lieu de débats intenses, partageant peut-être une insatisfaction voisine de la mienne, avait cru bon devoir contrebalancer le premier reportage par le second.
Il a posé les bonnes questions, les bons gestes, eu la bonne attitude. Je serai désormais très attentif à tout ce qu’il proposera comme réflexions. Ce serait une personne à inviter dans Nom di djou…
La conclusion
Le « débat » entre H. de Ghellinck et S. Touzani n’a pas permis de lever d’autres pistes ni les ambiguïtés ressenties. D’ailleurs un débat debout dans l’embrasure de (très belle) porte d'entrée de la Grande Synagogue de Bruxelles, est-ce bien sérieux ?

Le rôle que jouent les médias dans la diffusion de la propagande mise en place par deux des religions monothéistes en présence sur l’étroit territoire israélien semble pourrir le débat dans sa substance même. Il a été abordé par le deuxième reportage. Il était absent du premier.
Dommage, non ?


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