« On me dit la guerre vue par
Il n’y a rien à voir
Passez votre chemin
La guerre ne mène nulle part
[…]
La guerre vue par
Nous rendra aveugle
Ne sauvera personne
Il nous faut un havre
La paix est le seul art »
M. Lambert (2014), Ma petite boucherie, Maelström, Bookleg 103


Commémorer pour se faire peur, pour être bien content de n’en avoir pas été.
Tourisme, un ego-trip où tout est rendu propre, recréé en faux plus ou moins identique. Nulle odeur, nulle victime agonisante, gémissant pendant des heures pendant que les autres continuent de combattre.
Tourisme, un ego-trip dans les tripailles de l’histoire nauséabonde et sale de l’infinie soumission des hommes aux ordres idiots de l’arrière. La guerre est une industrie. Soldats, chair à canon: ces trois mots donnent le la. La boucherie est une image qui leur est venue à l’époque. Walter Benjamin parle de « la guerre mondiale » en 1929-30. Nous ajouterons l’adjectif « première » car leurs fils, nos pères ou non grands-pères, eurent la deuxième à se mettre sous la dent.
Quant à en tirer LA conclusion, plus jamais la guerre, ben euh, le tourisme ne va pas jusque là. C'est devenu une industrie; elle ne va pas nuire à l'industrie de l'armement, quand même. Fô pas trop en demander...


Qu'il faille se rappeler les conséquences néfastes des guerres, et de celle-là en particulier, très bien. Rien à redire. Mais l'émotion pour l'émotion, c'est un peu court, non ? On nous bassine des histoires personnelles, du storytelling quoi, sans jamais analyser les enjeux réels. Enfin, vous l'aurez compris, je ne serai pas sur les chemins des Poilus ces quatre ans à venir, à deux ou trois exceptions près. J'en rendrai compte.


Nul besoin de scénographie muséale donc pour trouver toute guerre détestable, pour savoir la paix être le seul choix vital. D’autant plus que cela ne semble pas être le message retenu.
L’Europe est en paix; pourtant, il y a 22 ans Srebrenica brûlait. Pourtant, la Syrie flamble, la Lybie s'enflamme à nouveau, perdue dans ses factions, l’Ukraine se déchire, entre machismes et raisonnements simplistes, Gaza n’en finit pas de compter ses (enfants) morts, le Tibet marche au bruit des bottes chinoises, l’Afrique, en de nombreux endroits, affame ses peuples pour remplir les poches de quelques-uns.
Deux cartes renseignent sur l’état des conflits dans le monde: la première émane d'un blog du mensuel Le monde diplomatique.
Celle-ci, la seconde, est même dynamique et vous permet de choisir la région, l’année.


Dans tous ces conflits, l’industrie de l’armement prend les commandes, effectue des livraisons… En juin 2014, salon de l’armement à Paris; Le petit journal de Yann Barthès y était; décoiffant !
Ce reportage montre que chez ces gens-là le verbe tuer est largement tabou. Les oxymores pleuvent: sécuriser, se protéger, etc. Il éclaire très crûment l’hypocrisie dont s’entourent ces milieux.
La guerre est une maladie mortelle qui gangrène l’esprit de beaucoup. La violence n’est jamais un recours. Jamais. La vie suffit comme source inéluctable de notre mort: l’immortalité, ça se saurait depuis le temps…


ARMES aux mains des puissants
Les armes des puissants sont diverses. La faim - le rationnement par exemple.  « On » affame les peuples: ils meurent plus vite et cela coûte moins cher. Qui s’occupe de remédier à cela ? Les ONG à peu près exclusivement. Les États semblent largement aux abonnés absents, sauf quelques ponts aériens souvent vite interrompus dès que les caméras ont tourné les talons. Un tableau tiré du site de Michel Collon en dit long sur les

J'ignore si ces chiffres sont fondés; une intuition qu'à la grosse louche on doit être dans le vraisemblable.

En Belgique, pendant les deux guerres mondiales, la famine a touché les faibles (souvent les familles de soldats au front d’ailleurs, en 14-18), ceux qui ne pouvaient se fournir sur le marché noir pratiquant des prix exhorbitants.
Le ravitaillement ? Un autre oxymore. Il s’agissait de gérer la pénurie. Il aura fallu attendre fin 1917 la livraison de lard américain aux magasins communaux pour que les plus démunis mangent à nouveau un peu de viande.
Les réfugiés, « On » les fait fuir aussi. Depuis la bible, c’est connu; ça s’appelle l’exode… les camps de réfugiés sont nombreux le long de certaines frontières.
« On » les bombarde, « on » les tue. En Israël et à Gaza, à l’instant où je publie ce texte. L’escalade de cette violence à quelques heures d’avion de Bruxelles a de quoi maintenir notre vigilance d’observateurs impuissants en état d’alerte. Chypre, la Grèce ne sont pas si loin. Ce conflit est aux frontières de l’Union européenne. Une intervention médiatique sur LCI de Madame Michèle Sibony, vice-présidente de l'Union juive française pour la paix, remet de façon magistrale les pendules à l'heure concernant ce conflit. Écoutez cette voix « autorisée » mais dissidente.
Réfugiés souvent à cause de conflits au sein même de leur pays, ils sont aidés par le Haut commissariat des Nations-Unies aux réfugiés. En suivant ce lien, la situation par pays en 2013 s'offre à vous en tapant le nom d'un pays dans la fenêtre de recherche.


DÉPENSES MILITAIRES MONDIALES
Les dépenses militaires mondiales représentent 1.739,5 milliards de dollars en 2012; elles ont augmenté de 34,7% en dix ans. Ces chiffres proviennent d’un rapport de l’excellent Groupe de Recherche et d’Information sur la Paix et la sécurité (GRIP): « Dépenses militaires, production et transferts d’armes. Compendium 2014 » par Sophie Durut et Luc Mampaey. (2014/3, 52p.)
Dix-neuf des vingt-sept pays de l’Union européenne se retrouvent dans le classement des 60 principaux exportateurs d’armes, pour un total de 75.714 milliards de dollars en 10 ans. Cela fait de l’Union européenne la première exportatrice d’armes au monde. (p. 49). Les États-Unis arrivent en deuxième position, pas loin derrière avec 74.226 milliards de dollars en 10 ans.
La Belgique, 19e sur 60, a exporté pour 924 milliards de dollars sur la même période (2004-2013), ce qui représente 1,22% des exportations des 19 pays exportateurs d’armes de l’Union européenne. Modeste ? Les petits ruisseaux font les grandes rivières.
Le secteur de l’armement en Belgique La région liégeoise héberge par tradition une industrie de l’armement diversifiée.
Le « répertoire des entreprises du secteur de l’armement en Belgique », rapport du GRIP 2014/4, co-écrit par Louis Discors et Luc Mampaey (46 p.) comporte une liste de 78 firmes représentatives du secteur de l’armement en Belgique. Trente ont leur siège social dans la province de Liège. Elles représentent 38,4% du total. Le chiffre d’affaires total des firmes liégeoises en 2012 est de 1.443.776.000€.
Douze des trente-huit firmes n’ont pourtant pas publié de chiffre d’affaires en 2012.


Et une citation de Paul Valéry pour terminer d'enfoncer le clou dans le cercueil des guerres: « La guerre est le massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui, eux, se connaissent mais ne se massacrent pas. »

Sources: Le signe de paix avec l'obus provient de l'ouvrage @earth de Peter Kennard, Tate publishing, 2011. J'ai trouvé le premier sur Internet et n'ai pas pensé à noter le site. Une nouvelle recherche ne me l'a plus révélé, comme souvent.


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