À toi, monseigneur Léonard qui vient
d’être nommé primat de Belgique

D’un homme de ton âge, religieux de surcroît, on attendrait des pensées sages. Pourtant, chacune de tes prises de parole est révulsante. Se pourrait-il que tu multiplies les provocations, à l’image d’un Le Pen, pour entretenir ta légende ?

Sur ton blog, tout à ta gloire, tu déclares : « Avec l'expérience, j'ai appris à être plus prudent dans la manière de m'exprimer. Je fais maintenant preuve de plus de pondération». Pondéré, alors que tu décrètes qu’un préservatif est une roulette russe, que l’euthanasie et l’avortement sont coupables ! Pondéré quand tu traites l’homosexuel d’anormal ou de malade !

Tu déclares : « mon style est désormais moins celui d'un professeur et un peu plus d'un prophète.» Et c’est bien là le problème, que tu te prennes pour celui qui parlerait au nom de Dieu. Car tu t’exprimes sur ce qui doit être régi par les lois humaines ou la conscience personnelle. La religion s’égare dès qu’elle entre dans le domaine du civil.

Le hasard m’amène à écouter un professeur de religion islamique. Et je retrouve la même inclination à régenter et à exclure. La jeune fille sans voile se trouve dans le péché. Elle ne jouit d’aucune liberté. Elle ne peut pratiquer le sport. Les cours de biologie sont suspects et les non musulmans des impies.

Et voilà ton frère, Léonard. De vos bouches surgissent des serpents dressés de haine. C’est bien la peur qui vous habite. Terreur de la femme, ce beau fruit qui vous rend fou de concupiscence. Épouvante de son sexe d’enfer, de ses vénéneuses mamelles, de ses cheveux de feu, de son regard incandescent.

Tout ce qui est différent d’ailleurs vous plonge dans l’effroi. Vous êtes là, roides, les lèvres pincées, les bras croisés, confits dans votre rigidité. Vous vous cabrez devant toute forme de changement. Vous faites barrage à la Vie, vous séquestrez l’Amour, vous fauchez le Plaisir. Vous domestiquez la Foi, comme le barrage jugule le fleuve vivant.

C’est en vous que devrait se mener le combat : apprivoisez vos peurs, osez vivre, ouvrez les fenêtres, bordel ! Aimez, rencontrez, découvrez ! Et surtout taisez-vous et écoutez !

Voici soixante ans qu’on a libéré Dachau où la différence a été si cruellement crucifiée. A vous qui distribuez si aisément les étoiles jaunes, à vous qui multipliez les barbelés, je dédie ma colère et je tends la main.


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