Wallon, pas toi
Wallon pas patois
Wallon, quoi ?
Wice va-t-on ?


A la maison tu n’avais pas le droit
De parler le patois des vieux
Des paysans, des ovrîs,  
De ceux qui n’aveu nin stou à scole.

A l’école, on t’apprenait le bon français
Celui des grammaires et des livres.
Dans le cahier ligné, deux colonnes
Pour souligner les « Dites, ne dites pas ! »

Mais ton père à ses clients
S’adressait en leur langage
Mais ta mère en son village
Entendait les mots chantants

Ton grand-père t’appelait
Mi p’tit poyon mi p’tite båcèle
La tarte au riz de ta grand-mère
Était une blanke dorêye

Ta mère accrochait des guillemets
Aux « grands ventrins sins cawètes »
Et toi, tu t’étonnais qu’en ce parler vulgaire
On voussoyât ses parents…  

Ainsi, malgré les interdits,
Les ukases et les coups de règle,  
Tu appris, presque malgré toi
La langue ancienne, le patois
A tout le moins tu le compris

Plus tard tu découvris
Que chez les romanistes
Il était de bon ton
D’émailler son discours
D’expressions en wallon
Tu en sus la richesse
En goûtas la saveur…

Mais asteûre ?
Asteûre
On a beau faire On a beau dire
C’est le français qui nous fédère
Des noûmots ? Poqwè fé ?  
Langue ou  patois ?
La belle affaire…
Le wallon, obsolescence programmée
Ou chronique d’une mort annoncée
Prindez vos bâston Simon
Nous n’irons plus au bois,
Les lauriers sont coupés.


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