L'intégrale de nos amours éclatés
surgit de tréfonds bien intégrés
à l'auguste sérénité filiale

de ce lieu silencieux
après la lecture matinale
d'une brève sur Le semainier*.

Tout de cette vie-ci,
le tout conservé
& l'oublié, le dissous aussi

en trois effacements,
autant de remises à zéro,
peut-être opportunes:

— On sait peu ce que peut le corps** —
Jours allégés de
surpoids incongrus, qui sait ?

L'intraçable appartient tout autant
au chemin que les sillons
qui balisent tant

d'æncrages harmonieux
qui s'y épanouissent.
Ce corps s'ameutait tant.

Il s'émeut désormais.
Chaque jour fait époque,
inédite & précieuse,

au soi décisif.
De songeuses sagesses naissent
à même le corps, à coeur battant.

D'amples résolutions s'y fomentent
sans qu'il soit nécessaire d'y veiller.
Leur autonomie éveillée

tour à tour enjouée,
allègre, voluptueuse,
prospère, & ravie

de rayonner contente.
Cette santé bénéfique
s'accueille volontiers

en ces reliures numérotées,
autant de balises fortuites
s'y assemblent en un parcours.

Chaque station d'écriture
rend compte pour soi.
Chaque acte posé

& la maison s'anime d'un vent neuf
que consacre le remuement accompli.
La vie s'y maintient ainsi alerte.


* Anne-Marie La Fère. Les sept tiroirs et les giroflées, Véronique Bergen in Le Carnet & Les Instants.

**B. Spinoza, L'Éthique, III, prop. 2, scolie: « & de fait, ce que peut le corps, personne jusqu'à présent ne l'a déterminé, c'est-à-dire, l'expérience n'a jusqu'à présent enseigné à personne ce que le corps peut faire par les seules lois de la nature en tant qu'on la considère seulement comme corporelle, & ce qu'il ne peut faire à moins d'être déterminé par l'esprit. » Traduction B. Pautrat, pp.217 & 219. L'expression "on sait peu ce que peut le corps" ne semble pas émaner verbatim de Spinoza lui-même, mais d'un de ses commentateurs. P. Macherey, peut-être ?


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