Un écrivain qui met sa plume au service d’autrui se borne souvent à se glisser, subreptice et amusé, dans une langue orale mise sur papier. Elle s’harmonise sous ses yeux en passant dans un registre davantage écrit. Il veille aux bonnes mœurs orthographiques. Ce statut souvent endossé de relecteur l'introduit dans des univers voisins, lointains ou chers, loin de l’inspiration qui le source par ailleurs. Il documente un imaginaire sur des visions du monde complémentaires à la sienne. Des univers frôlés s'assimilent ainsi par empathie savoureuse sans se dédire puisque une langue plus sûre les reformule, sans forcer la main du réel couché sur le papier.
Il revient même à cette langue-ci, privilège appréciable de la confiance qui réunit ces écritures, de formuler en une structure différente ce qui s’était plus aisément conçu dans le désordre. Il se tend un pont entre le bien conçu et le bien dit, par-dessus les imprécisions d’une eau tumultueuse, faite de mots qui bousculent les idées dans un désordre apparent.
Souvent alors, il s’agit de formuler une matière dans un ordre qui assiéra le lecteur final dans l’univers plus confortable déployé sous ses yeux: des sous-titres, une idée par paragraphe, une phrase qui ne serpente pas trop… munie d'un verbe, d'un sujet et d'un ou plusieurs compléments.
Que du plaisir.
C’est ainsi que, récemment, un aviateur américain tombé au combat sur une terre proche, un soldat gazé de la première guerre et une vie de famille recomposée, avec mise à jour du rôle parental face à l'ado devenue adulte, ont enrichi de leurs diversités l’expérience d’une plume.


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