Cette lecture en jeu de pistes multiples de SA VIE me plonge dans un univers brillant qu'il m'amuse, voire m'esbaudit d'en recréer mentalement le réseau complexe en notant les liens ténus qui me font ça et là croiser d'autres réseaux, dont le mien [séjours familiaux en Suisse] ou celui d'une amie [ aux racines russo-austro-suisses] qui en fit, il y a 8 ans déjà, un film.
Le réticulaire théorique d'autres comme projet de vie en somme, à défaut d'avoir su nourrir un réseau propre... Je trouve dans la prose très dense dont Lou Andreas-Salome (1861-1937) a composé son Ma vie des concepts qui me parlent, comme la serviabilité et la sollicitude par exemple. Aussi l'écart, le fait de choisir de se/me tenir à l'écart de ce qui m'est une nuisance devenue.
Le sérieux avec lequel ce livre a été écritraduit, préfacé et annoté par ces cinq personnes, trois femmes et deux hommes, fait de sa lecture un délice qui me dépasse tant le contenu en est à la fois profusion et évasif jusqu'à l'évanescent et replet d'une complétude assez intrépide. Son préfacier fut Jacques Nobécourt (1923-2011), par ailleurs journaliste au Monde et auprès du Monde diplomatique; ses traductrices, Dominique Miermont (1947) et Brigitte Vergne-Cain (l'aînée des deux) et enfin Ernst Pfeiffer (1893-1986), l'ami le plus proche qu'elle avait à son décès et à qui elle confia ses manuscrits inédits en vue de publications posthumes, ce à quoi il s'attela pendant presque 50 ans (de 1937 à 1986), avec un sens remarquable de la précision opportune, dont bénéficient les notes de cette édition entre autres.
Le texte français a paru en 1977 dans la Collection Perspectives critiques [dirigée à l'époque par Roland Jaccard (1941-2021)] des Presses universitaires de France. Je l'ai chiné sur la table d'un brocanteur enlivré liégeois. L'ouvrage est en passe de devenir un trophée supplémentant la Léonardienne.
Il est une quasi-certitude que je serai attentif lors de mes prochains déhavrements à ne plus trop rater l'une ou l'autre édition d'autres ouvrages.