Malgré sa longueur, j'ai choisi d'insérer ce texte : il a mobilisé mes sens plusieurs jours. Je le livre à votre rêverie...
| Le corps sous la couette baigne dans sa chaleur diffuse. Il régule la température. Le bras alangui sur le flanc pose la main sur la fesse, parfois dans la fente. Intimité assumée avec soi. Cet équilibre sans tension, permet le départ vers le pays des rêves dont rien ne revient. Cet univers nocturne reste inconnu. Il rend une essence disposée au jour neuf. Le soleil festoie au travers de branches nues. Entre deux cycles, la nuque en chaleur aspire à la fraicheur : un bout d’oreiller intact est un bien-être immédiat qui apaise le plongeon dans le cycle suivant. Il glisse ou, brièvement aérien, se retourne. | Si un jour le mystère qu’est la nuit se perce, une meilleure connaissance du moi profond qui sommeille, largement inviolé, se gagnerait-elle ? Sommeille et remplit, ne semble pas contrarier. Il s’agirait de s’ouvrir à d’autres univers dont se transporte, apparemment sans effort, l’appareillage. Cette ouverture serait la porte suivante sur le chemin vital. Œuvrer, sûr, à d’autres voies : le tantra mènera vers un ailleurs juste tapissé de mieux-être avec soi et les autres. Il s’intériorise sans que le je soit aux commandes. Lâcher-prise. La conscience ignore tout de ses mouvements après l’endormissement. Elle se retrouve intacte au prochain éveil. Allongement dorsal. Détente. | 
L'air encore frais  
parcourt l’espace  
par la fenêtre ouverte,  
et pénètre en lentes goulées  
dans les poumons  
qui étrennent le non-confinement. 
| Étirement familier. Légère contorsion-extension de la colonne qui tutoie le drap, apte à la relaxation. | Flotter entre deux eaux sans sommeil, une errance pensive. Rien n’attache, tout passe. | 
Le voilage bat la mesure  
dans la lumière festoyante. 
Ce ciel si bleu de février  
est un baume souverain  
pour les yeux trop accoutumés  
au gris des nuages,  
cette uniformité. 
Tout est couleurs,  
d’un nuancier libérateur. 
| Nudité fastueuse rend à la déambulation l’air chaud venu. Nudité, une joie sans rapport avec ce naturisme trop programmatique, comme tous les –ismes. Nudité, une tactilité moléculaire offerte aux pores. La main se pose comme chez soi sur le sein droit, bouton de rose. Elle ramasse le mentule en un amas vivace qui bat, homoncule. | Nudité offre à la caresse du soleil les angles arrondis d’une peau avide et sage. Elle assume l’esthétique propre au sexe dénudé sans ostentation, mais sans gêne due à son éloignement des canons d’une beauté paramétrée. Nudité, elle fascine l’œil intimidé par cette imposante intimité. Nudité de l’élastique écarté pour la rétention qu’il impose à la libre circulation des énergies. | 
 
Nudité, oracle  
de temps à venir  
dont se fêteront  
les retrouvailles  
avec un nirvana  
en déshérence. 
| Nudité, offrande faite à soi et à la caresse de mains expertes. Nudité irréductible : la morfondre de pudeur tient du fondement de l’erreur. L’avoir instaurée   | dans la profondeur de ces âmes tourmentées par des tabous religieux confus. Nudité équivaut à gêne sociale alors que son partage adoucirait peut-être des mœurs guerrières. Quoique. Nudité volée, privation de l’entière disposition de son corps. | 
 
 
Le vêtement enfilé,  
de polar composé,  
ne fait pas oublier  
l’omniprésent  
corps sous-jacent.
