Maisons, je vous préfère sans volets. Ouvertes et accueillantes. Avec vos fenêtres allumées, fanaux dans le soir.

Les volets isolent, enferment, scellent. Les volets cachent, dissimulent, masquent. Ils sont paupières closes sur d’inavouables secrets.  

Les volets protègent. Du vol. Du viol. Des vents coulis. Des regards indiscrets. Illusoire rempart.

Les volets sont signe extérieur de richesse. À tout le moins d’aisance. Ils transforment la maison en coffre-fort. Modeste, ouvrière, elle les ignore.  
Entendez-vous le bruit des volets qu’on déroule et verrouille ?

Rituel vespéral. Je sais que ma voisine se couche tôt, claquemurée dans sa demeure.

Fermés le jour, ils signent l’absence, la vacance, le deuil. Pas plus que la porte blindée ils n’arrêtent la faucheuse. Dans les villes où meurt le commerce, les volets obstinément baissés disent la ruine et l’abandon.

Volets, soyez contrevents de guingois. Soyez persiennes, moucharabiehs ajourés, jalousies ou stores vénitiens. Ma claustrophobie vous en saura gré.


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