27 10 25

Cette brutale entrée de l'heure très hivernale replie le corps dans son cocon intérieur; et quand il doit sortir, les chaussures s'enfilent... pendant qu'elles s'installent sous le volant, au froissement, les pédales. La brunitude s'invite dans l'air qu'il fait au travers des vitres battues par ces bourrasques.

25 10 25

Pas que je m'y dissolve, non. Cette pluie.
Pourtant, je me me replie sur le chez-soi.

Du bienfait des archives: le trimestriel d'automne de Brood & Rozen (Tijdschrift voor de geschiedenis van sociale bewegingen) revisite ses collections  en une douzaine de pages consacrées à la mémoire de nombreuses actions de solidarité en faveur de la Palestine et de ses habitants; ce numéro balaye le demi-siècle qui vient de s'écouler. N'apprendrons-nous donc jamais rien ? & notamment des erreurs du passé...

23 10 25

« One feels even in the midst of the traffic or waking at night. » V. Woolf, Mrs Dalloway, p. 6
What a gossipy start ! And a perfect guide to inner London.

Le choir effeuille la vue dans le langoureux balancement branché adossé à la fenêtre.

9h30 Les jeux de lumière que le soleil incite plaisent infiniment, se faufilant entre les branches allégées, ce stade antérieur au dénuement hivernal bien inévitable.

Ces scintillements intermittents forment une presque-distraction à l'inédit prometteur.

À travers le diaphane des paupières closes
il scintille une lumière
qu'ombre à même le globe oculaire
le fantasque de cette transparence
mouvante, mobile, intermittente.

Deleuze: Être digne de ce qui nous arrive.

L'énervement que le vent porte jusqu'aux branches les plus élevées ombre les pages, celle qui s'écrit, celles qui se lisent. 
Elles portent les ombres aux interstices qui aboutissent à ce tremblé, du côté presque stroboscopique de la présence à soi qui se tient abrité aux confins d'évènements plus chahutés.

10h56 Puiser à même la pommaison chue
la matière même du repas initial
induit en soi un silence remerciant.
Avoir, quand bien même brièvement, 
pris à partie le vent
encore sec en tant qu'éventement évènementiel
dès l'onze heures, d'une
gouleyante brusquerie surgie
se souligne.

11h10 Le facteur a déposé deux offrandes à la lecture: Galaxies n° 87 consacré à François d'Eaubonne, un des rares numéros aux plumes (éco)féministes infiniment plus nombreuses que les masculines. Une exception qui confirme une règle non écrite qu'en science-fiction, c'est le mâle qui commande. Un démenti partiel à cette fiction ?
Le n° double de l'hebdomadaire De Groene Amsterdammer précède des élections où le juste milieu sera probablement à nouveau le grand perdant.

14h15 Un matelassage par détachements feuillés d'arbres et arbustes dont la caducité annuelle est pourtant bien connue. 

15h03 L'épaisseur des nuages entre l'astre et le sol se laisse deviner à l'humeur grisâtre qui a envahi l'au-dehors et l'en-dedans qui n'éclaire que les pages. Une délumière en soustraction.

15h54 Les pas assombris vaquent sur leurs chemins appris.

20 10 25

Le matelassé oculaire
des feuilles chues aux couleurs
finales saisonnières
se confirme à la douceur
de l'air au contact
de la peau pendant la pause
d'assise sur banc
dont la blancheur tranche
sur l'ocre jardinier.
Le paysage s'anime
à l'heure du mitan du jour:
un vent langoureux
mobilise les branchages
qui ombrent la page;
tremblements mouvants
dans la lumière astrale.
L'attente du départ sans
imminence s'éprend du séjour
emmitouflé dans un lainage.

Il est probable que je ne sois pas paramétré pour profiter des apports de L'anti-Oedipe (G. Deleuze & F. Guattari), premier tome de leur "Capitalisme & Schizophrénie". J'ai lu le début grâce à l'extrait mis à notre disposition par l'éditeur.  Mille Plateaux, le second tome, je m'en souviens bien, avait été acheté pour RHIZOME et non pour son surtitre. Pourtant, les huit ans qui se sont écoulés entre les deux publications (1972-1980) semblent avoir assagi leur écriture qui me laisse une impression d'être davantage "sensée", d'être porteuse de sens dont je suis davantage à même d'en tirer une forme/un type de profit compatible avec le tissu dont je suis fait.

Rosset, comme Deleuze & Guattari nourrissent leurs textes de références littéraires: nombreuses sont celles qui m'échappent... Quelque occasion fait avec à-propos de moi un larron ! Un peu comme si le réel même ne leur suffisait pas pour étayer leurs apports philosophiques.

« On reproche à la psychanalyse de s'être servie de l'énonciation oedipienne pour faire croire au patient qu'il allait tenir des énoncés personnels, individuels, qu'il allait enfin parler en son nom. » Mille Plateaux, p. 51

Dans mon insavoir de jeune homme, j'avais définitivement décrété n'avoir jamais eu envie de violer ma mère ni de tuer mon père; ni violeur incestueux, ni parricide donc; je me rangeais à la grosse louche à l'écart de la psychanalyse. Michèle Perrot, l'historienne féministe, dans un entretien télévisé récent (été 2025), a aussi dit qu'elle n'avait jamais entrepris de psychanalyse.

gilles deleuze cours sur les lignes de vie

Clés - serrures
Les cours oraux transcrits sont des clés qu'il s'agit d'utiliser dans les serrures que sont les livres écrits. L'insertion nous est facilitée par les notes fournies par David Lapoujade: elles établissent des ponts entre cours oral transcrit/publié et livre écrit publié. Nous y assistons au développé de chaque concept que G. Deleuze entreprend de faire vivre "devant nous" avec un différé de 45 ans ! C'est un art très abouti du développement conceptuel dont il fait montre dans les cours. Quel extraordinaire pédagogue vulgarisateur il a été !
Quand je m'immerge de la sorte dans deux flux de pensées qui s'entremêlent de façon explicite grâce aux renvois de D. Lapoujade, le temps file inassouvi, accompli au-delà du dicible même. Il s'agit d'appairer la lecture d'un écrit et d'une transcription de cours oraux sur ce même écrit. L'appareillage en notes de bas de page s'apprécie dans cet exemple: « p.63 Voir Mille plateaux (MP, 194, note 8 qui renvoie au livre de Robert Van Gülik, La vie sexuelle dans la Chine ancienne, trad. L. Evrard, 1971 (rééd. "Tel" 1977) » relève d'une perfection maitrisée des autres ouvrages de de G. Deleuze par D. Lapoujade; cela constitue une aide tellement précieuse pour nous aider à tirer un profit optimisé de la version écrite des cours oraux auxquels nous n'avons pas pu assister. Le va-et-vient qui s'exécute entre ces deux compagnons approfondit ma compréhension des concepts peaufinés par Gilles Deleuze.

17 10 25

Tout prix Nobel de la littérature génère une kyrielle d'articles qui lui sont consacrés. László Krasznahorkai ne déroge pas à cette pratique. Parmi les évocations les plus marquantes je compte Le Matricule des Anges qui l'avait interrogé dès 2011 ce singulier auteur hongrois à l'occasion de la parution d'un de ses ouvrages. L'entretien qu'il avait accordé au mensuel se lit en suivant ce lien. Cela me confirme bien que cet auteur n'est pas pour moi. Il faut de tout pour faire un lectorat. J'ai aussi pu profiter d'un article de trois pages dans De Groene Amsterdammer émanant d'un bon connaisseur. Et en cherchant sur le site de cet hebdomadaire néerlandais de gauche j'ai constaté qu'il a consacré une vingtaine d'articles à cet auteur: une belle constance sur la longue durée ! The Guardian s'est également penché sur son style si particulier. Enfin, The London Review of Books s'est penchée à quatre reprises sur son oeuvre. L'assemblée de ces avis suffira à mon bonheur de lecteur. En attendant Nadeau publie ce 22.10.25 un inédit de la main de l'auteur. Ce donné à lire pourrait bien me faire changer d'avis...

05 10 25

Paul Gasnier, journaliste intervenant dans l'émission Quotidien sur TMC, vient de publier un ouvrage très réussi chez Gallimard portant le titre La collision. Il y mêle habilement son histoire familiale à celle de celui qui a tué sa mère en faisant pétarader sur la roue arrière une moto surpuissante empruntée et sans avoir de permis. L'approche sensible et authentique constitue à mes yeux de lecteur une prouesse d'équilibre (mental) & une approche réussie de l'époque à laquelle nous tentons de survivre. En se tenant éloigné de la haine et/ou de la colère, ce texte recèle des richesses qui honorent l'homme derrière cette belle plume. Quelques passages soulignés, carnettés puis alignés ici: ils me permettent de me saisir de différences qui par ricochet m'instituent face à notre légitimité.

  • 89 Quand ma mère fuit l'enracinement séculaire de sa famille en multipliant les déménagements, mue par la croyance de l'époque selon laquelle la réalisation passe nécessairement par le déracinement géographique...
  • 94 Mounir, travailleur social, a développé un savoir-faire qui tient de l'orfèvrerie humaine pour attirer les garçons qui trainent... afin de repêcher ceux qui partent à la dérive.
  • 160 Le lâcher-prise est le corollaire de l'acceptation de ce qui est et du contentement de l'état des choses.
  • 160 L'apitoiement sur ce qui ne fut pas aussi inutile que l'inquiétude de ce qui n'est pas.
  • 161 "Trouver un point d'équilibre", (ce à quoi je m'emploie avec une forme d'application industrieuse pour continuer à parcourir la pente de ma vie propre).
  • 48 Se laisser commander par la rage ou faire preuve d'une grandeur d'âme hors d'atteinte pour les individus ordinaires. Entre ces deux alternatives, il y a un petit interstice, une ligne de crête sur laquelle on progresse avec précaution: c'est l'écriture pour comprendre à défaut de pardonner. ... Écrire est aussi un dernier ressort, sans doute illusoire, pour se convaincre que l'on maitrise le tueur.
  • 48 Émil Cioran est cité par Paul Gasnier: " Le maximum de détachement auquel nous puissions prétendre est de nous maintenir dans une position équidista²nte de la vengeance et du pardon, au centre d'une hargne et d'une générosité pareillement flasques et vides, car destinées à se neutraliser l'une l'autre."

Bref, j'ai passé du temps à m'imprégner à profit de cette belle prose.

Une deuxième journaliste, Johanne Luyssen, oeuvrant au sein de la rédaction de Libération, profite de la rentrée littéraire pour remettre aux éditions Julliard un texte consacré à la femme de Louis Althusser qui fut en 1980 victime de féminicide. Le titre: Les fragments d'Hélène (Rytmann-Legotien). J'ai le sentiment d'avoir eu la main moins heureuse tant ses constants allers-retours ressassant les mêmes fils rendent la lecture de ce récit biographique pénible à la longue par l'impression qu'il laisse que ce ton a quelque chose de raté tant les méandres, les ruelles, les apartés nous perdent finalement en brisant trop systémiquement le fil biographique d'un récit qui aurait pu (dû?) faire l'objet d'un resserrage, voire d'un élagage. C'est dommage car l'occasion était belle de mettre en avant un hommage à quelqu'un qui a gravité toute sa vie autour d'un philosophe polygame (le mot figure p. 114) et misogyne dont j'ai toujours soigneusement évité les écrits, entre autres pour ces raisons, mais pas que.

04 10 25

Les forces, Laura Vazquez,
oeuvre poétique non identifiée,
une OPNI, ce livre,
se referment
d'une lecture finale
alitée dès potron minet.
Un passage par la case douche plus tard,
10h Dans quel monde on vit
rouvre le roman
en compagnie de l'autrice.

Une matinée en forces.
Forcément. & pas mieux.
Les forces s'épaississent.

Ingérer l'ingérence
dégénère d'indécence
la bienséance si peu séante.

*

L"onde se dérobe.
La robe se désole
en se décorporant.
Elle aimait le toucher, là.
La robe rigole de l'onde
d'absence qui l'inonde.
La liquette fronce les sourcils
face à l'absence d'ourler
de ses ourlets qui se défilent
de tout fil enfilé
feulant dans son chas
s'y frottant tout son content.

*

Disruptif, le monde
son côté numérique
trop s'accentue.
Le contact se festonne
laborieusement
comme font les métaux,
rares donc chers,
surtout en vies scarifiées,
matières géo-illogiques
qui n'ont pas stratifié
proches les uns des autres.

*

L'humecté de soi
se tient tapi
hors|hormis|têtu.
De solliciter, s'épie
tel l'oiseau pépie
à la naissance de l'aube.
La sommation intérieure
frissonne sans éclat.
L'intérieur du mouvement
fascine le menuet,
décime l'effilé dessiné.

*

Le souffle
insuffle,
l'essouffle
persifle
sans persil;
les cils battent
la chamade;
les éléments
nous déchainent,
telle une sommation
inapprise.


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