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Aphorisme, comme ça...

« La retraite est une chose merveilleuse,
qui libère de terribles puissances.
& elle donne au silence de grandes douceurs. »
Gilles Deleuze, dans une lettre adressée à Arnaud Villani,
publiée dans L'abeille & l'orchidée, p. 149.

 

Textes récents

« Un livre, pour Érasme, n'est jamais achevé, il est toujours à suivre. » F. Bierlaire, Érasme revisité, p. 153

Il en va de même pour la plupart des essais sur Nulle Part. Pensez à revenir pour les ajouts & les remaniements.


24 11 25 Délions, délions les langues ! Non mais vraiment...

16 11 25 Triangulations multiples chez Beauvoir-Sartre

02 11 25 Novembrènes

22 10 25 Mille Plateaux décodés par Sur les lignes de vie (À propos de Gilles Deleuze)

14 10 25 Au 421, un Espace Nord arrive à la mer: à la plume, Karel Logist

04 10 25 Les OCTambules

28 09 25 Hériter d'un génocide ?

05 09 25 Et si Un pessimisme prometteur traduisait adéquatement Hopeful pessimism ? Étude terminologique suivra... La voici donc !

02 09 25 Les sept ambrées

30 08 25 Pourquoi les pessimistes sont les mieux placé·es pour déceler l'espoir dans les ténèbres

29 08 25 Un pessimisme plein d'espoir / Hopeful pessimism

25 08 25 Le bel insecte et le pigeon

18 08 25 Érasme, un Liégeois parmi d'autres ?

12 08 25 Ma vie, confia-t-il au PUF de sa part à elle: Lou Andreas-Salomé

03 08 25 Robert Menasse se penche sur Le monde de demain

30 07 25 Un roman utopien

23 07 25 Puissance de la douceur: subjugation

20 07 25 Trois voies pour la féminisation du philosophique

13 07 25 La terrasse bruisse de chants insistants...

06 07 25 Après deux ans de silence, Un rebond esquissé par J F Billeter en septembre 2025.

05 07 25 Une reprise 2025 de Héraclite, le sujet selon Jean François Billeter

14 09 24 Une grande plume féminine: Linda Lê mise à jour

25 06 25 Il nous faut la vie fauve par Caroline Boidé

18 06 25 Quoi ? L'éternité Marguerite Yourcenar

09 06 25 Nulle part ?

07 06 25 Déborder Bolloré Un lien vers d'autres, solidaire.

07 06 25 Des livres avoir une passion certaine, comme Wiborade de Sankt Gallen

01 06 25 Estives météorologiques

29 05 25 L'école à l'heure de l'IA

24 05 25 Sophie Bessis, La civilisation judéo-chrétienne: Anatomie d'une imposture

20 05 25 Sur Pulsion de Sandra Lucbert et Frédéric Lordon: une lecture d'Olivier Brisson

18 05 25 Pop fascisme: Comment l'extrême droite a gagné la bataille culturelle sur Internet

13 05 25 Les barbares aka Un homme plein de misère, Jacques Abeille

09 05 25 Schopenhauer a sa préférence

25 04 25 Littérature et révolution

17 04 25 Après elle, d'Ariane Bois

13 04 25 Atypiques ! Un dialogue mère-fils pour mieux comprendre l'autisme

01 04 25 Robert Menasse se penche sur le monde de demain

24 03 25 La paix par la non-violence

22 03 25 Printanités encourues

02 03 25 Trouble du Spectre de l'Autisme (TSA): un spectre large de lectures en deux langues sur trois continents

01 03 25 Une grisaille noiraude /  dans Hivernales citadines

26 02 25 Le confinement, de l'obéissance au silence, Le Monde diplomatique mars 2025

05 01 25 Jean-Jacques Lecercle, Système et style [de l'anglais]

3012 24 Le vingtième siècle, d'Aurélien Bellanger, un roman philosophique ?

25 12 24 Deux collections au service de l'art

25 12 24 Deleuze sur Spinoza

24 12 24 Chercheurs d'or, Linda Lê

24 12 24 Julia Kerninon, nom retenu ! Le passé est ma saison préférée

22 12 24 Une grisaille noiraude /  dans Hivernales citadines

21 12 24 Victor Vasarely: du salon familial à la Fondation

08 12 24 L'oeil sauvage de Jacques Sternberg

05 12 24 Simone Weil passée au tamis

02 12 24 Jacques Sternberg, incunable irrécusable

22 11 24 L'Orangerie, une vitamine C artistique grâce à Grégoire Bouillier.

08 11 24 Audre Lorde: A litany for survival

07 11 24 Pascal Chabot enquête philosophiquement sur l'essentiel

07 11 24 Créer du commun par les droits humains: leurs sources dans le texte même

01 11 24 Pierre Zaoui: Spinoza, la décision de soi

29 10 24 Reconnaître le fascisme, Umberto Eco

13 10 24 Sur Deleuze

12 10 24 Mircea Cărtărescu

27 09 24 Automnales déclimantes

Passés en revues, une façon d'alimenter de fiabilité les sources des informations qui nous inondent.

09 09 24 La petite bonne, Bérénice Pichat: waow !

depuis le 03 07 24, Il ne neige toujours pas

19 08 24 Estivales brouillées

18 08 24 Francois Jacqmin Le Livre de la neige

08 08 24 Maxime Rovere & Apollonios de Tyane

27 07 24 Et si je suis désespéré que voulez-vous que j'y fasse ?

06 07 24 Timotéo Sergoï, Marcher loin des écrans fait de nous des oiseaux

03 07 24 Il ne neige toujours pas

30 06 24 Hériter d'un génocide ?

06 06 24 Paul Lynch, Prophet Song

Du 12 06 24 au 18 04 24 De quelques irréfugiables

13 05 24 Le lustre propre de chaque traduction en français de l'Éthique

11 05 24 D'une certaine typologie - De trois genres de connaissance selon Bento

05 05 24 Spinoza, un livre qui voyage: Mériam Korichi, Spinoza code.

29 04 24 François Jacqmin, Écrits sur l'art et les artistes; à la manoeuvre: Gérald Purnelle

28 04 24 Une disposition au désarroi chez Jacques Abeille

22 04 24 Au lit au moyen âge

14 04 24 Chroniques scandaleuses de Terrèbre, Jacques Abeille/Léo Barthe

11 04 24 Europe, revue littéraire (presque) mensuelle: un dossier sur Jacques Abeille

09 04 24 Martin Rueff, Au bout de la langue

24 03 24 Comment devenir un philosophe grec, Marc-A. Gavray et Gaëlle Jeanmart, ULiège

20 03 24 Charles Duits et la diaspora surréaliste française à New-York

12 03 24 Divinité du rêve de Jacques Abeille (2001)

10 03 24 Proses posthumes de Léo Barthe/Jacques Abeille: Un passé lumineux

07 03 24 L'animal de compagnie Léo Barthe (Jacques Abeille)

05 03 24 Princesse Johanna Léo Barthe (Jacques Abeille)

28 02 24 Laura Vazquez, une épopée [Le livre du large et du long]

26 02 24 Tout y mène, par la main même: Annie Le Brun

02 02 24 Taiseux, soit. Cela n'empêche pas de se tenir informé. Comme une divergence sereine qui maintiendrait son cours...

21 01 24 Les irréfragables

21 01 24 D'un autre Nulle Part encore...

17 01 24 Lize Spit, Je ne suis pas là, Actes Sud

14 01 24 La version, Debora Levyh

10 01 24 Éthique V (Spinoza): une lecture cursive

10 01 24 Spinoza nous aide à enrichir notre compréhension du cercle vicieux espoir/déception

10 01 24 Traductions rencontrées du Tao

11 12 23 Robert Misrahi s'entretient

04 12 23 Une éMeRite persistante

20 11 23 S'envisager pleinement avec Roger Somville

15 11 23 Autonomie, Réciprocité, Jouissance: Robert Misrahi

13 11 23 Re Lire En passant, de Chantal Jaquet

11 11 23 Essais lus sur Nulle Part

08 11 23 Stefan Hertmans, Le coeur converti

03 11 23 Huit cours sur la peinture, Gilles Deleuze

29 10 23 Cezanne, des toits rouges sur la mer bleue, Marie-Hélène Lafon 2023

23 10 23 Essai sur l'histoire chinoise, d'après Spinoza

18 10 23 Une révolution dans la pensée, Jean François Billeter

03 10 23 Sarah Bernstein, A study for obedience

20 09 23 Les trois écologies de Félix Guattari

11 08 23 Déradotages

18 09 23 L'âge de la fragilité, Geneviève Azam

16 09 23 Charlotte Milandri, AU SOL Premier roman

29 08 23 Quelle croissance pour l'humanité ? Michel Juffé

27 08 23 Comme des fous, Françoise Davoine

25 08 23 Un OLNI littéraire: La version, Debora Levyh

16 08 23 Une correspondance transtemporelle entre Spinoza & Freud orchestrée par Michel Juffé

14 08 23 Un café avec Spinoza

09 08 23 Ce que dit aussi le Bhagavad Gita de la béatitude

08 08 23 S'attendre à l'imprévu pour le diriger (Frédérick Keck, Préparer l'imprévisible: Lévy-Bruhl et les sciences de la vigilance)

01 08 23 Francis Ponge, Méthodes

31 07 23 Le dépossédé et Les graphies d'Éros (Jacques Abeille/Léo Barthe)

29 07 23 Schizophrénie numérique, Anne Alombert La fin d’une époque – les conditions du vrai – L’enjeu des affrontements

28 07 23 Tout ce qu'un homme digne de ce nom...

27 07 23 Les barbares, Jacques Abeille

27 07 23 Hildegarde, Léo Henry

21 07 23 Troubles dans les frontières, toujours chez Jacques Abeille dont l'ensemble du cycle se relit pour la nième fois, avec toujours autant de délices et orgues !

16 07 23 Les voyages du fils, Jacques Abeille

13 07 23 La clef des ombres, Jacques Abeille

26 06 23 Les arts situés au Trinkhall Museum, Liège

05 05 23 Une appropriation épurée: le propre du sujet, J F Billeter

24 04 23 Svâmi Prajnânpad vu par Prakash: aphorismes

19 04 23 Se naturer, c'est endosser sa nature propre

13 04 23 Le sens de la mécanique quantique, selon Carl Rovelli

06 04 23 Reprises avec la tenue de l'esquisse, Jean François Billeter

25 03 23 Compléments apportés à Un paradigme, Jean François Billeter

22 03 23 Une mise à jour, un léchage en quelque sorte de Le corps-concience d'après Jean François Billeter

21 03 23 Sous la couette D'une respiration s'élancer...

2 2023 Deux méditations sur les philosophies de l'Inde et sur Spinoza

1 2023 L'alvéole des carrefours,texte amendé /
Hivernales épisodiques

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Ma vie, confia-t-il au PUF de sa part à elle: Lou Andreas-Salomé

Détails
Écrit par : Nulle Part
Catégorie parente: Lire pour vivre
Catégorie : 1 Essais
Publication : 12 Août 2025
Mis à jour : 12 Août 2025
Clics : 196

Cette lecture en jeu de pistes multiples de SA VIE me plonge dans un univers brillant qu'il m'amuse, voire m'esbaudit d'en recréer mentalement le réseau complexe en notant les liens ténus qui me font ça et là croiser d'autres réseaux, dont le mien [séjours familiaux en Suisse] ou celui d'une amie [ aux racines russo-austro-suisses] qui en fit, il y a 8 ans déjà, un film.

Le réticulaire théorique d'autres comme projet de vie en somme, à défaut d'avoir su nourrir un réseau propre... Je trouve dans la prose très dense dont Lou Andreas-Salome (1861-1937) a composé son Ma vie des concepts qui me parlent, comme la serviabilité et la sollicitude par exemple. Aussi l'écart, le fait de choisir de se/me tenir à l'écart de ce qui m'est une nuisance devenue.

Le sérieux avec lequel ce livre a été écritraduit, préfacé et annoté par ces cinq personnes, trois femmes et deux hommes, fait de sa lecture un délice qui me dépasse tant le contenu en est à la fois profusion et évasif jusqu'à l'évanescent et replet d'une complétude assez intrépide. Son préfacier fut Jacques Nobécourt (1923-2011), par ailleurs journaliste au Monde et auprès du Monde diplomatique; ses traductrices, Dominique Miermont (1947) et Brigitte Vergne-Cain (l'aînée des deux) et enfin Ernst Pfeiffer (1893-1986), l'ami le plus proche qu'elle avait à son décès et à qui elle confia ses manuscrits inédits en vue de publications posthumes, ce à quoi il s'attela pendant presque 50 ans (de 1937 à 1986), avec un sens remarquable de la précision opportune, dont bénéficient les notes de cette édition entre autres.

Le texte français a paru en 1977 dans la Collection Perspectives critiques [dirigée à l'époque par Roland Jaccard (1941-2021)] des Presses universitaires de France. Je l'ai chiné sur la table d'un brocanteur enlivré liégeois. L'ouvrage est en passe de devenir un trophée supplémentant la Léonardienne.

Il est une quasi-certitude que je serai attentif lors de mes prochains déhavrements à ne plus trop rater l'une ou l'autre édition d'autres ouvrages.

Une grande plume féminine: LINDA LÊ

Détails
Écrit par : Nulle Part
Catégorie parente: Lire pour vivre
Catégorie : 4 Romans
Publication : 14 Septembre 2024
Mis à jour : 25 Juin 2025
Clics : 712

Catherine Boidé fut une des amies proches de Linda Lê; elle lui consacre un chapitre entier dans Il nous faut la vie fauve, le 18e.

Échantillonnages extraits de Linda Lê ou la vaillance:

  • Lynx, tu voyais de nuit, déchiffrais les livres que tu dévorais.
  • Tu es morte dans la nuit du 8 mai 2022.
  • La vaillance en silence était ta note... habitée par l'obsession de ne pas peser sur tes proches.
  • La mort viendra et elle aura tes yeux, me répétais-tu souvent les mois précédanat ta disparition, tandis que je cherchais un titre à mon roman.
  • Ton humour cinglant était vivifiant.
  • À tes côtés, tout était sauvage et puissant.
  • Avant de te rencontrer, j'admirais déjà tes romans, tes essais, tes chroniques littéraires. Ta langue ciselée, ton lyrisme maitrisé, ta culture sans borne m'impressionnaient mais ta simplicité et ta bonté ont immédiatement fait fondre mes appréhensions.
  • Je débarquais souvent dans ton studio de la rue Chapelle à Paris, avec un gros casque sur les oreilles. Cela t'amusait. J'étais ta récréation.
  • Le 8 novembre 2021... nous avions vu ensemble l'exposition Baselitz dont tu admirais la peinture, au centre Pompidou. Tu vacillais, t'appuyant sur mon bras pour tenir debout.
  • Toi qui étais athée, tu communiais à la peinture comme on prend l'hostie. Elle t'irradiait de l'intérieur.
  • ... tu ... écrivais contre la nuit ?Tu disais que les rendez-vous médicaux te faisaient perdre beaucoup de temps. Pour travailler, tu devais le faire la nuit.
  • ... tu te ménageais des espaces de rêverie...
  • . Il t'en a fallu de l'imagination. « J'ai pétri de la boue et j'ai fait de l'or», écrivais-tu dans Memento mori (Souviens-toi que tu vas mourir), ton livre posthume.

Neuf titres de cette autrice française d'origine vietnamienne garnissent la seule planche rassemblant des écrits dont une romancière tient la plume au coeur de la Léonardienne.

Disproportion manifeste: la balance penche trop fermement du côté masculin, d'où cet essai de volumétrie pratique au coeur de ma bibliothèque personnelle. C'est d'ailleurs depuis quelque temps déjà que je m'emploie à privilégier les plumes féminines pour mes acquisitions actuelles.

LINDA LÊ
 DATE DE PREMIÈRE PARUTION TITRE
 1989  Solo
 1989 Lettre morte
 1995 Les dits d'un idiot
 1997 Les trois parques
 2007 Les évangiles du crime
 2012 Lame de fond
 2014 Par ailleurs (Exils) [un essai sur tant d'exils littéraires]
2014 Oeuvres vives
2017 Chercheurs d'ombres [une collection d'essais] Voir le lien pour la table des matières

 L'entretien que Linda Lê (1963-2022) avait accordé en 2014 à Laurence Houot à l'occasion de sa double actualité éditoriale révèle qu'elle a vécu quatre ans au Havre quand elle était adolescente, de 1977 à 1981. « C'est là que j'ai vécu quand on est arrivés du Vietnam. C'était une façon aussi pour moi de rendre hommage à cette ville, qui n'est pas la ville qu'on imagine... Cette ville ... n'est pas à l'image de la France. »


Trois recensions de lectures figurent sur Nulle Part. Elles révèlent des emprunts et des prêts amicaux qui élargissent encore la pertinence de cette plume:

Linda Lê, Personne

Le Je de Linda Lê

Linda Lê: Voix


En tant que lecteur, cela fait quelques semaines que cette ville, Le Havre, réapparait avec la régularité d'un métronome dans ce que je lis. Après Jour de Ressac (Maylis de Kérangal, 2024 - à la date du 31.08.24 en suivant l'hyperlien), La petite bonne de Bérénice Pichot. Et enfin ces Oeuvres vives qui assemblent mon attention de lecteur. La plume  de L. Lê y semble comme bien davantage apaisée que dans les premières oeuvres.

Libération (14 9 24, 28) consacre lui aussi un article à «La Ville qui n’existait pas», de Grégory Chatonsky, photos générées par l'intelligence artificielle qui s'exposent dans la ville qui existe, elle, jusqu'au 22 septembre 2024. Ce sera trop court... pour y accourir ! Même si... « Star de l’actualité des IA, Le Havre est aussi devenu depuis deux ans, et jusqu’à fin 2025, le terrain de jeu à échelle réelle d’un projet rétrofuturiste stupéfiant, dans lequel il est encore question de se remémorer une ville qui n’existe plus. »

Cette récurrence havrienne me pourrait peut-être presque même bien  de susurrer l'idée d'en parcourir les rues automnales moi-même, weather permitting... Les modes d'emploi de cette ville y sont exposés avec sagacité. J'en ai pris bonne note...

Oeuvres Vives et Par ailleurs (Exils) sont en lecture. J'y reviendrai d'ici fin septembre: l'intention de rendre compte de mes replongées est vive.


Oeuvres Vives

Je demeure époustouflé par la sensation hypnotique que dégage la prose de Linda Lê. Ce roman narre par le très grand détail les nombreuses personnes qui ont connu un auteur décédé, Antoine Sorel, né Tran, qu'un journaliste a entrepris de rencontrer: il enregistre les entretiens que ces personnes ont eus avec lui. Il émane en quelque sorte un effet d'étouffement face à la profusion excessive de détails dont la lecture nous est proposée.

J'éprouve souvent, je l'avoue, le besoin de me dégager de cette lente glissade dans une glu narrative suffocante en sautant au paragraphe suivant, à la recherche d'un peu d'air frais sous la forme d'un fait inédit qui sauverait, qui me sauverait en quelque sorte, de cette gangue. Je poursuivrai pourtant la lecture à saute-moutons jusqu'à la 334e page. Il ne m'est en effet jamais venue l'idée saugrenue d'en abandonner la lecture.L'alcoolique misanthrope dont le journaliste, lui-même séparé de Ludivine, s'attache à retracer les étapes d'un parcours, jusqu'à l'étranglement presque, sans apparemment parvenir à conclure sous la forme d'un livre. Le Havre est un personnage à part entière & dans le roman & dans la vie de Linda Lê.

Les strates de vies qui s'emmêlent à mesure que s'étoffent les entretiens que le journaliste parvient à mener, grâce entre autres au seul frère survivant d'une fratrie de trois, Jean Tran.

Une éditrice entreprend de rééditer les oeuvres complètes d'Antoine Sorel; elle fait partie des personnes rencontrées par le journaliste.

Ce récit est mené avec maestria; il s'assemble un peu sous la forme d'un rubik's cube dont les facettes trouvent progressivement leur emplacement pérenne.

Chercheurs d'ombres

La lucidité face à soi, c'est auprès de ces Chercheurs d'ombres* que Linda Lê a si bien assemblés en 2017 en 17 essais, dont 16 étaient inédits, resserrés en 170 pages chez son fidèle éditeur, Christian Bourgois. Je suis subjugué par la pertinence de cette écriture à couteaux tirés à l'encontre, envers le réel ou à l'avers de lui. Elle m'émeut autant qu'elle me remue par cet art du choix des vies réelles, fictionnelles, cinématographiques qu'elle évoque pour essayer un assemblage personnel dont elle tire une leçon de vie. Libre à nous, en notre for intérieur, d'en disposer à notre façon car UN trait majeur de cet ensemble est de ne jamais rien conclure. Elle y expose. À nous d'en disposer. Ou pas. Ou pas entièrement. À nous d'en frayer un passage qui se diversifie à chaque reprise en se faufilant entre les récifs qui jalonnent ces pages.

Emplir d'ampleurs venues d'ailleurs les terrains vagues de l'âme constitue un luxe qui se faufile sans malice dans les interstices, ces viduités que rien n'aménage.

  • « Nulle part au cours du récit Norman Mailer ne répond.à la question posée dans le titre [Pourquoi sommes-nous au Vietnam?]. » 16, in Les âmes hurlantes (d'une guerre et du cercle magique du mensonge).
  • « C'est à une exploration des confins que nous invitent Christina Campo et Maria Zambrano, toutes deux certaines que "philosophique est l'interrogation et poétique la trouvaille": entre révélation et occultation, entre clarté et obscurité, le chemin qu'emprunte l'homme, fils de ses rêves, ne mène peut-être nulle part, mais ce que Christina Campo appelle le "charme violent" de certains livres vien aussi de ce que nous, lecteurs, sommes face à des oeuvres comme des enfants égarés dans la forêt, chacun se demandant ce que l'autre sait de ses souffrances, chacun sachant ce qu'il lui faut atteindre, ce sommet où le texte devient présence absolue. » p.54 in Les soeurs de l'aurore.
  • « Chamboulé, égaré, toujours à deux doigts de s'évader, toujours prêt à se dresser contre les trafiqueurs, les faussaires, toujours de nulle part et impatient de s'en aller ailleurs, de prendre le large et de dyamité les forteresses de la raison, [Jacques Prevel] aurait pu dire de ses écrits: " Ceci n'est pas un livre ... C'est de l'absence qui jargonne, bafouille, éructe, vocifère, incendie." » p 72 in La vie par effraction.
  • « Le cinéma de Sharuna Bartas n'est pas un lieu fermé, il ouvre des portes, même sur le clandestin, le nulle part. Il invite à tenter une évasion vers un ailleurs éloigné de tout exotisme. » p. 155 in "J'aime tous les hommes qui plongent".

* « Les chercheurs d'ombre dialoguent avec l'outremonde, s'inventent des vies souterraines, jouent avec les multiples possibilités qu'offrent les avatars, non sans avoir conscience d'un danger, que met en avant le sagace Nathaniel Hawthorne: " Parmi la confusion apparente de notre monde mystérieux, les individus sont si bien ajustés à un système, et les systèmes les uns aux autres et le tout ensemble, que, en s'effaçant un court instant, un homme s'expose au risque terrible de perdre sa place à jamais." » p. 163 in Faire le mort (De l'art de s'évanouir dans la nature).


En prenant du recul par rapport son oeuvre m'est venue une comparaison: la plume de Jacques Abeille s'adosse au rêve; son souffle m'emporte. La plume de Linda Lê, elle, m'essouffle. Elle semble s'adosser au cauchemar: son style me suffoque par sa pertinence; il est tout aussi adddictif que celui de Jacques Abeille à mes yeux, pour des raisons qui, à la réflexion, paraissent exactement opposées. Je suis déporté par la force de l'essoufflement qu'elle induit en moi.

 

Pulsion Capitalisme, fascisme et pulsionnalité ? 1 Frédéric Lordon et Sandra Lucbert

Détails
Écrit par : Nulle Part
Catégorie parente: Philo, quoi !
Catégorie : Bento Spinoza
Publication : 23 Janvier 2025
Mis à jour : 22 Mai 2025
Clics : 745

Cet essai est en voie de construction. Il me sert pour l'instant de déversoir au jour le jour.

Mise à jour de poursuite (mi-mai 2025)

Le site Lundi Matin a publié le 19 mai 2025 une analyse brillante de cet ouvrage: voici le lien. Son auteur, Olivier Brisson, possède un blog sur Mediapart dans lequel il fait aussi part d'un ouvrage dont il est lui-même l'auteur: Pour une psychiatrie indisciplinée, publié aux éditions La fabrique.

La qualité de son analyse critique de l'ouvrage co-écrit par S. Lucbert et F. Lordon m'a ouvert à une distanciation sereine face à l'ouvrage qui me comblait par l'ouverture qu'il m'avait offerte sur des pans de ma vie personnelle.
O. Brisson, comme le révèle son blog, travaille lui-même comme psychomotricien avec des personnes autistes. Je n'ai évidemment pas (encore) lu son plaidoyer pour une psychiatrie indisciplinée mais l'intention y est bien présente...


Enfin ! J'ai enfin entamé le processus de relecture de mon passé à la (belle) lumière qu'offre cet ouvrage qui m'en a ouvert la possibilité. C'est un peu comme si j'étais réinvesti par la patience face à l'inéluctable. Ce qui ne peut être évité, contourné, doit, si la paix intérieure doit s'instaurer, être à nouveau présente, refaire partie du chemin. C'est bien un processus d'auto-analyse qui est ainsi entamé: il s'applique(ra) à déterminer les critères qui me correspondent et avec quel degré de gravité. Deux sources:

  1. le DSM-V qui définit le trouble du spectre de l'autisme léger à modéré sans déficience intellectuelle ni retard de langage. Symptômes les plus courants:
  • l'anxiété,
  • la dépression,
  • le Trouble Obsessionnel Compulsif ainsi que
  • différentes phobies

et une des trois conditions du DSM V:

  1. le déficit du développement, de la gestion et de la compréhension des relations; par ailleurs modes de comportement, d'intérêts ou d'activités restreints et répétitifs;
  2. l'insistance sur l'uniformité, l'adhésion à la routine, les rituels rigides du comportement verbal et non-verbal;
  3. il arrive beaucoup plus souvent que ce trouble mental ne soit identifié et diagnostiqué qu'à l'âge adulte s'il s'agit d'un autisme léger.

Sur le reste, le secours de L. Wittgenstein est précieux:

« Ce qui peut être dit en général peut être dit clairement : et sur ce dont on ne peut parler, on doit se taire. »

Tractatus logico-philosophicus, Préface, p. 89  dans la traduction de C. Chauviré et S. Plaud, éd. Garnier-Flammarion, n°1640, 2021, 253p.

Qu'il me suffise simplement d'ajouter que ces trouvailles sont apaisantes, à n'importe quel âge...

2. ainsi qu'un ouvrage écrit par Karen Horney (1885-1952) qui fait partie de la Léonardienne et s'intitule L'auto-analyse. La quatrième de couverture en dit ceci:

« Dans L'auto-analyse, Karen Horney oppose sa doctrine au freudisme. Freud dit, selon Horney, que l'homme livré à lui-même, est la proie de ses instincts ou de ses mécanismes de défense névrotiques, et ne peut conquérir son autonomie sans le secours du psychanalyste. Pour elle, au contraire, le moi tend naturellement et de façon saine à se réaliser: même brimée, au sein de la névrose, cette tendance reste suffisamment forte pour permettre à l'adulte de se tirer d'affaire. Le but de l'ouvrage est d'indiquer aux personnes désireuses de tenter cette dernière expérience quelles connaissances et quelles méthodes sont requises pour réussir.
Désormais on peut se psychanalyser soi-même.
Ce livre informe le public curieux de psychologie, des idées d'une femme qui joua un rôle important dans l'évolution de cette science. Il apporte au lecteur, souhaitant acquérir une meilleure connaissance de lui-même, des éclaircissements, des informations, des exemples et des conseils.»

L'ouvrage a été écrit en 1942. Mon édition française parue chez Stock+Plus date de 1978 et résulte de la traduction de Dominique Maroger.

Aucun souvenir de l'avoir lu. Mais la main qui l'a choisi a bien fait. Je le lirai quand j'aurai fini Pulsion.


Je ne savais pas que j'attendais cet ouvrage. Je ne m'attendais pas qu'il confirme l'intuition porteuse d'une de mes amies à mon égard.

Alors, disons qu'il m'attendait ou plutôt qu'il attendait que je sois disponible à engranger les si nombreux acquis de sa lecture. Dès les premières pages se perçoit la maitrise synthétique toute spinoziste des acquis du premier auteur. Chaque mot est pesé. Aucun gras. Les innovations pleuvent. L’œuvre majeure se (p)ressent. La lecture se pave un cheminement solide en acceptant de se laisser emmener pas à pas dans la construction très aboutie qui se laisse deviner à chaque paragraphe qui bifurque (à la Borgès des jardins), se ramifie, s'outille en assemblant des concepts hérités de Spinoza pour la plupart d'une façon tellement aboutie que j'en suis enthousiaste et en état de sidération face à la probable pertinence de l'assemblage. Il nous outille. Je vous lâche pour reprendre ma lecture, séquentielle, paisible, ancrée.

En cliquant sur la couverture, la quatrième de couverture sur le site de l'éditeur. Et profitez-en pour visionner la sémillante présentation d'une heure et demi que les deux auteurs ont livrée sous l'onglet vidéo ! J'en sors "esbroufé", encore plus que par le texte lui-même qui s'éclaire mieux encore par ces prises de paroles.

De nombreuses thématiques qui se trouvent définies dans le glossaire en fin d'ouvrage me "tournent autour" et font l'objet d'approches, de triturations réflexives sur Nulle Part. Les observer ainsi mises en perspective au sein d'un ensemble solide et cohérent réjouit.


Un glossaire définit également les concepts dont les deux auteurs se sont appareillés. Un des termes définis, je suis étonné de l'y trouver, m'enchante tant cette définition est précise, et donc précieuse:

« AUTISME

Dans son concept pur, position psychique de RÉSISTANCE par une RÉTRACTION extrême. [La rétraction] est consécutive à l'expérience faite par Modus* d'un trop haut niveau d'HOSTILITÉ du dehors en général (Autre(s)* compris ou non) qui l'a conduit à assimiler GÉNÉTIQUEMENT le dehors à un péril mortel. Avec ce [péril mortel], par conséquent, ne peuvent plus être noués que des rapports réduits à leur plus simple expression, tendant même vers une absence de rapports, à l'exception du MINIMUM métabolique requis pour maintenir les fonctions physiologiques vitales. »

Cette définition, je la rapproche d'une (longue) citation extraite du chapitre 5 intitulé Temps 1 IL Y A:

« Qu'est-ce que l'autisme ? C'est une position stratégique: la première possible. Celle qui persiste si un rapport suffisamment convenant vient le rendre obsolète. Celle qui doit faire d'emblée avec le pire: la menace pour la vie même. Une position de repli pour résister à l'écrasement des forces extérieures. [L'autisme] n'est donc pas la "théorie" ou la "doctrine de soi-même", c'est l'intelligence persévérante poussée à son plus terrible paradoxe: le repli stratégique de l'assiégé trop tôt. Alors qu'il n'y a pas encore d'adversaire. Singulier possible.

L'autisme, c'est vivre-mourant - la plus oxymorique des positions. Quand la menace est trop grande, on survit en retranchant ce qui permet de vivre. Modus en repli stratégique le sent: il ne peut plus rien hasarder de lui-même - il poursuivra l'effort conatif par extinction presque complète de sa puissance. Dans la définition spinoziste du corps-esprit puissant, en effet, il entre qu'il soit le plus affectable possible: [note 20: Éth. II, 13, scolie: "Je dis [...] de manière générale que plus un corps l'emporte sur les autres par son aptitude à agir et pâtir de plus de manières à la fois, plus son esprit l'emporte sur les autres par son aptitude à percevoir plus de choses à la fois."] Le stratège autiste se condamne à la moindre puissance pour en conserver une. De fait: il limite dramatiquement son contact affectif avec l'extérieur.

Un ou plusieurs autres empiriques en position de tenir lieu d'objet-O [lire zéro]*, et reconnus comme idiotélies*. »

IDIOTÉLIE

« De idios propre et télos, visée. La marque d'une singularité désirante métonymisée par ses visées propres. »

MODUS

« Personnage théorique générique, point d'application d'un psychanalyse géométrique. Regrettablement, Modus, mot latin, n'est pas épicène, car Modus n'est pas genré. »

Je viens de relire le chapitre 5 où la définition d'autisme est mise en demeure de s'ingénier à m'aider à personnaliser un parcours. Il ne figure évidemment pas dans ce livre au contenu dense et limpide. Le chapitre 5 contient trois exemples: Marcia, Abdallah et Donna Williams. En voici un quatrième...

Le sevrage soudain du nourrissage au sein a dû être vécu par Modus, un mois après sa naissance, comme une conjoncture trop défavorable (93). Et que peut-il faire là contre ? “Laisser ses défenses le défendre, càd l'achever – ou presque. La stratégie défensive... consistera à annihiler ses zones-affections autant qu'il est en lui.”

Pulsion précise que, selon le psychiatre Bleuler, l'autisme équivaut à la doctrine de soi-même. « Or ce n'est pas exactement ça. QU'EST-CE QUE L'AUTISME ? C'EST UNE POSITION STRATÉGIQUE: la première possible. Le bas de la page 93 s'emploie à définir précisément l'autisme comme l'intelligence persévérante poussée à son plus terrible paradoxe: le repli stratégique de l'assiégé trop tôt. Alors qu'il n'y a pas encore d'adversaire Singulier possible. »

Se postule le TRAUMA PRINCEPS qui aurait pour circonstance fondatrice l'abcès au sein.

Ce trauma princeps a déclenché un repli stratégique au cours duquel Modus a presque complètement éteint sa puissance, ce qui lui a permis de “poursuivre l'effort conatif.”

“Le stratège autiste se condamne à la moindre puissance pour en conserver une. De fait, il limite drastiquement son contact effectif avec l'extérieur.” 94

Ce trauma surmonté, non par moyens propres mais par dispositifs d'urgence et ensuite pérennes mis en place par la famille nucléaire. Modus est donc passé aux biberons.

Fonder ainsi l'auto-analyse du soi résultant met à profit des habiletés développées avec compétence tout au long de son parcours, notamment en bibliothéconomie et en terminologie après une formation initiale en philologie germanique.

Pour reprendre la terminologie de PULSION, au temps 1 IL Y A l'abcès au sein comme TRAUMA PRINCEPS. Celui-ci a provoqué un repli stratégique de MODUS, dont il a ensuite pu se dégager grâce à l'environnement mis en place avec à-propos, disons, par mes parents. Cela m'a permis de développer mon génie propre, ce que Spinoza nomme INGENIUM (disposition), càd « l'ensemble des traçages dispositionnels d'un corps tels qu'ils déterminent et récapitulent les AFFECTABILITÉS. »

Glossaire, encore, p. 585: « La “STRUCTURE PSYCHIQUE” qui en a résulté découle de cette position stratégique formée au terme de la psychogenèse. Structure psychique est synonyme de COMPLEXION. En tant qu'elles sont positivement stratégiques, il est IMPOSSIBLE de dire des structures qu'elles sont psycho-pathologiques.

Les structures psychiques sont donc PSYCHO-STRATÉGIQUES. »


Le GLOSSAIRE ne respecte pas strictement l'ordre alphabétique des termes définis. Un probable défaut de relecture:

RECALAGE alphabétique

DÉCALAGE dans l'ouvrage

akiosis

anarchique

anarchique

akiosis

autisme

autre

automatique

automatique

autre

autisme

chose

conatus

complexion

chose

conatus

complexion

concaténation

concaténation

...

...

stéréogénie

stratégie

stratégie

stéréogénie

 

J'ai également noté à la page 123: « Entre Freud et Spinoza, on regrette la rencontre qui n'a pas eu lieu. » Michel Juffé s'y est pourtant attelé en imaginant une correspondance entre eux s'étendant sur 16 lettres et plus de 300 pages : Michel Juffé, Sigmund Freud Benedictus de Spinoza : Correspondance 1676-1938, éditions Gallimard, collection Connaissance de l'inconscient, 2016, 319p, EAN 978-2-07-017876-6.

Je lui ai consacré un bref essai dans lequel j'insistais sur

« L'étreinte admirative qu'exerce la plume experte de Michel Juffé [qui] offre à notre lecture de cette correspondance une occasion inédite de mieux comprendre ce qui unit les deux épistoliers par-delà leurs divergences. Une démarche très réussie que cette créativité épistolaire car elle se double d'une compétence littéraire avérée à faire vivre deux représentants du peuple juif, chacun dans son siècle. »

Pour être complet, notons que les auteurs de PULSION mentionnent (p. 48, note 2) la référence du passage d'un ouvrage intitulé Spinoza au XXe siècle, PUF, 1993, édité sous la direction d'Olivier Bloch, cosignés par Franck Burbage et Nathalie Chouchan : « Freud et Spinoza. La question de la transformation et le devenir actif du sujet ».

Entre le chapitre 5 et le chapitre 6, figure un insert d'à peine plus d'une page  intitulé Quels mots pour quelles choses.

 Les deux auteurs y prennent fermement position:

« La psychiatrie pense maladies, nosographies, symptômes – nous voulons, quant à nous, laisser le primat à la positivité des déterminations. Dégager des logiques de persévérance là où, sinon, nous aurons droit à du normal et du pathologique. Martingale de la domination: entre ceux des médecins qui diagnostiquent comme on brise, et ceux des analystes qui font proliférer le silence ou les élucubrations. ... On reconnait un désastre institutionnel à ce qu'il détruit les inventions même qu'il devrait porter." Dans le "pathologique", les stigmates sont listés: autiste, psychotique, pervers, névrosé, hystérique. "Avoir transformé en insultes les nécessités d'un mode, de ses rencontres et de ses agencements est peut-être le produit le plus typique d'une institution – d'un pouvoir. D'une certaine manière, il fallait bien reprendre ces catégories pour les rendre à leur pleine et entière positivité.

Application immédiate: la Vie de Modus qui sera détaillée dans les cinq Temps, serait chez Freud une trajectoire de "névrosé". En termes spinozistes : Modus rencontre l'appoint de puissance. » (99-100)


Bien. L'ouvrage ayant été mis en travail sur un cas particulier, il est temps de dépasser le circonstanciel personnel pour aborder le très riche contenu de l'ouvrage intitulé PULSION.

Le sommaire en tête d'ouvrage et la table des matières qui le clôt sont disponibles sur le site de l'éditeur. La précision de cette dernière peut servir de guide pour apprécier l'ampleur de son propos novateur:

Pourquoi faire ? Comment faire ?
Ecce Modus
I. FORCES ÉLÉMENTAIRES
1. Fini-pas-fini
2. Le manque (quel manque ?)

Personne ne manque de rien –; Objet-0, Désir, désirs
3. La pulsion
Désir, désirs –; La pulsion : corps ou psyché ? –; Non pas les pulsions : la pulsion –; La pulsion de mort n'existe pas –; Pas sexuelle
4. La jouissance
L'ombre portée de l'objet-0 –; L'objet-0, ce trésor, cet abîme –; La voie de l'entassement (capitalisme) –; La voie de la Totalité
Psychanalyse géométrique, psychanalyse matérialiste
II. VIE DE MODUS (Stratégies et dispositions)
Marquages stratégiques

5. Temps 1 – Il y a
Imperium en litige –; Vivre en surface –; Démarrer le corps imaginaire –; Algèbre des " situations extrêmes " –; Il y a de trop mauvaises rencontres –; Position de repli –; Héraldique psychique –; Trois figures de Modus et la Chose,
Quels mots pour quelles choses
6. Temps 2 – Dehors, persécution nombreuse

I – Des objets – mauvais
Inaugurer la poubelle conative –; Joie du dedans –; Destins d'une disposition –; Premières liaisons : le primaire paranoïde –; Angoisse persécutive et consistance en pointillés
II – Des objets bons
Démentis perceptifs –; Lâcher l'ennemi pour l'incertain –; Mise en service du petit buffet –; Douleur indirecte : l'absence de l'objet –; Décidément devoir aimer au-dehors
Des mondes dans des empreintes (traces et liaisons)
Machine concaténatrice –; Suites simples, suites complexes, suites anciennes –; Marqués à vie ? –; Toute mémoire vient du corps
7. Temps 3 – Au tout-pouvoir de La Chose
I – Première invention : le temps
Dépendre d'une Grosse Chose –; Tragique de l'objet monde –; Se donner le temps –; Modulations géométriques
II – Seconde invention : le Fantasme
Conatus aux mille ruses –; Au Tout-désir de la Chose –; Elle me vise : début des histoires –; Elle me vise, je me perçois –; L'extase inénarrable –; Masochisme primaire –; Peine à l'élastique –; Nuit de feu
D'un message interstitiel à l'adresse d'un possible lectorat lacanien
Temps 4. Trois rencontres stéréogéniques
8. Temps 4 – Première rencontre : l'altérité

Une nouveauté rayon objets –; À corps semblables, effets spéciaux –; Que ta joie vienne –; Amour, gloire et gouvernementalité –; Je pense, ma mère –; L'effet majuscule –; L'Autre et ta consistance –; Génie relationnel –; Les pieds sales –; Autre composite
9. Temps 4 – Deuxième rencontre : le langage
Voix-0 –; La forme élémentaire du sens –; Mystère fléché –; Les mots parmi les choses –; Les enchaînés –; Décollage signifiant –; Fièvre parlante –; Liaisons licites contre liaisons sauvages –; Saillances louches –; Tu veux quoi ?
10. Temps 4 – Troisième rencontre : le miroir
Aha ! –; Imperium cherche appui –; Intermède canin –; Objet réfléchissant identifié –; Moi* se construit –; Moi d'échappement –; Indéfini radical : l'objet-a –; Emplir le cartouche –; Rébus directeur –; Voici ta légende –; Héraut de ton héroïsme –; " Vois par cette image qui est la tienne –; Exercice fantastique
11. Temps 4 – Servage souverain
Jouir d'être serf –; Automatique de l'obéissance –; Concrétisation par la légende –; grand Autre –; Qui dispose ? La question du Fantasme –; Chimèreconstituée –; Splendeurs et misères du service amoureux –; Comment je réussis à devenir l'objet-a (après bien des mécomptes)
Suzanne prend Lacan au mot
Compendium d'automatique générale

12. Temps 5 – Monopole contesté

I – Je me vois en difficulté
Rien à voir : A n vont au travail –; Trop de voir : Modus-bis prend la place de Modus –; Reste à voir : A n ont une liaison secrète –; Ce qu'il (me) faut, dit A 1 –; " C'est ça l'opoponax " –; C'est ça, l' akiosis –; Mais que faut-il exactement ?, demande l'anthropologue
II – Remaniements stratégiques
Tout est perdu –; Tierciarisation –; Invention du détour –; Je me jette dans la société –; Gares de triage –; Je révise mon Fantasme –; Montée en abstraction –; " Un tort m'a été fait " –; Actualité du roman familial
13. Temps 5 – Voilà pour toi (un genre, un objet, une sexualité)
I – Genre et sexualité : géométrie générale et appliquée
Accommoder la soustraction –; L'adieu au sexual –; On me dit quoi désirer –; Affaire de résultante –; Les forces en présence
II – Quelques-unes de mes vies dans le patriarcat : combinatoire
Cas 1. Genré-garçon, j'endosse le rôle –; Genré-fille : une expérience de l'escamotage –; " La psychanalyse est une théorie féministe manquée " –; " Plus de mots, j'ensevelis les morts dans mon ventre " –; Préposée au soutien phallique –; La ZAD lesbienne –; L'horizon maternel –; Cas 2. Genré-fille, je deviens hétérosexuelle –; Cas 3. Genré-fille, je dépéris dans l'hétérosexualité –; Cas 4. Genré-fille, je persiste à préférer les filles
14. Consister sous le regard de l'Autre – une vie humaine
Être regardé – le " sens de la vie " –; D'autres Autres –; L'Autre multitude (au bout de la série des Autres) –; Les formes historiques de l'Autre social (sociétés d'ordres, sociétés individualistes)... –; ... et ses structures matérielles (médias et réseaux sociaux) –; Sous le soleil de l'Autre chaotique –; Les dotations de l'âme
III. MÉTAPSYCHOLOGIE SPINOZISTE
15. Les destins de la pulsion

Modus est laid –; Refouler, penser à autre chose –; Les retours de l'irréductible (l'archipel des liaisons) –; Le rêve –; Le paradoxe des " affects inconscients " –; Destin de la pulsion – 1 : le renversement en le contraire –; Destins de la pulsion – 2 : changer d'objet –; Retourner sur soi –; Il n'y a pas de " conversion hystérique " –; Le repentir, l'angoisse, le reste
Angoisses, suites
L'angoisse-0 –; L'angoisse ontologique –; L'inquiétante étrangeté – une vue spinoziste –; Le Deux, ou la perte de l'immanence
16. Les inconscients (4 + 1)
La mourure (l'inconscient kleinien) –; Développement ou transformation ? (controverses autour du poète espagnol) –; Refouler (l'inconscient freudien) –; Être parlé (l'inconscient lacanien) –; Modaliser la Puissance (l'inconscient deleuzo-guattarien) –; + 1 –; " L'inconscient " n'existe pas –; Tous schizés
C'est donc une matriochka
IV. SYMBOLIQUE, POLITIQUE
17. L'ordre de la
concatenatio
Les bonnes manières –; Penser à fermer les yeux (pour ne pas finir pulvérisé) –; L'institution passionnelle des choses – et de leur manque –; Le transcendantal immanent : voir et lier selon ses affects –; Les liaisons du langage – entre structuralisme et spinozisme –; La langue structuraliste : trop close –; Pragmatique spinoziste de la langue –; Rapports des signifiants, liaisons des affections –; L'attracteur du signifiant –; Le symbolique, ou l'ordre des concaténations valides –; La stabilisation symbolique : entre soulagement et enfermement
18. Politique du symbolique
L'ordre du recevable –; Symbolique : historique (immanent aux affects) –; L'ordre symbolique est une hégémonie –; Psychotiques ou contestataires ? (les infracteurs de l'ordre symbolique) –; Contestataire de l'ordre symbolique : un travail politique –; Un lieu du remaniement symbolique autorisé (encouragé) : la science –; Symbolique et politique
19. D'un symbolique l'autre
Le Symbolique par en haut –; La forme des relations –; Le symbolique opéré par l'imaginaire –; Le miroir renversé –; Structuralisme minéral, structuralisme historique –; Ne pas servir à rien
20. Au nom de la Loi
Pragmatique du capitonnage –; D'un point sublime –; Objet-0, objet-a, Phallus –; La castration sans douleur –; Pénis, pâle figure –; Le snark, truc et machin (anti-Phallus) –; Ou des concepts ou des images –; L'interdit ou l'impossible ? –; Hommes,de Loi, maîtres des manières – oligarques
V. VÉRITÉS DE LA PSYCHOSE
" Eh bien ! la guerre. "
21. " Odium sive natura ". Mobilisation paranoïaque
L'écart qui sauve –; L'écart qui manque –; Collaboration trouble –; D'un point de malvenue –; Vivre dans la menace –; Imagination obsidionale –; Sens para-chute et consistance oxymorique –; Un régime de jouissance –; Causalité privée –; Non-rencontres et conséquences
22. " À quoi ça tient ? " La schizophrénie entre prudence et consternatio
L'élaboration impossible –; Forclusion ? –; L'altérité indéchiffrable –; Y penser, n'y pas penser, penser à n'y pas penser –; Essayer sans pouvoir –; Saturations de l'affect tenace –; Le patch de divertissement –; " À quoi ça tient ? " –; De tout en tous (complexions complexes)
Le nexus de la condition humaine
23. Deleuze comme un réactif (et comme conclusion)

" Le désir ne manque de rien " –; Fini-pas-fini, tout s'ensuit –; Inorganisé, insensé –; Consistance modale... –; ...ou palais des courants d'air ? –; Tutoyer la mort –; L'infini depuis le fini –; Héros et petits veaux chez Gilles Deleuze –; Même pas un animal –; Héros modaux –; Une histoire –; Psychophysique du mou –; Entre le fixe et le fluide : le mésomorphe –; Personnages de fixion –; Le travail de la fixion, ou la possibilité d'une histoire
Coda. À la manière géométrique
Annexe 1. L'" être " et le désir (disputes lacaniennes)
Annexe 2. De Irigaray à Butler : mélancolie, forclusion, refoulement ?
Annexe 3. Comment des idées peuvent-elles être " proches " (petites mathématiques spinozistes)
Glossaire
Bibliographie.

Ethica sexualis, Bernard Pautrat

Détails
Écrit par : Nulle Part
Catégorie parente: Philo, quoi !
Catégorie : Bento Spinoza
Publication : 25 Novembre 2019
Mis à jour : 16 Novembre 2024
Clics : 3131

Mettre à jour un essai sur un site, celui-ci en l'occurrence, est un puissance qui sied à toute lecture de fond de l'Éthique spinozienne. En octobre 2024, les éditions Rivages ont rendu disponible dans leur collection Rivages Poche, sous le n° 1110, le volume que Bernard Pautrat avait consacré en 2011 à Spinoza et l'amour: Ethica sexualis. Le décorticage éclairé du texte qu'il a lui-même traduit par ce fin connaisseur des oeuvres de Spinoza apporte un éclairage pointu à ce que Spinoza avait à dire de ce sujet ô combien "touchy", quelle que soit l'époque. D'avoir ainsi rejoint la Léonardienne, l'ouvrage se manipule intensément... La suite de l'essai n'a pas encore été retouché. Je note déjà que le texte n'a pas été retouché; la pagination par contre figurant dans la table des matières illustrée plus bas correspond à l'édition de 2011; celle de 2024 est publiée en collection de poche et voit dès lors son nombre de pages augmenter jusqu'à 495.

Libération en fait lui-même brièvement la promo de cette réédition à la page 39 de l'édition du week-end 16-17/11/24:

Dans la continuité vraisemblable de sa couverture, deux jours plus tôt, sur le dossier du jour:


Alexandre Matheron, né en 1926, avait déjà abordé le sujet dans un article intitulé La sexualité dans l'Éthique, repris dans Anthropologie & politique au XVIIe s.(Vrin, 1986, 209-230), nous livre B. Pautrat. Ce volume ne m'est pas accessible, tandis que dans un volume plus récent publié par l'ENS en 2011, Études sur Spinoza & les philosophies de l'âge classique, figure un chapitre intitulé Spinoza & la sexualité (305-324) qui a été originellement publié dans une revue italienne. La référence au volume publié chez Vrin en 1986 figure en deuxième source. Le titre est donc différent mais le contenu semble être le même.

La thèse que B. Pautrat pose dans la dernière phrase de son introduction se met en opposition relative par rapport à Alexandre Matheron. L'enquête auquel se livre ensuite B. Pautrat est passionnante !

Alexandre Matheron Bernard Pautrat
 
 Alexandre Matheron B. Pautrat

La table des matières de l'ouvrage de Bernard Pautrat pourrait s'illustrer ainsi:

 
Les mots-clés qui ressortent de cette table des matières ne laissent aucun doute sur les surprises que Spinoza a parsemées dans son ouvrage majeur. Il n'est de meilleur enquêteur que B. Pautrat dont les traductions belles (mais rèches) sont pareillement des révélations: le sens y affleure très souvent enrichi. Comme si la lecture qu'il nous propose en révélait des raffinements que d'autres traductions n'avaient pas débusqués.


C'est à nouveau au réseau de lecture publique de la Province de Liège que je dois le privilège de lire de manière approfondie cet ouvrage épuisé: il se monnaie fort cher à la bourse très capitaliste des livres épuisés sur Internet.


Les trois premiers chapitres d'Ethica sexualis rassemble trois passages "étranges" de l'Éthique. Bien sûr, BP n'est pas le premier ni le seul à attirer notre attention sur ces étrangetés. Sa lecture est originale, & rare par rapport à d'autres exégètes autorisés de Spinoza. Je pense notamment à P. Macherey et P.-F. Moreau, mais aussi J F Billeter, E. Delassus, M. Juffé, A. Matheron, R. Misrahi, C. Ramond & A. Suhamy. Plus je lis sur Spinoza et plus je lis Spinoza: cela offre souvent l'occasion de déceler des nuances dans les traductions proposées, ce qui amène alors une réflexion sur la responsabilité du traducteur face à l'original.

Le livre de BP est une enquête ayant pour objet la réponse à cette question:

« De quelles propositions Spinoza aurait-il pu, et peut-être dû en effet, nous envoyer pour appuyer ses dires ? Pourquoi, en vérité, càd more geometrico, l'homme libre vit-il sa sexualité dans les conditions énoncées aux chapitres XIX & XX de l'appendice qui clôt la quatrième partie ? » BP se concentre en effet sur ces deux passages où Spinoza emploie l'expression AMOR MERETRICIUS.

Dans le chapitre XIX, BP la traduit par amour sexuel: « En outre, l'amour sexuel, càd l'appétit d'engendrer qui nait de l'apparence. »

R. Misrahi et C. Appuhn rendent cette expression par amour sensuel; une autre nuance se glisse aussi:

RM « L'amour sensuel, càd le désir sexuel qui nait de la beauté... »

CA « L'amour sensuel, càd l'appétit d'engendrer qui nait de la beauté... »

Gaffiot & BP nous apprennent que meretrix est la courtisane, la femme publique & qu'il apparait dans deux autres passages de l'Éthique:

  1. IV, prop. 44, scolie: « & si  l'on ne croit pas moins fous ceux qui brûlent d'amour et ne font nuit & jour que rêver à une maitresse (amasia) ou à une meretrix (que je traduis par prostituée, commente BP), c'est parce que d'ordinaire ils éveillent le rire. »
  2. IV, prop. 71 scolie: « Ici l'homme fait bien de fuir l'envahissante libido de cette femme, & de refuser ses cadeaux, ou peut-être plutôt: de savoir ne pas rendre les cadeaux qu'il a reçus prenant alors le risque de sembler l'ingrat qu'il n'est pas. » Ethica sexualis p. 15

Cet amour-là nait d'autre chose que de la liberté de l'âme. Mais voici l'ensemble de ce chapitre XIX dans la traduction de BP (p. 487): « En outre, l'amour sexuel, càd l'appétit d'engendrer qui nait de l'apparence, &, absolument parlant, tout Amour qui reconnait une cause autre que la liberté de l'âme, se change facilement en Haine, à moins d'être, ce qui est pire, une espèce de délire, & alors c'est plutôt la discorde que la concorde qui est alimentée. »

Le chapitre XX « est le passage de l'Éthique le plus explicitement consacré à l'amour sous la conduite de la raison. ». Le voici: « Pour ce qui touche au mariage, il est certain qu'il convient avec la raison si le Désir de s'accoupler aux corps n'est pas engendré seulement par l'apparence, mais également par l'Amour de procréer des enfants & de les éduquer sagement; & si, de plus, l'Amour de l'un & l'autre, j'entends de l'homme & de la femme, a pour cause non la seule apparence, mais la liberté de l'âme. »

Dans "vie sexuelle", l'adjectif sexuel « désigne le rapport érotique entre les corps », nous précise encore BP. 17

 

 

L'école du réel, Clément Rosset

Détails
Écrit par : Nulle Part
Catégorie parente: Philo, quoi !
Catégorie : Clément Rosset
Publication : 16 Septembre 2021
Mis à jour : 11 Septembre 2024
Clics : 2422

En 2008, Clément Rosset (1939 – 2018) nous proposait, chez son fidèle éditeur, de revisiter l'ensemble de son oeuvre dans L'école du réel. Il s'agit là d'une mise à jour extrêmement bien structurée de ce qui a retenu l'essentiel de son attention philosophique au fil d'ouvrages qui se sont succédés dans le temps.

L'éditeur de l'ouvrage, Les éditions de Minuit, présente l'ouvrage de la sorte sur son site:
«
Ce livre est la réunion et la mise au point des textes que j'ai, depuis une trentaine d"années, consacrés à la question du réel et de ses doubles fantomatiques.
Il développe ainsi un sujet unique, qu’on peut définir comme l’exposé d’une conception particulière de l’ontologie, du savoir de ce qui est  comme l’indique l’étymologie du mot. Ma quête de ce que j’appelle le réel est très voisine de l’enquête sur l’être qui occupe les philosophes depuis les aurores de la philosophie. À cette différence près que presque tous les philosophes s’obstinent à marquer, tel naguère Heidegger, la différence entre l’être et la réalité commune, sensible et palpable alors que je m’efforce pour ma part d’affirmer leur identité. Clément Rosset.

& si l'écouter a votre préférence, France Culture a assemblé ici cinq entretiens.


SOMMAIRE [ DES OUVRAGES ANTÉRIEURS À 2008 relus, revus et augmentés PAR L'AUTEUR]

Avant-propos.
– I. le réel et son double, texte intégral du Réel et son double, nouvelle édition revue et augmentée, Gallimard, 1984
– II. post-scriptum au chapitre précédent, extrait du Réel, traité de l’idiotie, Minuit, 1977
– III. retour sur la question du double, extrait de L’Objet singulier, nouvelle édition augmentée, Minuit, 1985
– IV. mirages, extraits du Philosophe et les sortilèges, Minuit, 1985
– V. le principe de cruauté, extraits du Principe de cruauté, Minuit, 1988
– VI. principes de sagesse et de folie, extrait de Principes de sagesse et de folie, Minuit, 1991
– VII. le démon de l’identité, extrait du Démon de la tautologie, Minuit, 1997
– VIII. le régime des passions, extrait du Régime des passions, Minuit, 2001
– IX. impressions fugitives, texte intégral de Impressions fugitives, Minuit, 2004
– X. fantasmagories, texte intégral de Fantasmagories, Minuit, 2006. »


TABLE

  1. LE RÉEL & SON DOUBLE
  2. POST-SCRIPTUM AU CHAPITRE PRÉCÉDENT
  3. RETOUR SUR LA QUESTION DU DOUBLE
  4. MIRAGES
  5. LE PRINCIPE DE CRUAUTÉ199

    Introduction 201
    1. — Le principe de réalité suffisante 202
    [Une digression spinozienne]
    2.—  Le principe d'incertitude 221

    Appendices 234
    L'inobservance du réel
    L'attrait du vide 245 - 250

  6. PRINCIPES DE SAGESSE & DE FOLIE
  7. LE DÉMON DE L'IDENTITÉ
  8. LE RÉGIME DES PASSIONS
  9. IMPRESSIONS FUGITIVES
  10. FANTASMAGORIES
    1. LES REPRODUCTIONS DU RÉEL
      • la photographie
      • la reproduction sonore & la peinture
    2. ÉCLAIRCISSEMENTS SUR LE RÉEL
      • Sur le réel
      • Sur le double

À mesure que mes notes de carnet s'étoffaient, j'ai envisagé ce qui contribuerait à éclairer utilement cette table. D'une langue belle & précise, l'auteur s'est constamment attaché à clarifier son propos. Son écriture fluide est experte & maitrisée. L'invitation à réfléchir en sa compagnie est constante, bienvenue & fructueuse.


V. le principe de cruauté 199

Introduction 201

« Il n'y a probablement de pensée solide ... que dans le registre de l'impitoyable & du désespoir◊ »

De ce registre double, C. Rosset ne me semble pas définir l'impitoyable tandis que le deuxième adjectif qualifiant, désespéré, lui, bénéficie d'un épanchement plus explicite:

« Désespoir par quoi

  • je n'entends pas une disposition à la mélancolie,
  • mais [j'entends] une disposition réfractaire absolument à tout ce qui ressemble à
    • de l'espoir,
    • ou de l'attente◊ »

Ne rien espérer, ne rien attendre◊ Être devenu rétif à l'espoir, autrement dit à l'attente, constitue en quelque sorte pour C. Rosset une des deux clés pour accéder à une pensée solide◊

Quant à l'impitoyable, la première clé, j'y sens comme la vibration

  • d'une authenticité sans rémission possible,
  • d'une forme de lucidité jusqu'auboutiste

concernant la nature irrémédiable

  • du réel pur,
  • de la réalité nue,

une fois tous les voiles dont les humains la parent ont été arrachés◊

Une fois le registre du réel défini autour d'une éthique de la cruauté, C. Rosset s'attache à résumer cette éthique au moyen de deux principes simples:

« Deux principes simples résument une éthique de la cruauté,

  1. le principe de la réalité suffisante &
  2. le principe d'incertitude◊ »

1. — Le principe de réalité suffisante 202

La philosophie possède trois caractères définitoires:

  1. elle s'ouvrage, elle se fabrique,
  2. elle est spéculative, elle spécule,
  3. elle intellectualise.

La philosophie consiste avant tout en une oeuvre, en une création. Ses caractéristiques « ne diffèrent pas fondamentalement de toute espèce d'oeuvre » 202:

  • originalité,
  • inventivité,
  • imagination,
  • art de la composition,
  • puissance expressive.

La philosophie tire sa spécificité de « la nature de l'objet qu'elle se propose de suggérer. » 203 Cet objet consiste en l'ensemble

  • de tous les objets existants,
  • de la réalité en général, « conçue dans la totalité de ses dimensions spatio-temporelles. »

Une théorie, selon son étymon grec, est le résultat d'un regard porté sur les choses, « y compris [les choses] qui se situent hors de portée de sa perception, regard à la fois créatif & interprétatif [...] qui prétend rendre compte d'un ... ensemble de'objets donnés. Ce compte rendu s'entend dans tous les sens du terme:

  • écho,
  • & témoignage d'une part (au sens où l'on établit un rapport sur tel ou tel sujet),
  • évaluation d'autre part (au sens où l'on établit la somme de ce qu'on a reçu en partage afin d'être en état, le cas échéant, de rendre
    • à chacun·e,
    • & à chaque chose
  • la juste monnaie de sa pièce. »

« L'ambition de ce compte rendu définit à la fois la démesure & la spécificité de l'activité philosophique.  » Cette activité philosophique consiste

  • « à être plus générale
  • & non [à être]
    • plus théorique
    • ou plus abstraite.
  • à être une théorie de la réalité en général. » 203

Le regard philosophique, parce qu'il mesure, est ainsi interprétatif. « Les images que [le regard philosophique] propose sont ... des recompositions. » 202

Ce regard philosophique mesure, interprète & recompose les images qu'il propose.

« La philosophie trébuche habituellement sur le réel non en raison de son inépuisable richesse mais plutôt [en raison] de sa pauvreté en raisons d'être qui fait de la réalité une matière à la fois trop ample & trop mince; trop ample pour être parcourue, trop mince pour être comprise. » 205 Un motif fondamental de la philosophie occidentale est, parce que le réel est insuffisant, de recourir « à un principe extérieur à la réalité elle-même (Idée, Esprit, Âme du monde, etc.) appelé

  • à fonder,
  • à expliquer,
  • voire à jusitifier

la pensée d'une insuffisance du réel. En souvenir de Leibniz [qui a établi] le principe de raison suffisante, C. Rosset appellera l'idée d'une suffisance du réel, l'idée que le réel suffit, le principe de réalité suffisante. Cela « apparait comme une inconvenance majeure aux yeux de [presque] tous les philosophes sauf Lucrèce, Spinoza, Nietzsche & même, dans une certaine mesure, Leibniz lui-même. » 205 C. Rosset nous propose de « philosopher à propos & à partir du seul réel. » 206 Le fait que cela ne convienne à presque aucun philosophe, C. Rosset l'illustre en citant un passage de Hegel dans lequel celui-ci déprécie la réalité immédiate.

C. Rosset insiste: « Le principe de réalité insuffisante constitue le CRÉDO commun à toute dénégation philosophique du réel. Spinoza résume très bien cette habituelle propension de la philosophie à l'inversion des vérité & des valeurs:

La superstition semble admettre que le bien, c'est ce qui apporte la tristesse; le mal ce qui donne de la joie. » Éth. IV, app. Ch. XXXI 206.


Une digression spinozienne

B. Pautrat rend ce passage ainsi:

« Or la superstition semble tenir pour bon ce qui apporte la tristesse, & au contraire [ la superstition semble tenir] pour mauvais ce qui apporte la joie. »

P.-F. Moreau, lui, le traduit encore légèrement différemment:

« La supersitition, en revanche, semble poser qu'est bon ce qui apporte de la tristesse & inversément qu'est mauvais ce qui apporte de la joie. »

Le chapitre 31 concernant la bonne manière de vivre selon l'Éthique spionozienne continue ainsi dans la traduction Moreau: « Mais comme nous l'avons déjà dit (voir le scolie de la proposition 45), seul un envieux se réjouit de mon impuissance & de ma peine. Car

  • plus grande est la joie dont nous sommes affectés,
  • plus grande est la perfection à laquelle nous passons,
    • & par conséquent plus nous participons de la nature divine [naturelle/naturée];
    • et une joie ne peut jamais être mauvaise, que règle le vrai principe de notre utilité.
    • Au contraire, celui qui est conduit par la crainte et fait le bien pour éviter le mal, celui-là n'est pas conduit par la raison. » p. 447

Je trouve piquante cette convergence de contingences textuelles qui pousse Moreau, bien après Rosset, à rendre par principe vrai de notre utilité le syntagme latin "ratio vera utilitatis"◊

Enfin, la dernière traduction en date est celle de l'équipe assemblée par Maxime Rovere au service de l'Éthique spinozienne. Voici la traduction du même passage:

« Mais la superstition semble soutenir qu'est bon, au contraire, ce qui apporte la tristesse, et à l'inverse, mauvais ce qui apporte la joie. » 763, 765


Revenons à C. Rosset, après cette digression personnelle de nature spinozienne: « Par cruauté du réel, [qui donne son titre au chapitre 5],

  • j'entends d'abord, il va sans dire, la nature intrinsèquement douloureuse & tragique de la réalité. ...» en raison du caractère incompréhensible de la réalité, même si cela est secondaire;
  • j'entends aussi par cruauté du réel le caractère unique, & par conséquent irrémédiable & sans appel, de cette réalité - caractère qui interdit à la fois de tenir celle-ci à distance et d'en atténuer la rigueur par la prise en considération de quelque instance que soit qui serait extérieure à elle. » 208

« Ainsi la réalité est-elle cruelle – & indigeste – dès lors qu'on la dépouille de tout ce qui n'est pas elle pour ne la considérer qu'en elle-même... » 209

« La réalité, à tenir celle-ci pour seule & suffisante, ...

  • outrepasse déjà la faculté humaine de comprendre,
  • outrepasse aussi – & ceci est plus dommageable que cela – la faculté humaine d'être affecté. » 211

Une réorchestration
Lorsque nous lisons LA RÉALITÉ EST CRUELLE, c'est entre autres par ces caractères bien isolés pour nous par C. Rosset:

La réalité est  Quelques reformulations
 unique  Son univocité la rend incontournable.
 tragique  càd dramatique, conflictuelle, douloureuse (A. Comte-Sponville a longuement exposé sa conception du tragique dans un gros volume.)
 sans appel  elle n'offre pas de seconde chance, de session de rattrapage
 rigoureuse  Sa sévérité inflexible, son austérité même, sa dureté (Merci au TLFi !)
 irrémédiable  La réalité est sans remède possible face à sa cruauté intrinsèque
 incompréhensible  Le fait même qu'elle ne puisse être comprise tient éloigné tout remède un tant soit peu rationnel...
 douloureuse  la douleur qui en résulte est immense
 & donc cruelle  De tout celà résulte une cruauté innommable.


La réalité nous colle à la peau. Elle est à la fois tragique, sans appel, rigoureuse, irrémédiable - elle est sans remède possible face à sa cruauté intrinsèque -; elle est incompréhensible; il en résulte une douleur qui débouche sur une sensation réelle intimement vécue de cruauté.

La réalité ne peut être tenue à distance car sa cruauté par l'un ou l'autre de ses caractères (définitoires) nous rattrape toujours de pleine volée. La réalité a toujours du caractère: ce n'est jamais une chiffe molle ! Elle nous rattrape toujours au tournant.

La seule façon de procéder est de l'accepter telle qu'elle est & non telle que nous voudrions qu'elle soit, telle que nous l'espérons.

Cela consiste à prendre la réalité pour désir, & non prendre ses désirs pour la réalité (genre "ça ira mieux demain...").

Prendre la réalité pour désir, c'est en accepter tous les caractères définitoires & s'en trouver bien ainsi, ou en tout cas tout faire pour en reconnaitre honnêtement la présence & agir éventuellement en conséquence: face à une douleur persistante, consulter le corps médical par exemple. Le corps a toujours les deux pieds sur terre, lui !


 

...(211-220) La vingtaine de pages consacrée au principe de réalité suffisante se clôt par une phrase à valeur aphoristique presque:

« La médecine ne peut & ne pourra jamais guérir que les bien-portants. » 220 Bien sûr, l'extraire de son contexte ne fait pas sens pour l'instant.


2.—  Le principe d'incertitude 221

L'ontologie est le savoir de ce qui est◊  La quête du réel mise sur le métier par Clément Rosset équivaut à « l'enquête sur l'être qui occupe les philosophes depuis les aurores de la philosophie◊ »

C. Rosset affirme l'identité qui existe entre l'être et la réalité commune, sensible, palpable◊ Il me semble que l'être est proche, en tant que vocable,

  • de ce que J. F. Billeter peaufine sous le vocable de sujet
  • & de ce que j'en suis venu à nommer le soi sur Nulle Part, dans une écriture à la fois poétique & de plus en plus philosophique, par bribes◊

 C. Rosset affirme que l'être & le réel sont identiques◊

Ce second principe tient à l'incertitude de toute solution que la philosophie apporte à ses propres problèmes◊ « Les solutions que [la philosophie] apporte à ses propres problèmes sont nécessairement & par définition douteuses – à tel point qu'une vérité qui serait certaine cesserait par là même d'être une vérité philosophique »◊ « Un philosophe qui serait persuadé de la vérité de ce qu'il propose cesserait du même coup d'être un philosophe (encore qu'il puisse lui arriver, en revanche, d'être très raisonnablement persuadé de la fausseté des thèses qu'il critique◊ »

« Ce principe d'incertitude

  • selon qu'il est respecté
  • ou non

peut servir d'ailleurs de critère pour départager

  • véritables
  • & faux philosophes:

[en effet]

  • un grand penseur est toujours des plus réservé quant à la valeur des vérités qu'il suggère;
  • alors qu'un philosophe médiocre se reconnait, entre autre choses, à ceci qu'il demeure toujours persuadé de la vérité des inepties qu'il énonce. »

Le vocabulaire employé pour énoncer puis illustrer ce principe d'incertitude est remarquable:

Une grande penseuse Une philosophe médiocre
 suggère des vérités,  énonce des inepties,
 demeure réservée sur la valeur des vérités qu'elle suggère.  est persuadée de la vérité des inepties qu'elle énonce

 


Appendices 234

L'inobservance du réel

L'attrait du vide 245 - 250


  1. FANTASMAGORIES
    1. LES REPRODUCTIONS DU RÉEL
      • la photographie
      • la reproduction sonore & la peinture
    2. ÉCLAIRCISSEMENTS SUR LE RÉEL 462
      • Sur le réel
      • Sur le double 466

Sur le réel

Cette adjonction terminale à L'école du réel est de nature terminologique; elle précise les caractères définitoires des deux concepts fondateurs dans l'oeuvre de Clément Rosset: le réel & son double. Neuf pages d'une limpidité sans pareille.

Le réel « déborde toujours les descriptions intellectuelles qu'on peut en donner. Il peut les déborder en bien ... mais aussi en mal.» 466 Le réel peut aussi bien être porteur de joie mais aussi de tristesse. « C'est pourquoi », ainsi Clément Rosset conclut-il ce paragraphe, après avoir puisé deux exemples dans l'histoire littéraire pour illustrer son propos, « j'ai suggéré à plusieurs reprises que le réel était la seule chose du monde à laquelle on ne s'habituait jamais. » 466

On ne s'habitue jamais au réel, qu'il suscite émerveillement ou ennui, voire même pire.

L'accepter tel qu'il est, quoi qu'il suscitât en nous, sur deux gammes d'affects aux infinies nuances intermédiaires,

  • de la joie à la tristesse,
  • de l'émerveillement à l'ennui,

est encore la manière la plus directe d'en comprendre les mécanismes sans en rire, ni les déplorer ou les détester. Vous aurez peut-être reconnu Spinoza (Traité politique, I, 4) dont j'étends ici la portée au réel tel qu'il est présenté de façon définitive, me semble-t-il, par C. Rosset dans le but d'éviter l'évocation de la paire BIEN/MAL propre à C. Rosset. Elle m'apparait, quelque peu inutilement, alourdir son propos fondateur.


Sur le double

La typologie du double que le philosophe établit gravite autour de la duplication & de l'envoilement.

Le premier type de double est le double de duplication. Il a pour fonction de copier l'original sans remettre en cause l'intégrité de cet original qu'il ne détruit pas, & à côté duquel il mène une existence propre.

Le second type de double, C. Rosset le nomme double fantasmatique. « Il implique l'élimination de l'original qu'il tue, ou qu'il esssaie de tuer en prétendant se substituer à lui. Le verbe tuer est sans doute un terme excessif: il serait plus vrai de dire que le double fantasmatique se contente généralement de jeter un voile sur le réel. » 470 Cela constitue un stratagème.

« Il arrive parfois que le stratagème tienne un certain temps. Mais il n'est souvent que d'un effet bref n'accordant alors qu'un court répit aux imminentes retrouvailles avec la réalité. » 470 Cette phrase est la dernière de l'ouvrage. Une apothéose de réel.

 
  • Il nous faut la vie fauve par Caroline Boidé, éditions Équateurs
  • Tuyau

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